FORCÉS D’ATTENDRE DURANT DES HEURES
Le maire de Pointe-à-la-Croix en Gaspésie déplore des temps d’attente trop élevés pour le débarquement des patients gaspésiens à l’Hôpital régional de Campbellton, hôpital qui constitue le premier arrêt d’urgence pour la population de l’ouest de la MRC d’Avignon.
Selon Pascal Bujold, certains débarquements peuvent prendre régulièrement jusqu’à plusieurs heures, ce qui n’est pas sans causer d’inconvénients.
D’abord pour les patients qui subissent une attente interminable dans les ambulances. Il cite notamment le cas d’un citoyen de 90 ans de sa MRC qui est arrivé en ambulance à 9h et qui n’a été admis qu’à 17h30.
«Il a donc littéralement passé la journée dans le véhicule, c’est inacceptable de faire vivre cela à quelqu’un», estime-t-il.
Ce qui l’inquiète par-dessus tout, c’est que ces engorgements répétitifs pourraient provoquer des coupures au niveau de la couverture ambulancières sur son territoire. La semaine dernière, il a lui-même été témoin d’une situation où les deux ambulances en service de sa MRC – celle de Pointe-à-la-Croix et de Matapédia-lesPlateaux – étaient stationnées en face de l’Hôpital régional de Campbellton, en attente de débarquer leur patient respectif.
«Si nos ambulances attendent dans la cour de l’hôpital, elles ne sont pas à leur poste sur notre territoire, donc on se retrouve dans une situation précaire où, advenant un appel d’urgence, on pourrait ne pas être en mesure d’intervenir ou de le faire aussi rapidement qu’en temps normal», exprime le maire.
Questionné à ce sujet, le Réseau de santé Vitalité confirme qu’il existe bel et bien une problématique avec le temps de débarquement des patients qui arrivent aux urgences par ambulances. Par contre, on s’empresse d’ajouter que le problème est toutefois d’envergure provinciale et non unique au seul hôpital restigouchois.
«On a sensiblement le même problème partout dans nos hôpitaux. Et cette situation date d’avant la pandémie», souligne le porte-parole du réseau, Thomas Lizotte.
Selon ce dernier, les causes de ces délais reposent sur plusieurs facteurs, notamment le manque de ressources humaines et le taux d’occupation aux urgences qui est demeuré très élevé au cours des derniers mois.
Bien qu’elle ne soit pas directement responsable, la COVID-19 constitue un facteur non négligeable, notamment en compliquant les choses pour les patients du Québec. Ceux-ci étant hors de la bulle Atlantique, une politique préventive de la Santé publique exige qu’ils soient tous traités comme porteur suspecté du virus. Du coup, les ambulanciers ne peuvent pénétrer dans l’enceinte de l’établissement, le personnel hospitalier doit s’habiller avec de l’équipement de protection, et les patients doivent être installés dans un lieu isolé. Ces mesures requièrent donc plus de temps et plus d’espace à l’urgence, deux denrées rares.
«En gros, nos urgences n’ont pas été aménagées afin d’accueillir une pandémie. Puisqu’il faut respecter la distanciation physique, on ne peut rentrer tout le monde», exprime le porte-parole.
Celui-ci soutient par contre que des modifications sont en cours à l’urgence de l’Hôpital régional de Campbellton, soit un réaménagement de certains espaces physiques dans l’espoir de diminuer les délais d’attente des débarquements ambulanciers. Des chaises dotées de plexiglas seront notamment installées et des salles seront aménagées pour les patients en provenance de l’extérieur de la bulle Atlantique.
«On croit que ces changements devraient réduire les temps d’attentes de façon significative», estime M. Lizotte, soulignant au passage que le Réseau de santé Vitalité est en constante discussion sur le sujet avec son équivalent gaspésien (le CISSS) ainsi que les équipes paramédicales de ce secteur.
Le maire de Pointe-à-la-Croix espère pour sa part que les mesures prises auront un effet immédiat.
«Je peux croire que c’est partout pareil dans le Réseau de santé Vitalité, que la situation des délais de débarquements est la même pour les ambulances du Nouveau-Brunswick, mais ça ne rend pas la chose plus acceptable pour autant. On doit adresser cette problématique rapidement», souligne Pascal Bujold. ■