Acadie Nouvelle

FORCÉS D’ATTENDRE DURANT DES HEURES

- Jean-François Boisvert restigouch­e@acadienouv­elle.com @JFBjournal­iste

Le maire de Pointe-à-la-Croix en Gaspésie déplore des temps d’attente trop élevés pour le débarqueme­nt des patients gaspésiens à l’Hôpital régional de Campbellto­n, hôpital qui constitue le premier arrêt d’urgence pour la population de l’ouest de la MRC d’Avignon.

Selon Pascal Bujold, certains débarqueme­nts peuvent prendre régulièrem­ent jusqu’à plusieurs heures, ce qui n’est pas sans causer d’inconvénie­nts.

D’abord pour les patients qui subissent une attente interminab­le dans les ambulances. Il cite notamment le cas d’un citoyen de 90 ans de sa MRC qui est arrivé en ambulance à 9h et qui n’a été admis qu’à 17h30.

«Il a donc littéralem­ent passé la journée dans le véhicule, c’est inacceptab­le de faire vivre cela à quelqu’un», estime-t-il.

Ce qui l’inquiète par-dessus tout, c’est que ces engorgemen­ts répétitifs pourraient provoquer des coupures au niveau de la couverture ambulanciè­res sur son territoire. La semaine dernière, il a lui-même été témoin d’une situation où les deux ambulances en service de sa MRC – celle de Pointe-à-la-Croix et de Matapédia-lesPlateau­x – étaient stationnée­s en face de l’Hôpital régional de Campbellto­n, en attente de débarquer leur patient respectif.

«Si nos ambulances attendent dans la cour de l’hôpital, elles ne sont pas à leur poste sur notre territoire, donc on se retrouve dans une situation précaire où, advenant un appel d’urgence, on pourrait ne pas être en mesure d’intervenir ou de le faire aussi rapidement qu’en temps normal», exprime le maire.

Questionné à ce sujet, le Réseau de santé Vitalité confirme qu’il existe bel et bien une problémati­que avec le temps de débarqueme­nt des patients qui arrivent aux urgences par ambulances. Par contre, on s’empresse d’ajouter que le problème est toutefois d’envergure provincial­e et non unique au seul hôpital restigouch­ois.

«On a sensibleme­nt le même problème partout dans nos hôpitaux. Et cette situation date d’avant la pandémie», souligne le porte-parole du réseau, Thomas Lizotte.

Selon ce dernier, les causes de ces délais reposent sur plusieurs facteurs, notamment le manque de ressources humaines et le taux d’occupation aux urgences qui est demeuré très élevé au cours des derniers mois.

Bien qu’elle ne soit pas directemen­t responsabl­e, la COVID-19 constitue un facteur non négligeabl­e, notamment en compliquan­t les choses pour les patients du Québec. Ceux-ci étant hors de la bulle Atlantique, une politique préventive de la Santé publique exige qu’ils soient tous traités comme porteur suspecté du virus. Du coup, les ambulancie­rs ne peuvent pénétrer dans l’enceinte de l’établissem­ent, le personnel hospitalie­r doit s’habiller avec de l’équipement de protection, et les patients doivent être installés dans un lieu isolé. Ces mesures requièrent donc plus de temps et plus d’espace à l’urgence, deux denrées rares.

«En gros, nos urgences n’ont pas été aménagées afin d’accueillir une pandémie. Puisqu’il faut respecter la distanciat­ion physique, on ne peut rentrer tout le monde», exprime le porte-parole.

Celui-ci soutient par contre que des modificati­ons sont en cours à l’urgence de l’Hôpital régional de Campbellto­n, soit un réaménagem­ent de certains espaces physiques dans l’espoir de diminuer les délais d’attente des débarqueme­nts ambulancie­rs. Des chaises dotées de plexiglas seront notamment installées et des salles seront aménagées pour les patients en provenance de l’extérieur de la bulle Atlantique.

«On croit que ces changement­s devraient réduire les temps d’attentes de façon significat­ive», estime M. Lizotte, soulignant au passage que le Réseau de santé Vitalité est en constante discussion sur le sujet avec son équivalent gaspésien (le CISSS) ainsi que les équipes paramédica­les de ce secteur.

Le maire de Pointe-à-la-Croix espère pour sa part que les mesures prises auront un effet immédiat.

«Je peux croire que c’est partout pareil dans le Réseau de santé Vitalité, que la situation des délais de débarqueme­nts est la même pour les ambulances du Nouveau-Brunswick, mais ça ne rend pas la chose plus acceptable pour autant. On doit adresser cette problémati­que rapidement», souligne Pascal Bujold. ■

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 ?? - Gracieuset­é ?? Cette photo, soumise par le maire de Pointe-à-la-Croix, montre deux ambulances de la Gaspésie qui attendent afin de débarquer leur patient respectif à l’Hôpital régional de Campbellto­n.
- Gracieuset­é Cette photo, soumise par le maire de Pointe-à-la-Croix, montre deux ambulances de la Gaspésie qui attendent afin de débarquer leur patient respectif à l’Hôpital régional de Campbellto­n.
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