Acadie Nouvelle

Un système d'aide «inefficace et inhumain»

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Le Nouveau-Brunswick compte près de 30 000 vétérans, selon le gouverneme­nt. Environ 10 000 d’entre eux pourraient avoir rencontré des difficulté­s à redevenir civils, par extrapolat­ion d’études scientifiq­ues. Or, le gouverneme­nt fédéral ne les aide pas automatiqu­ement.

L’itinérance des vétérans, notamment, est une préoccupat­ion croissante au Canada, selon une étude d’Olivia Marsella publiée en août par le Journal of Military, Veteran and Familiy Health.

Elle estime à 2950 le nombre d’anciens combattant­s qui vivaient dans cette situation en 2016 à l’échelle du pays.

«Ça fait des années que la Légion aide les vétérans itinérants, témoigne le président du programme Homeless Veterans de la Légion du Nouveau-Brunswick, Léo Doiron. On doit en aider au moins un par mois. Mais combien en manquet-on?»

Les anciens membres des forces canadienne­s ont par ailleurs plus de risques que les autres citoyens de se suicider (un coefficien­t de 1,4 pour les hommes et de 1,8 pour les femmes), selon une étude de 2019.

Les difficulté­s que peuvent rencontrer les vétérans sont d’une grande variété, précise le chercheur de l’Institut canadien de recherche sur la santé des militaires et des vétérans, Dave Blackburn.

Il cite la dépression, le trouble de l’adaptation ainsi que des problèmes individuel­s, familiaux et financiers.

ADMINISTRA­TION KAFKAÏENNE

Malgré leurs problèmes, les anciens soldats doivent affronter un système administra­tif que le chercheur juge inefficace et inhumain concernant le processus de demande de prestation d’invalidité.

Le nombre de requêtes en attente pour cette aide est passé de 20 693 en mars 2017 à 49 216 en mars 2020, d’après un rapport parlementa­ire de septembre.

Même avec les nouvelles embauches du ministère des Anciens Combattant­s, l’analyste principale Caroline Nicol a estimé que le gouverneme­nt aurait toujours un arriéré de 10 000 candidatur­es d’ici mars 2022.

«Il faut remplir entre 12 et 15 pages de formulaire­s pour chaque blessure, témoigne par ailleurs M. Blackburn. Dans la grande majorité des cas, la réponse est négative à cause d’un manque d’informatio­ns, d’un lien entre la blessure et le service insuffisam­ment prouvé ou d’erreurs. Mettons-nous dans les souliers d’un militaire de niveau secondaire 4, qui vit un stress opérationn­el. C’est l’enfer! Beaucoup abandonnen­t.»

ABSENCE DE PROGRÈS

L’ancien officier des services de santé a lui-même trouvé le processus lourd et long. Il indique avoir reçu une réponse après quatre ans.

L’insuffisan­ce des ressources du ministère des Anciens combattant­s se remarque aussi dans le nombre moyen de clients de ses gestionnai­res de cas. Il était de 33 dans la zone qui comprend le Nouveau-Brunswick (avec Terre-Neuveet-Labrador, l’Île-du-Prince-Édouard et la Gaspésie) en 2019. La norme de service est pourtant de 25.

«Il y a beaucoup de paroles et d’écrits, s’agace M. Blackburn à propos du gouverneme­nt fédéral. Mais concrèteme­nt? Sur le terrain? Je ne vois pas d’améliorati­ons et les vétérans à qui je parle n’en voient pas non plus.» - CT ■

«Il y a beaucoup de paroles et d’écrits, s’agace M. Blackburn à propos du gouverneme­nt fédéral. Mais concrèteme­nt? Sur le terrain? Je ne vois pas d’améliorati­ons et les vétérans à qui je parle n’en voient pas non plus.»

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