Acadie Nouvelle

SANTÉ MENTALE: UNE TEMPÊTE PARFAITE SE PRÉPARE

La pandémie, l’isolement et le manque de ressources risquent d’entraîner une tempête parfaite pour les personnes souffrant de maladies mentales. C’est ce que craint le militant Paul Ouellet.

- Pascal Raiche-Nogue pascal.raiche-nogue@acadienouv­elle.com

Depuis de nombreuses années, ce fonctionna­ire à la retraite de Moncton accompagne et épaule sa soeur Lorette, atteinte de schizophré­nie. Il intervient aussi périodique­ment dans les médias pour dénoncer les lacunes et les problèmes.

En entrevue téléphoniq­ue avec l’Acadie Nouvelle, il rapporte que l’état de santé de sa soeur s’est considérab­lement détérioré au cours des derniers mois. Cela s’explique en bonne partie le fait qu’elle reçoit moins d’aide à la prise de médicament­s à domicile, dit-il.

«Avant ça, on avait peut-être 50% des services (nécessaire­s afin que sa soeur reçoive un appui adéquat). Depuis le début de la pandémie, ça s’est aggravé. On a peut-être un 25% des services.»

Il allègue que cela a été le facteur déterminan­t dans plusieurs hospitalis­ations de sa soeur au cours des derniers mois. Elle est d’ailleurs hospitalis­ée depuis la miseptembr­e.

Mais ce n’est pas tout. Paul Ouellet raconte qu’elle doit consulter son psychiatre au téléphone en raison de la pandémie. Cette méthode n’est tout simplement pas aussi efficace que les rencontres face à face, dit-il.

«Il faut être capable de voir le blanc des yeux de la personne et voir son comporteme­nt physique. Ça parle beaucoup. On ne peut pas l’évaluer au téléphone en demandant “comment vas-tu, qu’est-ce que tu a fait aujourd’hui, qu’est-ce que tu vas faire demain?”»

Il note en passant que sa soeur a accès à un téléphone, ce qui n’est pas le cas de toutes les personnes qui bénéficien­t de l’aide gouverneme­ntale au revenu.

Et puis il y a l’isolement causé par la pandémie et les règles visant à freiner la propagatio­n de la COVID-19. Selon Paul Ouellet, cela affecte davantage les personnes souffrant de maladies mentales que le reste de la population.

«Ils ont beaucoup plus besoin de contacts humains que nous autres qui sommes sensés être “normaux”. Nous autres, si on ne parle pas à quelqu’un en une journée, on ne va pas être à bas. Mais eux, ça va beaucoup les déprimer, ça va les isoler.»

Paul Ouellet craint que tous ces facteurs aient un impact majeur sur la santé mentale des personnes les plus vulnérable­s au Nouveau-Brunswick et ailleurs au pays.

«Ça ajoute à l’anxiété et à la dépression. Un moment donné, on est en train de se préparer une bombe à retardemen­t qui pourrait éclater après la pandémie. On a tous les éléments pour une tempête parfaite après la pandémie. C’est très préoccupan­t.»

Il souhaite donc que les gouverneme­nts délient les cordons de leur bourse et qu’ils prennent davantage la question au sérieux. ■

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- Archives En plus d’accompagne­r sa soeur Lorette, Paul Ouellet intervient périodique­ment dans les médias afin de dénoncer les lacunes et les problèmes.

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