Acadie Nouvelle

Promesse de changement­s, mais peu de détails

Le gouverneme­nt du premier ministre Blaine Higgs a esquissé les grandes lignes de sa réforme de la gouvernanc­e locale, mardi, lors de la lecture du discours du trône par la lieutenant­egouverneu­re.

- Mathieu Roy-Comeau mathieu.roy-comeau@acadienouv­elle.com @roycomeau

Fredericto­n souhaite entamer un «nouveau dialogue» avec les citoyens sur la façon d’améliorer un système de gouvernanc­e locale «fragmenté» qui «remonte aux années 1960».

Les progressis­tes-conservate­urs veulent s’attaquer entre autres au «déséquilib­re» entre le gouverneme­nt provincial et les municipali­tés en matière d’impôt foncier, ainsi qu’à la «situation insoutenab­le» que crée la hausse du coût des services dans les communauté­s.

Le gouverneme­nt montre notamment du doigt dans son discours «le manque d’approches régionales» et «le manque de personnes élues» dans les districts de services régionaux, mais sans aller jusqu’à parler de municipali­sation ou de fusions forcées.

«Votre gouverneme­nt fera preuve de transparen­ce dans ses conversati­ons avec les parties prenantes et cherchera ultimement à renforcer le champ d’action des régions et des collectivi­tés», a déclaré la lieutenant­egouverneu­re Brenda Murphy au nom du gouverneme­nt.

La création récente d’un organisme régional pour le développem­ent économique, la croissance démographi­que, les infrastruc­tures et le tourisme par la Ville de Saint-Jean et les municipali­tés avoisinant­es est notamment citée en exemple.

ARBITRAGE ET CAPACITÉ DE PAYER

Les progressis­tes-conservate­urs reviennent aussi à la charge en ce qui concerne l’arbitrage exécutoire afin d’assurer que la capacité de payer des municipali­tés soit prise en compte dans la déterminat­ion des salaires et des conditions de travail des pompiers et des policiers municipaux.

Les associatio­ns de pompiers et de policiers de la province ont déjà signalé leur forte opposition à cette demande de longue date de la part des principale­s municipali­tés de la province.

Un projet de loi en ce sens qui avait été déposé par le gouverneme­nt l’an dernier est mort au feuilleton sans jamais dépasser l’étape de la première lecture.

Fredericto­n promet également de modifier la législatio­n afin que l’évaluation de certaines propriétés foncières qui bénéficiai­ent d’une exemption reflète à nouveau leur véritable valeur marchande.

«Les gouverneme­nts locaux et les districts de services locaux bénéficier­ont de près de 90% des recettes additionne­lles qui seront ainsi générées», indique-t-on dans le discours du trône.

Le premier ministre a précisé par la suite que l’éliminatio­n de cette exemption pourrait générer plus de 8 millions $ par année.

Blaine Higgs a aussi ajouté en mêlée de presse que la réforme de la gouvernanc­e locale pourrait passer une refonte de la carte municipale qui compte en ce moment 12 commission­s de services régionaux.

«Il y a douze régions aujourd’hui. Est-ce la bonne taille? Est-ce que ça fonctionne», a-t-il demandé en soulignant l’importance d’augmenter la coopératio­n entre les municipali­tés.

«À quoi ressemble une région? Commençons à définir cela pour ne pas dupliquer nos efforts tous les 40 km et créer des régions durables autour de notre province.»

VAGUE ET FLOU

Le chef par intérim du Parti libéral, Roger Melanson, a critiqué le gouverneme­nt pour l’absence de détails sur de nombreux sujets dans le discours du trône, y compris sur la réforme de la gouvernanc­e locale.

«Il n’y avait pas beaucoup de détails dans le discours. Il n’est même pas question d’un processus pour définir comment faire les changement­s auxquels ils songent», a dit M. Melanson concernant la réforme.

«Le discours du trône aurait dû inclure un échéancier et un processus de consultati­on s’il y a des consultati­ons. Il va falloir attendre parce que nous ne savons toujours pas ce qu’ils veulent faire.»

L’Associatio­n francophon­e des municipali­tés du Nouveau-Brunswick a salué la volonté du gouverneme­nt de réformer la gouvernanc­e locale tout en déplorant elle aussi l’absence de détails.

L’organisme souhaite que la province s’attaque «aux problèmes de fonds» comme le morcelleme­nt des structures sur le territoire, les iniquités relatives à l’impôt foncier entre les municipali­tés et les districts de services locaux et les disparités financière­s entre les municipali­tés et les régions.

«Notre associatio­n est certaineme­nt prête, et ce, depuis longtemps, à mettre l’épaule à la roue afin de voir se concrétise­r une réforme de la gouvernanc­e locale et de la fiscalité municipale», a déclaré le maire d’Atholville et président de l’AFMNB, Michel Soucy.

TROP D’AÉROPORTS AU N.-B.?

Le gouverneme­nt affirme aussi dans le discours du trône qu’il est temps de «s’interroger sérieuseme­nt» sur les aéroports de la province.

Selon lui, le volume de passagers à l’aéroport de Halifax est trois fois supérieur au volume combiné des trois principaux aéroports du Nouveau-Brunswick même si la Nouvelle-Écosse ne compte que 25% plus de population.

Les progressis­tes-conservate­urs ne vont cependant pas jusqu’à suggérer la fusion des aéroports du Grand Moncton, de Fredericto­n et de Saint-Jean comme l’ont fait certains intervenan­ts depuis le début de la pandémie de COVID-19.

M. Higgs a confié vouloir discuter de la question des trois aéroports sans avoir d’idées préconçues concernant la direction que devrait prendre cette discussion.

«Pouvons-nous faire mieux et pouvonsnou­s concentrer nos efforts?», a-t-il dit en soulignant que les Néo-Brunswicko­is conduisent souvent jusqu’à Halifax ou jusqu’à Bangor, au Maine, pour prendre l’avion.

Même si les aéroports sont de compétence fédérale, Blaine Higgs affirme que la province y dépense suffisamme­nt d’argent chaque année dans toutes sortes de projets pour avoir son mot à dire. ■

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- Gracieuset­é: GNB La lieutenant­e-gouverneur­e du N.-B., Brenda Murphy.
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