Promesse de changements, mais peu de détails
Le gouvernement du premier ministre Blaine Higgs a esquissé les grandes lignes de sa réforme de la gouvernance locale, mardi, lors de la lecture du discours du trône par la lieutenantegouverneure.
Fredericton souhaite entamer un «nouveau dialogue» avec les citoyens sur la façon d’améliorer un système de gouvernance locale «fragmenté» qui «remonte aux années 1960».
Les progressistes-conservateurs veulent s’attaquer entre autres au «déséquilibre» entre le gouvernement provincial et les municipalités en matière d’impôt foncier, ainsi qu’à la «situation insoutenable» que crée la hausse du coût des services dans les communautés.
Le gouvernement montre notamment du doigt dans son discours «le manque d’approches régionales» et «le manque de personnes élues» dans les districts de services régionaux, mais sans aller jusqu’à parler de municipalisation ou de fusions forcées.
«Votre gouvernement fera preuve de transparence dans ses conversations avec les parties prenantes et cherchera ultimement à renforcer le champ d’action des régions et des collectivités», a déclaré la lieutenantegouverneure Brenda Murphy au nom du gouvernement.
La création récente d’un organisme régional pour le développement économique, la croissance démographique, les infrastructures et le tourisme par la Ville de Saint-Jean et les municipalités avoisinantes est notamment citée en exemple.
ARBITRAGE ET CAPACITÉ DE PAYER
Les progressistes-conservateurs reviennent aussi à la charge en ce qui concerne l’arbitrage exécutoire afin d’assurer que la capacité de payer des municipalités soit prise en compte dans la détermination des salaires et des conditions de travail des pompiers et des policiers municipaux.
Les associations de pompiers et de policiers de la province ont déjà signalé leur forte opposition à cette demande de longue date de la part des principales municipalités de la province.
Un projet de loi en ce sens qui avait été déposé par le gouvernement l’an dernier est mort au feuilleton sans jamais dépasser l’étape de la première lecture.
Fredericton promet également de modifier la législation afin que l’évaluation de certaines propriétés foncières qui bénéficiaient d’une exemption reflète à nouveau leur véritable valeur marchande.
«Les gouvernements locaux et les districts de services locaux bénéficieront de près de 90% des recettes additionnelles qui seront ainsi générées», indique-t-on dans le discours du trône.
Le premier ministre a précisé par la suite que l’élimination de cette exemption pourrait générer plus de 8 millions $ par année.
Blaine Higgs a aussi ajouté en mêlée de presse que la réforme de la gouvernance locale pourrait passer une refonte de la carte municipale qui compte en ce moment 12 commissions de services régionaux.
«Il y a douze régions aujourd’hui. Est-ce la bonne taille? Est-ce que ça fonctionne», a-t-il demandé en soulignant l’importance d’augmenter la coopération entre les municipalités.
«À quoi ressemble une région? Commençons à définir cela pour ne pas dupliquer nos efforts tous les 40 km et créer des régions durables autour de notre province.»
VAGUE ET FLOU
Le chef par intérim du Parti libéral, Roger Melanson, a critiqué le gouvernement pour l’absence de détails sur de nombreux sujets dans le discours du trône, y compris sur la réforme de la gouvernance locale.
«Il n’y avait pas beaucoup de détails dans le discours. Il n’est même pas question d’un processus pour définir comment faire les changements auxquels ils songent», a dit M. Melanson concernant la réforme.
«Le discours du trône aurait dû inclure un échéancier et un processus de consultation s’il y a des consultations. Il va falloir attendre parce que nous ne savons toujours pas ce qu’ils veulent faire.»
L’Association francophone des municipalités du Nouveau-Brunswick a salué la volonté du gouvernement de réformer la gouvernance locale tout en déplorant elle aussi l’absence de détails.
L’organisme souhaite que la province s’attaque «aux problèmes de fonds» comme le morcellement des structures sur le territoire, les iniquités relatives à l’impôt foncier entre les municipalités et les districts de services locaux et les disparités financières entre les municipalités et les régions.
«Notre association est certainement prête, et ce, depuis longtemps, à mettre l’épaule à la roue afin de voir se concrétiser une réforme de la gouvernance locale et de la fiscalité municipale», a déclaré le maire d’Atholville et président de l’AFMNB, Michel Soucy.
TROP D’AÉROPORTS AU N.-B.?
Le gouvernement affirme aussi dans le discours du trône qu’il est temps de «s’interroger sérieusement» sur les aéroports de la province.
Selon lui, le volume de passagers à l’aéroport de Halifax est trois fois supérieur au volume combiné des trois principaux aéroports du Nouveau-Brunswick même si la Nouvelle-Écosse ne compte que 25% plus de population.
Les progressistes-conservateurs ne vont cependant pas jusqu’à suggérer la fusion des aéroports du Grand Moncton, de Fredericton et de Saint-Jean comme l’ont fait certains intervenants depuis le début de la pandémie de COVID-19.
M. Higgs a confié vouloir discuter de la question des trois aéroports sans avoir d’idées préconçues concernant la direction que devrait prendre cette discussion.
«Pouvons-nous faire mieux et pouvonsnous concentrer nos efforts?», a-t-il dit en soulignant que les Néo-Brunswickois conduisent souvent jusqu’à Halifax ou jusqu’à Bangor, au Maine, pour prendre l’avion.
Même si les aéroports sont de compétence fédérale, Blaine Higgs affirme que la province y dépense suffisamment d’argent chaque année dans toutes sortes de projets pour avoir son mot à dire. ■