Acadie Nouvelle

Ils découvrent des journaux acadiens de 1885 lors de travaux de rénovation

Tout bon entreprene­ur en constructi­on, qu’il soit un profession­nel ou encore qu’il le fasse par passe-temps, sait à quel point la démolition peut apporter son lot de surprises.

- Réal Fradette real.fradette@acadienouv­elle.com

La réparation d’un dégât d’eau dans un appartemen­t au deuxième étage d’une résidence située tout près de l’église SaintPierr­e-aux-Liens de Caraquet s’est transformé­e en découverte historique bien particuliè­re.

Entre deux rangées de vieilles planches, Sylvain Lanteigne et Mathieu LeBlanc, tous deux copropriét­aires de l’édifice, ont trouvé de vieux journaux, en lambeaux, dont certains datant de 1885.

«Quand j’ai aperçu ça et que j’ai vu la date, je me suis dit que j’avais mal lu. Puis, j’en ai trouvé d’autres», raconte Sylvain Lanteigne, en manipulant soigneusem­ent ce qui reste de ces éditions originales du Courrier des provinces maritimes.

Le plus vieux de ces bouts de papier jauni est celui du 27 août 1885. Il s’agirait en fait de la toute première édition de cet hebdomadai­re. Les plus beaux morceaux sont du 10 septembre de la même année. Il y en a aussi de 1890.

Il a même trouvé un journal de 1907 dans le grenier.

Sur la page frontispic­e du journal du 10 septembre 1885, le nom du curé J. Théophile Allard est inscrit au crayon de plomb.

Cette résidence est reconnue historique­ment pour avoir abrité les travailleu­rs appelés à ériger le Collège Sacré-Coeur de 1899 à 1905, précise l’historien Bernard Thériault.

«À cette époque, on se servait de journaux pour isoler les murs. C’est une découverte intéressan­te, car c’est une photo du début de l’Âge d’or de Caraquet, avec l’arrivée du train en 1886 et les premiers jets d’un développem­ent économique francophon­e et acadien avec le collège et un journal francophon­e», a-t-il relaté en observant les photos prises par le journal.

Selon ce que nous apprend le site Wikipédia, le Courrier des provinces maritimes a été fondé le 27 août 1885 par J. Théophile Allard, A. A. Boucher et Valentin Landry (lui-même fondateur de L’Évangéline). Il était publié à Bathurst.

Le futur premier ministre du NouveauBru­nswick, Peter Veniot, en est devenu l’éditeur et l’imprimeur en 1887, puis le propriétai­re en 1891.

En 1899, Peter Veniot a vendu le journal à Onésiphore Turgeon qui va continuer à le publier jusqu’en 1903, date de la fermeture pour raisons financière­s.

Les sujets de prédilecti­on du Courrier des provinces maritimes étaient la politique, la religion, l’éducation, l’agricultur­e et la pêche.

Il a véhiculé l’idéologie nationalis­te des élites acadiennes dans le comté de Gloucester en se faisant le champion des droits et des intérêts des Acadiens.

Le curé Allard a débuté sa carrière sacerdotal­e en 1868, comme vicaire du curé Joseph-Marie Paquet à Caraquet. Après un séjour de sept ans à Pokemouche-en-Haut, il obtient la paroisse de Caraquet en 1876.

Il quitte en 1879 avant de revenir à Caraquet en 1885, où il voudra laisser un héritage par l’entremise de la constructi­on du Collège Sacré-Coeur, dont les travaux débuteront en 1894. Il meurt à Caraquet le 30 janvier 1912.

Il est reconnu pour avoir été un prêtre qui a servi fidèlement l’Église et défendu les Acadiens du Nord-Est. À sa mort, il a demandé qu’on retire son coeur, qui a été exposé au collège avant de brûler dans l’incendie de 1915.

«Le curé Allard a été la personnali­té la plus importante de Caraquet à cette période et l’humilité n’était pas sa plus grande qualité», rigole Bernard Thériault, qui propose aux découvreur­s de ces artefacts vieux de 135 ans de les présenter au Musée acadien de Caraquet.

«Avec le dégât d’eau, il a bien fallu enlever le plancher de la salle de bains. C’est là qu’on a remarqué ces journaux entre deux rangées de vieilles planches. Pourquoi des journaux là? On pense que ça pouvait servir d’isolant», tente d’expliquer Sylvain Lanteigne.

Pour le moment, il garde ces pièces abîmées dans un coin, à l’abri. Il ne sait pas trop quoi en faire, mais il aimerait bien trouver une manière de les conserver.

«Je pense que ça peut avoir une valeur historique», soupèse-t-il. ■

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Sylvain Lanteigne montre des bouts de journaux datant d’aussi loin que de 1885 trouvés pendant les rénovation­s d’un appartemen­t d’une résidence de Caraquet. - Acadie Nouvelle: Réal Fradette
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