«Notre système ne protège pas suffisamment les enfants contre l’abus et la négligence»
Le défenseur des enfants et des jeunes du Nouveau-Brunswick, Norman Bossé, juge que les enfants victimes d’abus sont trop rarement retirés de leur milieu.
Dans son rapport annuel publié vendredi, il observe que la province enregistre un taux de placement sous un régime de protection parmi les plus bas du pays.
Le défenseur des enfants et des jeunes du Nouveau-Brunswick estime que le principe de l’intérêt supérieur de l’enfant n’est pas systématiquement appliqué de manière adéquate par les protocoles actuels, les décisions judiciaires et les travailleurs des services de protection de l’enfance.
«Notre système ne protège pas suffisamment les enfants contre l’abus et la négligence, est sous-financé, et met trop souvent l’intérêt des parents au-dessus de celui des enfants. C’est un triste constat», expose-t-il.
«Les travailleurs sociaux de première ligne nous ont indiqué que la priorité des services de protection de l’enfance était la réunification des familles. Ce n’est pas notre avis. La loi précise clairement que le principe directeur sur lequel se fondent toutes les décisions relatives à la protection de l’enfant doit être l’intérêt supérieur de celui-ci. Mais, d’après notre expérience, les décisions ministérielles sont souvent difficiles à concilier avec ce principe.»
Le Bureau du défenseur des enfants et de la jeunesse indique avoir recueilli les témoignages de 74 enfants qui disent avoir peur d’être réunis avec un parent en raison de la négligence qu’ils ont subie. «Certains enfants nous ont dit qu’ils envisageraient d’être réunis avec un parent, mais seulement pour qu’ils puissent s’occuper de leurs jeunes frères ou soeurs et par crainte de ce qui pourrait leur arriver s’ils n’étaient eux-mêmes pas là pour eux. À une autre occasion, un très jeune enfant a indiqué qu’il souhaitait retourner chez lui, dans un milieu où son beau-père le brutalisait, car il ne ‘’voulai[t] pas que [son] papa aille en prison’’ et ‘’il avait dit qu’il ne recommencerait plus’’. Des enfants nous ont suppliés de ne pas laisser leur travailleur social les renvoyer dans le domicile où ils étaient réprimés et battus. Ils ne croient pas que leur parent aura changé malgré les promesses faites au tribunal de ne plus les battre», peut-on lire dans le rapport.
«Dans tous les cas évoqués, malgré tous nos efforts et les protestations des proches ayant offert de les accueillir, et à l’encontre de nos recommandations, des enfants ont été réunis avec leurs agresseurs dans ce que le ministère a visiblement jugé être leur intérêt supérieur, le plus souvent sans contrôle judiciaire.» «Il est recommandé que la réforme de la protection de l’enfance au Nouveau-Brunswick mette l’intérêt de l’enfant au-dessus de toute autre considération, y compris la réunification familiale.»
Cela implique d’assurer à l’enfant un environnement stable, aimant et bienveillant qui répond à tous ses besoins.