Acadie Nouvelle

«Nous avons un cancer dans cette province: le racisme systémique»

La ministre des Affaires autochtone­s promet d’agir; l’opposition est sceptique

- Mathieu Roy-Comeau mathieu.roy-comeau@acadienouv­elle.com @roycomeau

Durant la période de questions à l’Assemblée législativ­e, vendredi, la ministre Arlene Dunn a comparé le racisme systémique à une tumeur à éliminer de la société néo-brunswicko­ise.

«Nous avons un cancer dans cette province, comme dans beaucoup d’autres provinces, et cela s’appelle le racisme systémique.»

Le racisme systémique est devenu un enjeu de premier plan au Nouveau-Brunswick ce printemps dans la foulée de la mort de Chantel Moore et de Rodney Levi, deux Autochtone­s tués par la police à huit jours d’intervalle.

Depuis ces événements, les chefs des Premières Nations de la province réclament la tenue d’une enquête publique sur le racisme systémique contre les autochtone­s au sein du système de justice et de la police.

Le premier ministre, Blaine Higgs, refuse de déclencher une enquête du genre.

Mme Dunn a cependant promis vendredi d’agir très bientôt sur la question du racisme systémique.

«Nous allons prendre cette initiative et nous allons faire quelque chose à ce sujet. Vous pouvez en être sûr. Et vous allez entendre beaucoup de choses de ma part au cours des prochains jours.»

Cette initiative s’adressera aux Autochtone­s, mais aussi à l’ensemble des personnes racisées de la province.

«Lorsque je parle aux groupes racisés de cette province, c’est un problème auquel ils sont confrontés tous les jours. Je pense que nous avons l’obligation envers tous ces gens de faire quelque chose pour y remédier.»

Arlene Dunn a confié que son initiative sera indépendan­te du gouverneme­nt, mais qu’il ne s’agira pas d’une enquête publique sur le racisme systémique.

La porte-parole de l’opposition officielle en matière d’affaires autochtone­s, la députée Lisa Harris, craint que le gouverneme­nt ne soit en train de noyer les revendicat­ions des Premières Nations dans un autre débat.

«Le racisme systémique est mal, peu importe qui le fait ou qui le subit, mais il y a eu plusieurs tentatives de dialogue avec ce gouverneme­nt de la part des chefs autochtone­s et ils n’ont reçu aucun respect», a-t-elle dit.

«Les leaders des Premières Nations sont ignorés par ce gouverneme­nt et là, ils vont être intégrés dans quelque chose qui a peutêtre sa raison d’être, mais pourquoi ne pas s’asseoir et écouter ce qu’ils ont à dire», a demandé Mme Harris.

Arlene Dunn affirme avoir rencontré de nombreux leaders des Premières Nations depuis sa nomination au cabinet en septembre et assure que le gouverneme­nt est à l’écoute de leurs revendicat­ions.

Selon le chef du Parti vert, David Coon, la ministre devrait «répondre directemen­t» aux demandes des chefs.

À son avis, une enquête publique sur le racisme systémique contre les Autochtone­s est

«Il semble que cela soit ancré dans un certain nombre de systèmes. Ça touche l’éducation, les soins de santé, un certain nombre d’autres entités (et c’est) quelque chose que nous devons vraiment essayer d’éradiquer.»

nécessaire pour permettre aux décideurs de faire le nécessaire par la suite pour éliminer le racisme systémique.

Selon la Commission québécoise des droits de la personne et de la jeunesse, le racisme systémique est «la somme d’effets d’exclusion disproport­ionnés qui résultent de l’effet conjugué d’attitudes empreintes de préjugés et de stéréotype­s, souvent inconscien­ts, et de politiques et pratiques généraleme­nt adoptées sans tenir compte des caractéris­tiques des membres de groupes visés par l’interdicti­on de la discrimina­tion.» ■

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La ministre de l’Immigratio­n et des Affaires autochtone­s, Arlene Dunn. - Acadie Nouvelle: Mathieu Roy-Comeau

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