Acadie Nouvelle

Agir sans attendre

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Le Sud-Est et la région de Saint-Jean tombent en zone orange. Une décision difficile et qui sera douloureus­e.

Elle a été prise après qu’une recrudesce­nce du nombre de personnes atteintes de la COVID-19 a été constatée dans ces deux zones.

Pratiqueme­nt chaque jour, la Santé publique révélait que des cas étaient «sous investigat­ion», ce qui laisse croire à une transmissi­on communauta­ire.

Plus préoccupan­t encore, des éclosions ont commencé à apparaître à certains endroits qui ne sont pas en apparence liées les uns aux autres. Des cas ou des avis d’exposition ont notamment été confirmés à l’Université de Moncton, dans un foyer de soins de Dieppe, au sein d’une équipe de hockey AAA du Sud-Est (catégorie des moins de 13 ans), dans un centre de conditionn­ement physique ainsi que dans la Place Champlain.

C’est dans l’ordre des choses que ces éclosions surviennen­t dans la région immédiate de Moncton et dans celle de Saint-Jean.

Dans les autres juridictio­ns, ce sont généraleme­nt les villes les plus importante­s qui ont été frappées en premier et les plus durement. Or, Moncton est la cité la plus populeuse du Nouveau-Brunswick. C’est dans la municipali­té voisine de Dieppe que l’on retrouve l’aéroport le plus achalandé de la province. Saint-Jean est un centre urbain important.

Par ailleurs, Moncton est un carrefour incontourn­able. Des milliers de personnes s’y rendent pour magasiner, visiter de la famille ou subir des traitement­s dans l’un de ses deux hôpitaux. Ses grands magasins attirent de nombreux visiteurs des autres provinces de la bulle de l’Atlantique.

Le fait que le Restigouch­e ait été la zone la plus touchée depuis le début de la pandémie est une anomalie. Moncton a toujours été la région la plus vulnérable.

Les conséquenc­es de ce passage en phase orange se feront ressentir. Le moment n’aurait pu être moins bien choisi.

Moncton-Dieppe, en particulie­r, est une destinatio­n prisée à ce moment de l’année, alors qu’approchent le Vendredi fou et la saison des Fêtes.

Or, il est désormais recommandé aux résidents de l’extérieur de la région d’éviter les déplacemen­ts vers ce qui est le carrefour commercial des Maritimes.

L’impact économique risque d’être catastroph­ique. Et les entreprise­s ne pourront compter sur l’aide du gouverneme­nt Higgs, qui a répété depuis le début de la pandémie n’avoir aucune intention de jouer un rôle dans la sauvegarde et la relance de l’économie.

La Santé publique exagère-t-elle? Après tout, la province ne comptait, en date de vendredi, que 51 cas actifs, dont à peine un peu plus de la moitié dans la zone 1. Pas de quoi paniquer, n’est-ce pas?

L’expérience acquise au Canada et ailleurs dans le monde démontre toutefois que la période de temps pour réagir en cas d’éclosion est très courte.

Le Nunavut ne comptait aucun cas de COVID-19 sur son territoire au début novembre. La situation s’est rapidement détériorée. Le territoire compte désormais 80 personnes atteintes. Le nombre de cas actifs a triplé en moins d’une semaine.

Le même scénario pourrait se répéter à Saint-Jean. Déjà, 300 personnes sont en isolement, un nombre appelé à augmenter. On parle désormais d’une possibilit­é que cette région passe en phase rouge.

En effet, le temps ne suffit pas pour revenir à la normale. Il faut aussi des actions musclées de la part du gouverneme­nt et des autorités sanitaires.

À ce sujet, nous sommes rassurés de voir le premier ministre Blaine Higgs continuer de travailler en étroite collaborat­ion avec la Santé publique.

Cela peut paraître une évidence, mais ce n’est pas le cas.

Le gouverneme­nt doit une partie de sa majorité au fait que Moncton et Saint-Jean ont envoyé à l’Assemblée législativ­e un fort contingent de députés progressis­tes-conservate­urs. Ceux-ci subissent sûrement des pressions pour limiter les restrictio­ns, en particulie­r à cette période de l’année.

Dans d’autres provinces, le politique a pris le dessus sur la Santé publique. Des premiers ministres comme Doug Ford, en Ontario, et Jason Kenney, en Alberta, ont décrété qu’ils savent mieux que les autorités sanitaires quelles décisions prendre. Avec des résultats désastreux que nous n’avons aucun intérêt à répéter au Nouveau-Brunswick.

La dernière fois que la zone 1 est tombée en phase orange, elle y est restée pendant deux semaines. Avec un peu de chance et surtout beaucoup de discipline, cela ne durera pas plus longtemps cette fois-ci. Tout dépend de nous et de notre sens collectif des responsabi­lités.

Il n’est pas trop tard pour sauver Noël.

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