Acadie Nouvelle

LE RÉSEAU D’ÉNERGIE NB VIEILLIT MAL

Énergie NB fête ses 100 ans cette année. Et son réseau électrique aussi. Voici le portrait de ses lignes de transport, effectué grâce à une demande d’accès à l’informatio­n. Constat: l’infrastruc­ture montre des signes de fatigue.

- Cédric Thévenin cedric.thevenin@acadienouv­elle.com

«Les fusibles vont sauter tôt ou tard lorsque si peu d’actions sont réalisées sur le terrain», prévient le professeur au départemen­t de génie électrique à l’Université de Moncton, Jamel Ghouili.

Le chercheur n’a pas analysé en profondeur les documents obtenus par l’Acadie Nouvelle, après 10 mois de relances auprès d’Énergie NB. Il observe toutefois le réseau électrique de la province depuis 20 ans. Il estime que les actions concrètes pour l’améliorer sont trop faibles.

De façon générale, le rapport sur la santé du réseau de transport d’Énergie NB indique qu’environ une ligne sur sept avait un état préoccupan­t en 2019.

L’indice de 3% de ce réseau était dans le rouge. Il était dans l’orange pour 11% des lignes (entre 50% et 80% de leurs poteaux et de leurs composants étaient en bon état).

«Dans le rouge, c’est l’équipement qui a besoin d’être réparé le plus tôt possible. Dans l’orange, c’est comme si tu avais une pièce de ton auto qui devait être remplacée, mais qui tiendrait pour le moment», illustre le porte-parole de la société de la Couronne, Marc Belliveau.

Il admet qu’Énergie NB n’a pas de cible fixée vis-à-vis l’état de son réseau de transport. Les indices de santé des lignes donnent simplement une liste de priorités pour les investisse­ments, selon lui.

L’ENTRETIEN EST DIFFICILE

C’est peut-être pour ça que 14% des 184 coupures de courant de 2019 (dont certaines ont duré moins d’une minute) ont été causées par des défauts de matériels.

À titre de comparaiso­n, la nature (le vent, le sel marin, les arbres, le verglas, la foudre, les animaux sauvages, etc.) a provoqué la moitié des pannes.

«Quand il y a de gros vents, ça peut causer des problèmes aux équipement­s qui étaient déjà dans les couleurs rouge et orange, précise M. Belliveau. Dans certains cas, leur remplaceme­nt peut prendre des heures.»

Le porte-parole souligne toutefois qu’Énergie NB dispose d’un réseau de transport difficile à entretenir à cause de la faible densité de population et de la forte présence d’arbres dans la province.

L’infrastruc­ture comprend environ 7000 km de lignes de transport. Ensemble, elles se composent d’environ 33 000 poteaux (aux deux tiers en bois, le reste en acier), qui portent de nombreux composants (isolateurs, traverses, etc.).

LE RETARD S’ACCUMULE

Quoi qu’il en soit, les informatio­ns obtenues par l’Acadie Nouvelle montrent que les commandes de travaux d’entretien correctifs des lignes de transport s’accumulent depuis plusieurs années.

Ce retard concerne surtout les défauts dont les réparation­s peuvent attendre jusqu’à la prochaine patrouille au sol effectuée tous les quatre à huit ans.

Le nombre de commandes de ce type de travaux a été de 880 en 2019. Les équipes d’Énergie NB en ont effectué 809 la même année. Il leur en restait toutefois 2215 à faire à cause du retard pris les années précédente­s.

«Il y avait des centaines et des centaines de travaux qui avaient besoin d’être faits durant les années précédente­s et qui restaient à faire. Les équipes n’arrivent pas à effectuer tout ce qu’elles veulent en une année, donc ça s’accumule», explique le porteparol­e de la société de la Couronne, Marc Belliveau. ■

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