Vive le multitâche
«Heureux celui qui sait prendre son temps pour aller plus vite.» (Proverbe inuit)
Il y a un débat en cours chez nous. Mon conjoint affirme que le multitâche est surestimé et qu’il est bien mieux de ne faire qu’une chose à la fois. En exprimant son opinion, il me regarde et ne fait rien d’autre en même temps. Si ce n’est qu’il respire.
Comment fait-il? Moi, pendant que je l’écoute, je fais la vaisselle, je rappelle à mon fils que c’est l’heure du coucher, j’éteins le four, je ris de mon autre fils qui danse avec un caleçon sur la tête, je descends le chat de la table, j’aperçois du coin de l’oeil que j’ai reçu un nouveau courriel, je répète l’heure du coucher et j’entends le téléphone sonner (mais j’étouffe l’envie de répondre). Le multitâche sous son plus beau jour. Ou sous son pire jour.
Selon Daniel Levitin (The Organized Mind, 2015), le multitâche a très peu de beaux jours. Aïe! Selon ce neuroscientifique et psychologue de l’Université McGill, le multitâche est une illusion puissante et diabolique qui nous rend moins efficaces. De fait, il explique que le multitâche est l’acte de basculer rapidement d’une tâche à l’autre et non l’exécution simultanée de tâches. Ces changements brusques entre tâches augmentent la production de cortisol (hormone de stress) et d’adrénaline (hormone de réaction de lutte ou de fuite) et épuisent les nutriments du cerveau. De plus, jongler entre activités réduit le temps alloué aux petites rêveries, perturbant ainsi notre créativité et notre capacité de résolution de problèmes. Oh là!
S’ÉCHAPPER DE L’ILLUSION
En lisant l’ouvrage de Levitin, j’eus le souffle coupé. Mon sentiment d’efficacité est donc illusoire. Le multitâche n’est qu’une chimère? Peut-être est-ce mieux de revoir mon plan de vie en entier!
Si le multitâche n’est ni bon pour ma santé, ni pour ma productivité, il me faut avouer qu’un virage serait préférable. (Prière de ne pas faire part de mes conclusions à mon conjoint s’il vous plaît…)
Il peut être favorable d’écouter un balado en faisant une promenade; par contre, c’est une toute autre chose d’écrire un rapport en vérifiant ses textos «en même temps». Le multitâche numérique – faire de la recherche, magasiner en ligne et scruter son compte Instagram – surcharge particulièrement le cerveau.
LENTEMENT MAIS SÛREMENT
Je ne suis pas complètement prête à m’avouer vaincue, mais je suis résolue à viser le mode «monotâche» lorsque je travaille sur un projet ou que je me trouve devant un appareil électronique. Relativement résolue. Assez résolue. Allons! C’est un défi de taille!
Je vais parfois céder à la tentation de lire un article en ligne, manger, aider mon enfant avec ses devoirs et vérifier mes messages simultanément – ou du moins ce que je prétends être de façon simultanée. De temps à autre. Le débat chez nous s’estompe… mais il continue. De temps à autre. Focalisons notre attention!