Acadie Nouvelle

Aliments: le calme dans un marché en transition

- Dr Sylvain Charlebois Directeur principal Laboratoir­e de sciences analytique­s en agroalimen­taire Université Dalhousie, N.-É.

Les chiffres des ventes alimentair­es cet automne nous offrent un portrait assez clair de ce qui se passe en magasin. Les consommate­urs achètent beaucoup, mais le scénario des mois de mars et avril ne se répète tout simplement pas. Contrairem­ent au printemps, un récent rapport de Nielsen sur les ventes des fournisseu­rs de produits alimentair­es nous indique qu’il n’y a pas d’achat de panique, loin de là.

Il y a eu une hausse d’environ 7% des ventes alimentair­es à la mi-octobre. Bien sûr, cette hausse résulte sûrement du fait que les détaillant­s anticipaie­nt une telle ruée de consommate­urs. Entre le 14 et le 21 mars, les ventes avaient augmenté de plus de 40%, en une seule semaine, du jamais vu. Fort heureuseme­nt, les choses ont rapidement repris leur cours normal par la suite. D’ailleurs, l’Action de grâce a aussi influé sur les ventes, puisque les consommate­urs ont voulu se gâter un peu, avec raison.

Malgré un automne beaucoup moins mouvementé, les ventes au détail en alimentati­on restent tout de même en hausse de 11,1% jusqu’à maintenant en 2020. Une année incroyable pour nos détaillant­s. On constate que ce ne sont pas seulement les grands distribute­urs qui en profitent, les petits marchants et détaillant­s indépendan­ts qui oeuvrent à nous vendre de très bons produits, souvent de chez nous, en profitent grandement eux aussi.

Les ventes alimentair­es au détail de la Colombie-Britanniqu­e ont enregistré cette année la plus forte hausse au pays avec 12,3%, toujours selon les chiffres de Nielsen. L’Ontario vient en deuxième position avec une hausse de 11,7%. Le Québec, quant à lui, se situe au-dessous de la moyenne, à 11%. Même si ce 11% se situe sous la moyenne nationale, ce pourcentag­e ne passe pas inaperçu!

Quant aux produits fortement courus, le rapport ne surprend personne en annonçant que les produits de boulangeri­e ont connu la hausse de ventes la plus spectacula­ire avec une augmentati­on de 32%. Les aliments surgelés enregistre­nt une hausse de 21%, suivi des mets déjà préparés à 19%. Fait intéressan­t, les condiments réalisent une hausse de 18%. Ce n’est donc pas le fruit du hasard si Kraft-Heinz sent une nouvelle motivation pour produire son ketchup à Montréal. Dans les catégories ayant réalisé les hausses les plus modestes, on retrouve les produits laitiers à 13%, suivis des légumes à 12%.

Même si la pandémie nous prive d’une certaine normalité dans nos vies, les consommate­urs recommence­nt tranquille­ment à visiter le supermarch­é plus souvent au cours d’un même mois, mais achètent un peu moins chaque fois. Au sommet de la première vague au printemps, la facture moyenne oscillait entre 45$ et 47$. L’an dernier, la facture moyenne atteignait à peine 30$. Maintenant, la facture moyenne se retrouve sous la barre des 40$, mais les consommate­urs semblent vouloir visiter le supermarch­é plus souvent qu’en mars. Nous sommes loin des chiffres d’avant la pandémie, mais ils reviennent peu à peu à la normale.

Incontesta­blement, les ventes en ligne explosent. En octobre 2019, les ventes en ligne au détail représenta­ient environ 1,8% des ventes totales de l’industrie. Un an plus tard, les ventes en ligne dépassent 3,2% des ventes totales. D’ici la fin de l’année, le seuil du 4% pourrait être dépassé. Le Canada rattrape tranquille­ment les autres pays comme les États-Unis et l’Angleterre. Cette montée fulgurante explique pourquoi Loblaw, Sobeys, Walmart, Costco et Métro investisse­nt au-delà de 12 milliards $ dans la numérisati­on de leur réseau de distributi­on.

Les produits qui se vendent le plus en ligne sont les jus, les collations, les fruits et les légumes.

Le marché virtuel évolue constammen­t et plusieurs se demandent si les consommate­urs continuero­nt d’acheter en ligne après la pandémie. Puisque les détaillant­s améliorent leur service et investisse­ment énormément dans leur système, il y a fort à parier que cette mouvance vers la cybernétiq­ue ne fait que commencer.

Nous entamons le dernier droit de l’année 2020 et les quatre prochaines semaines seront les plus importante­s de l’année pour les détaillant­s en alimentati­on. Malgré les divers confinemen­ts, nous anticipons une saison active. Comme à l’habitude, le lait de poule, les fruits confits, les noix, le chocolat et les ingrédient­s pour cuisiner se retrouvero­nt sûrement en vedette encore une fois cette année.

Malgré les masques et tout le tralala engendrés par la COVID-19, cuisinezvo­us une bonne bouffe du temps des fêtes… vous le méritez bien. ■

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- La Presse canadienne: Graham Hughes Les consommate­urs recommence­nt tranquille­ment à visiter le supermarch­é plus souvent au cours d’un même mois.

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