AU PLUS OFFRANT
L’archidiocèse de Saint-Jean de TerreNeuve, réfugié derrière la loi de la protection contre la faillite, a mis en vente par appel d’offres une grande partie de ses églises et de ses cimetières. Oui, vous avez bien lu! Cela comprend même la basilique SaintJean Baptiste de la capitale terreneuvienne.
Pourquoi? Pour compenser financièrement les centaines de victimes de l’orphelinat Mount-Cashel. Pendant des années, l’Église a maintenu qu’elle n’était pas responsable du comportement des Frères des écoles chrétiennes d’Irlande. La Cour suprême du Canada a statué autrement. Il s’agit là d’un premier appel d’offres, d’autres suivront.
C’est donc la grande braderie, jusqu’au 2 juin, date limite de réception des appels d’offres. Après un tollé général des familles catholiques, les cimetières ont été retirés de la vente. Pour le reste, l’archidiocèse dit espérer que les fidèles rachèteront leur église. Là encore, vous avez bien lu! Les paroissiens, dont certains ancêtres se sont saignés à blanc pour construire ces lieux de culte, vont devoir maintenant payer pour les garder. Après tout, l’archidiocèse a d’abord demandé gentiment aux paroissiens de donner généreusement pour compenser les victimes; devant leur manque d’enthousiasme, il les met à présent au pied du mur.
C’est ainsi que la basilique Saint-JeanBaptiste
pourrait être rachetée par l’école privée catholique St Bonds et l’aréna Saint-Patrick. Même effort dans les plus modestes paroisses. Mais si ces tentatives sont infructueuses et que des intérêts privés achètent ces églises, qu’adviendra-t-il des paroissiens? Et d’organismes comme la Société Saint-Vincent de Paul qui opère des banques alimentaires dans quelques sous-sols d’église et nourrit 400 à 500 familles dans le besoin? L’archidiocèse y a-t-il seulement pensé?
Peu de voix s’élèvent publiquement, mais la semaine dernière le curé de la région de Grand Bancs a abandonné son poste citant, entre autres raisons, qu’il ne pouvait admettre de voir la dignité de ses paroissiens ainsi bafouée.
Tout en faisant remarquer que les fidèles avaient déjà abondamment payé au fil des années pour construire et entretenir leurs églises et ne devraient pas avoir à les racheter, il a aussi souligné ce qui est une évidence: que les paroissiens ne sont pas les violeurs mais les victimes collatérales de ces frères et prêtres pédophiles et que cette vente au plus offrant est une violence qu’ils ne méritent pas.
Que ce triste marchandage nous serve de mise en garde à tous et à toutes, peu importe où nous vivons. Et, bien entendu, précisons que Jésus, l’Amour et la grandeur d’âme n’ont rien à voir dans tout ça. Les marchands du temple l’ont maintenant mis en vente et la Banque du Vatican n’est pas intéressée.