Acadie Nouvelle

Moncton: débat politique orageux sur l’insécurité que ressentent certains citoyens

- Cédric Thévenin cedric.thevenin@acadienouv­elle.com

Comparer les itinérants à des singes, se réjouir du vol d’un vélo de la mairesse… Des citoyens de Moncton expriment leur colère à cause de leur sentiment d’insécurité. Au point de rendre le débat sur cet enjeu irrationne­l et toxique?

L’annonce du vol de la bicyclette électrique de la mairesse de Moncton, Dawn Arnold, en a fait ricaner certains sur les réseaux sociaux, le 17 mai.

«C’est bien fait pour elle. Elle n’en avait rien à faire de nous, avant… Hahahah. Je ne suis pas du tout désolé pour elle. Toutes les bonnes gens de cette ville ont été infestés par ça durant les trois ou quatre dernières années. Maintenant, elle le voit de ses propres yeux!», a commenté un internaute sur un article du média 91.9 The Bend.

Un citoyen engagé dans la promotion du déplacemen­t en vélo, Brian Branch, s’est fait voler plusieurs bicyclette­s. Il a déploré sur Facebook les commentair­es haineux visant Mme Arnold.

«La gouvernanc­e locale, d’ici ou d’ailleurs est en train de vivre un très mauvais quart d’heure, surtout sur les réseaux sociaux, observe-t-il. La population semble penser que le ou la maire d’une municipali­té peut régler tous les problèmes, sociaux ou économique­s.»

M. Branch estime que les élus doivent maintenant avoir une armure psychologi­que solide et un bon réseau de soutien.

«On risque de perdre beaucoup de candidats potentiels, regrette-t-il au sujet des élections. C’est un phénomène inquiétant quand on pense à l’avenir de la politique, surtout pour les personnes minoritair­es, incluant les femmes qui désirent apporter du changement.»

ÉLUS MALMENÉS

Le conseiller municipal de Moncton, Charles Léger, témoigne avoir vécu des expérience­s négatives avec des citoyens en colère à cause de leur sentiment d’insécurité.

«Ce n’est pas facile aujourd’hui d’être conseiller et d’être maire, parce qu’il y a une assez grande proportion d’habitants fâchés et frustrés. C’est un défi, exprimet-il. C’est sûr que les citoyens veulent que nous agissions. Ce n’est pas si simple, mais on va essayer.»

M. Léger a présidé l’Autorité policière régionale de Codiac. Il a participé aux discussion­s du conseil municipal de Moncton au sujet de la sécurité et de l’itinérance, dans l’une desquelles un habitant a comparé les sans-abri à des singes. Il a aussi assisté aux assemblées publiques organisées par la Ville de Moncton les 12 et 19 mai au sujet des enjeux de sécurité publique.

«Beaucoup de gens aimeraient voir une plus grande visibilité de la GRC, constatet-il. On sait cependant qu’il n’y a pas de lien entre une augmentati­on de policiers et la réduction de crime. Mais il y a une perception des gens, qui est quand même importante. Il faut trouver un équilibre.»

CITOYENS MAL INFORMÉS

L’élu du quartier 2 espère toutefois que la Ville de Moncton réussira à mieux informer la population au sujet de la sécurité et de l’itinérance.

«Si un itinérant a une tente dans un parc, les gens vont immédiatem­ent faire la connexion avec un crime à proximité, sans qu’il y en ait forcément une, fait-il valoir. Ce n’est pas un crime d’être sansabri. Et les crimes ne sont pas nécessaire­ment causés par les itinérants.»

M. Léger estime qu’un bon exemple de lien prématuré entre itinérance et délit se trouve dans un article de CBC publié le 11 mai. Son autrice semble suggérer, par la structure de son texte, que des sansabri ont commis des vols à l’école Bessboroug­h, sans preuve.

«La personne saisie par la police n’est pas sans-abri, pointe M. Léger. Il y a aussi probableme­nt un problème de crime organisé dans notre province, hein…»

L’ancien président du comité sur la Pauvreté et l’inclusion sociale de Moncton pense qu’une meilleure compréhens­ion du parcours des itinérants permettrai­t aux citoyens d’avoir des avis mieux informés.

«Peut-être qu’on s’avance vers une meilleure connaissan­ce, mais on a quand même un grand chemin à faire, parce que tout le monde n’a pas la même informatio­n, remarque-t-il. C’est difficile parce que les gens parlent de leur réalité sans avoir du vécu. Et la COVID-19 rend tout le monde fatigué.»

 ?? - Archives ?? L’annonce du vol de la bicyclette électrique de la mairesse de Moncton, Dawn Arnold, en a fait ricaner certains sur les réseaux sociaux, le 17 mai.
- Archives L’annonce du vol de la bicyclette électrique de la mairesse de Moncton, Dawn Arnold, en a fait ricaner certains sur les réseaux sociaux, le 17 mai.
 ?? ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada