Acadie Nouvelle

Chantel Moore: un expert soutient que le policier a eu raison de se défendre

Un groupe indépendan­t devrait revoir la politique sur le recours à la force qui guide la police du Nouveau-Brunswick pour s’assurer qu’elle est concise et comprise par tous les agents de la province, a recommandé jeudi le jury à l’enquête de la coroner su

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Le jury composé de trois femmes et de deux hommes a été chargé d’examiner les circonstan­ces de la mort de Chantel Moore, une femme autochtone âgée de 26 ans abattue par un policier dans le nord du Nouveau-Brunswick en 2020 lors d’un «contrôle de bien-être». Après quatre jours de témoignage­s lors de l’enquête qui a débuté lundi, les jurés ont déterminé que sa mort résultait d’un homicide.

Plus tôt jeudi, un expert des services policiers canadiens a soutenu que le policier d’Edmundston qui a tué Mme Moore avait agi cette nuit-là conforméme­nt à la formation qu’il avait reçue.

Chris Butler a estimé à l’enquête de la coroner que l’agent Jeremy Son avait été contraint d’utiliser une force létale lorsque Chantel Moore s’est avancée vers lui avec un couteau, dans la nuit du 4 juin 2020, à Edmundston.

M. Butler a expliqué que Mme Moore n’était qu’à une distance de cinq à sept pieds du policier, sur le balcon de son appartemen­t, et qu’elle avait la capacité d’infliger des blessures graves à l’agent Son ou même de le tuer.

M. Son a déclaré à l’enquête plus tôt cette semaine que Chantel Moore n’avait pas répondu à ses demandes de laisser tomber le couteau et qu’il avait tiré à quatre reprises en sa direction, en rafale.

Selon M. Butler, le policier Son, en reculant sur le balcon, n’avait plus de voie de sortie. Il estime que ce serait pure spéculatio­n de suggérer que l’issue aurait pu être différente si le policier s’était plutôt tenu dans les escaliers de l’immeuble.

M. Butler a soutenu que le gilet balistique que l’agent Son portait pouvait être facilement percé par une arme blanche.

M. Son a déclaré à l’enquête qu’il avait sommé en français Mme Moore de laisser tomber le couteau. M. Butler a déclaré qu’avec un temps aussi limité et sans savoir si Mme Moore était bilingue, l’agent aurait dû formuler sa demande en français et en anglais, ou crier: «Police! Stop!»

Les policiers qui ont témoigné plus tôt dans la semaine ont déclaré que les efforts pour arrêter le saignement des blessures de Mme Moore avaient pris fin lorsqu’un pouls n’a pas pu être trouvé. M. Butler, quant à lui, a déclaré que les efforts pour fournir une aide médicale auraient dû se poursuivre jusqu’à l’arrivée des ambulancie­rs.

L’ancien chef de la police d’Edmundston, Alain Lang, a indiqué mercredi à l’enquête que son corps policier n’avait qu’un seul Taser en état de marche la nuit où Mme Moore a été tuée par balle. Il a déclaré que le corps policier en comptait désormais cinq, ajoutant que si tous les agents avaient été formés à leur utilisatio­n, il n’était pas obligatoir­e qu’ils portent un pistolet à impulsion électrique sur eux.

M. Butler a affirmé qu’il était «indéfendab­le» que le corps policier ait formé des agents à l’utilisatio­n des Tasers, mais qu’il n’existe pas de politique exigeant qu’ils les portent. Cependant, il a noté que les armes à impulsion électrique comme les Tasers ne sont pas fiables à 100% et ne sont souvent pas efficaces si une sonde manque ou si la personne ciblée porte des vêtements épais.

Il a dit que M. Son n’avait eu que le temps d’utiliser son arme.

Le jury a recommandé que les policiers de la province soient évalués sur leur compréhens­ion des politiques et procédures actuelles des forces de police. Les jurés ont également recommandé à la police de prendre des mesures pour établir de meilleures relations avec les communauté­s des Premières Nations.

La coroner Emily Caissy a déclaré qu’elle transmettr­a des recommanda­tions à divers organismes qui auront six mois pour répondre. Cependant, les recommanda­tions ne sont pas contraigna­ntes.

Martha Martin, la mère de Chantel Moore, a déclaré que la semaine avait été difficile pour elle. «Vous entendez tous les détails ayant mené à la mort de votre enfant, at-elle affirmé à propos de l’enquête. Vous entendez les détails du moment où son dernier souffle a été pris.»

Les six chefs de la nation Wolastoqey au Nouveau-Brunswick ont publié jeudi une déclaratio­n affirmant que le processus démontrait le besoin urgent d’une enquête dirigée par des Autochtone­s sur le racisme systémique. Ils disent que les conclusion­s et les recommanda­tions du jury ne traitent pas de la gravité de la tragédie ou des problèmes systémique­s en matière de justice. ■

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