Plus de homards attendus avec le retour du beau temps
Grâce au beau temps des derniers jours, les prises de homard dans la zone 23 s’améliorent tranquillement et devraient très bientôt correspondre aux attentes des homardiers.
Mardi, l’Acadie Nouvelle rapportait que plusieurs pêcheurs de homard de Caraquet avaient préféré rester à quai en début de semaine en raison des faibles prises de homard dans leurs casiers.
La moyenne des débarquements des homardiers oscillait autour de 200 livres lundi et mardi, une quantité insuffisante afin de couvrir les dépenses des pêcheurs.
D’après Yves Blanchard, un pêcheur de Caraquet, les quantités pêchées s’améliorent tranquillement. Jeudi, la moyenne était montée à environ 300 livres par pêcheurs.
«À 300 livres, on fait nos frais, on ne perd pas d’argent, a-t-il expliqué au journal. Il faudrait commencer à débarquer 500 livres par jour bientôt, là, ça va être bon.»
M. Blanchard a bon espoir que les débarquements seront au rendez-vous quand l’eau sera plus chaude. Les vents et le beau temps des deux derniers jours ont déjà réchauffé la mer. Mercredi, l’eau était à 1°C alors que jeudi, le mercure indiquait 7°C, ajoute le pêcheur.
UNE QUESTION DE VARIATION
Amélie Rondeau, biologiste de formation et gestionnaire de la division des sciences halieutiques et écosystémiques au ministère des Pêches et des Océans (MPO), confirme qu’une eau plus chaude contribue habituellement à l’activité du homard, un invertébré à sang froid.
«L’hiver, le homard se promène un peu moins parce que la température est plus froide et son métabolisme est réduit. Un coup que le métabolisme est réactivé grâce à une eau plus chaude, le homard va être plus enclin à bouger et à chercher de la nourriture pour combler ses besoins énergétiques, en prévision de la mue et de la reproduction de l’été.»
La température absolue de l’eau, qu’elle soit froide ou chaude, n’est toutefois pas suffisante pour expliquer l’activité des homards, dit Mme Rondeau.
«Il y a des journées ou des périodes où les pêcheurs nous disent que les homards entrent moins dans les casiers. En regardant les températures, on a pu remarquer que ce n’est pas nécessairement lié à la température en tant que telle, mais plutôt aux variations.»
Martin Mallet, directeur général de l’Union des pêcheurs des Maritimes, confirme que la température de l’eau à elle seule ne peut expliquer le phénomène.
«Le métabolisme du homard est plus lent l’hiver, c’est vrai, mais il est quand même actif à cette période. Autrement, on n’aurait pas de pêche dans la Baie de Fundy pendant la saison hivernale.»
Ce sont plutôt les variations rapides de température que l’on observe dans l’eau en ce moment qui expliquent les faibles prises de la zone 23, une situation qui devrait se résorber sous peu.
«Le printemps a été tardif. La température au fond de la mer est très froide et la température de l’eau de surface se réchauffe, explique M. Mallet, qui est lui aussi biologiste de formation. Quand il y a des vents importants ou des tempêtes, ça crée des remontées ou des descentes d’eau, ce qui crée des écarts rapides.»
Cette variation rapide cause un choc thermique au homard, ce qui fait en sorte qu’il ne bouge plus, le temps de s’ajuster.
Le phénomène est souvent observable dans les écloseries, ajoute M. Mallet.
«Quand on amène des femelles de l’environnement pour les apprêter pour nous permettre d’avoir des larves pour les écloseries, elles passent d’un milieu où la température de l’eau est plus froide à un milieu plus chaud. Les homards figent et s’arrêtent de bouger pendant plusieurs heures, parfois ça dure jusqu’à 24 heures», illustre M. Mallet.
Les pêcheurs ne devraient donc pas trop s’inquiéter, croit-il, d’autant plus que les indications du MPO indiquent que la population de homard se porte bien.
«Depuis les dernières années, les informations récentes indiquent que la population du sud du golfe du Saint-Laurent est à un niveau historiquement élevé», confirme Mme Rondeau. ■