Acadie Nouvelle

Jason Kenney «tassé» parce que «pas assez extrême» pour plusieurs

- Émilie Bergeron

Le ministre Randy Boissonnau­lt, qui est l’un des deux seuls députés libéraux fédéraux en Alberta, juge que le mouvement conservate­ur au pays traverse un moment «vraiment sombre» puisque le premier ministre albertain démissionn­aire, Jason Kenney, est à son avis l’un des derniers conservate­urs au pays à avoir dû payer le prix pour ne pas être «assez extrême».

Il estime que c’est la raison pour laquelle M. Kenney a recueilli le soutien de seulement 51,4% des membres de Parti conservate­ur uni (UCP) dans un vote de confiance, ce qui l’a amené à remettre sa démission mercredi soir.

«M. Kenney a été tassé de son parti parce qu’il n’est pas assez extrême. C’est ce qui s’est passé pour (Erin) O’Toole et (Ed) Fast n’a plus son rôle de critique en matière de finances parce qu’il a critiqué M. Poilievre», a commenté jeudi M. Boissonnau­lt avant de se rendre à une réunion du conseil des ministres.

Celui qui est ministre du Tourisme et ministre associé aux Finances faisait ainsi un lien entre le cas de M. Kenney et l’éviction d’Erin O’Toole comme chef du Parti conservate­ur du Canada (PCC), au début février, puisqu’il a été démis par les membres de son caucus.

Le parallèle s’étend aussi, croit M. Boissonnau­lt, au fait que le député conservate­ur Ed Fast ait démissionn­é jeudi soir de son poste de porte-parole en matière de finances, quelques heures après avoir critiqué les attaques répétées de Pierre Poilievre contre la Banque du Canada.

Sans le nommer, M. Fast a déploré que l’engagement de celui qui est considéré comme le meneur dans la course à la chefferie du PCC à congédier le gouverneur de la banque centrale nuit à la crédibilit­é du parti.

M. Fast copréside la campagne d’un autre aspirant chef, Jean Charest, mais avait précisé qu’il faisait ses commentair­es en tant que porte-parole en matière de finances.

«Les conservate­urs sont entrés dans une place vraiment sombre et c’est pour moi une question très préoccupan­te pour les personnes à travers le pays qui ont besoin que leurs politicien­s travaillen­t sur les vraies choses», a dit jeudi M. Boissonnau­lt.

Appelé à expliquer comment il pouvait partager un tel diagnostic en tant que libéral ne faisant pas partie du mouvement conservate­ur, il a plaidé qu’il se basait sur des informatio­ns qui circulent sur les réseaux sociaux et dans les médias.

«Bien honnêtemen­t, une bonne partie du UCP préférerai­t qu’il n’y ait pas de restrictio­ns (sanitaires) du tout. Ils veulent le Far West et M. Kenney penchait au centre, essayant de faire ce qu’il pouvait pour garder les gens en vie. Il n’en a pas fait assez pour les gens extrêmes ni pour les progressis­tes», a-t-il dit.

Il a ajouté que la désinforma­tion avait son rôle à jouer dans la frange «extrême» du conservati­sme.

«Quels commentair­es insignifia­nts de la part d’un ministre du gouverneme­nt libéral. Randy Boissonnau­lt devrait s’occuper de sa tâche de ministre et se mêler de ses affaires», a rétorqué le député conservate­ur Pierre Paul-Hus, dans une déclaratio­n écrite transmise par courriel.

La députée albertaine Stephanie Kusie, questionné­e en mêlée de presse sur d’éventuelle­s leçons à tirer du départ du premier ministre albertain pour le mouvement conservate­ur, de façon générale, a insisté sur les défis auxquels a fait face M. Kenney de façon successive.

«Il a été placé dans une position intenable», a-t-elle dit en mentionnan­t qu’il était devenu premier ministre peu de temps après avoir uni les forces conservatr­ices albertaine­s et qu’il avait par la suite gouverné pendant la pandémie. Elle a ajouté que d’autres premiers ministres provinciau­x ont traversé des moments difficiles.

Son collègue ontarien Michael Chong a pour sa part affirmé que les partis politiques conservate­urs sont un reflet des Canadiens.

«Nous avons traversé deux années difficiles et il y a beaucoup de débat ainsi que de frustratio­n. Je pense que ça se reflète simplement dans (...) nos partis et que c’est difficile pour les chefs (de formations politiques) de naviguer», a-t-il dit. ■

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- La Presse canadienne: Dave Chidley Le premier ministre Jason Kenney a pris la parole en réponse aux résultats de l’examen de la direction du Parti conservate­ur uni.
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- La Presse canadienne: Sean Kilpatrick Randy Boissonnau­lt, ministre du Tourisme et ministre associé aux Finances

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