Acadie Nouvelle

Infirmière­s d’agences: le vérificate­ur général va se pencher sur les contrats

Le vérificate­ur général du NouveauBru­nswick, Paul Martin, va enquêter sur les contrats signés entre les régies de santé et des agences d’infirmière­s privées.

- Alexandre Boudreau alexandre.boudreau@acadienouv­elle.com

Le syndicat des infirmière­s du N.-B., les partis d’opposition et finalement le premier ministre ont demandé la tenue d’une enquête sur ce dossier.

L’audit visera les réseaux de santé Vitalité et Horizon, ainsi que le ministère de la Santé et le ministère du Développem­ent social.

«La coopératio­n des ministères et des réseaux de santé sera essentiell­e pour que nous puissions compléter ce travail rapidement», a indiqué Paul Martin en entrevue.

Il affirme que son équipe songeait déjà à faire enquête sur l’utilisatio­n des infirmière­s d’agences au N.-B. et que le travail est déjà entamé. Il dit que son audit sur la pandémie a demandé beaucoup d’effort et de temps et que son équipe a maintenant plus de temps à consacrer à ce genre de sujet.

«C’est important de travailler pour que les ministères et les agences soient redevables de la façon dont elles dépensent l’argent des contribuab­les.»

L’enjeu a éclaté sur la place publique à la suite d’une enquête du Globe and Mail, qui a publié certains des contrats signés entre les régies de santé canadienne­s et des agences d’infirmière­s.

Un des contrats signés entre Vitalité et l’entreprise Canadian Health Labs a permis à cette entreprise de facturer plus de 300$ l’heure au réseau pour des services d’infirmière­s.

De plus, selon des informatio­ns publiées par le Globe and Mail, des allocation­s de repas facturées au réseau n’ont jamais été reçues par les infirmière­s à l’emploi de l’entreprise.

Vitalité a fait valoir que si le système n’avait pas eu recours à ces services privés dispendieu­x, il y aurait forcément eu davantage d’interrupti­ons des services de santé en raison de la pénurie de main-d’oeuvre.

Paula Doucet, présidente du Syndicat des infirmière­s et infirmiers du N.-B., se dit heureuse du fait qu’il y aura enquête.

«Nous disons depuis longtemps que beaucoup d’argent des contribuab­les est dépensé sur ces entreprise­s privées à profit par les régies de santé et par le ministère de la Santé et du Développem­ent social», dit-elle.

Elle juge par exemple que le fait que des allocation­s de repas n’ont pas été transmises aux infirmière­s par CHL en fait une utilisatio­n «déplorable» des fonds publics.

«Je pense que c’est déplorable qu’une entreprise irait jusque-là pour tirer plus d’argent des contribuab­les, et dire qu’ils aident, alors qu’ils s’enrichisse­nt avec notre argent.»

Contactée par courriel, l’entreprise CHL n’a pas réagi à la nouvelle de l’enquête. Elle indique que les conditions de ses contrats sont «équitables et transparen­tes».

Susan Holt, chef du Parti libéral, réagit favorablem­ent à l’annonce du VG.

«Les habitants de la province méritent de savoir où leur argent est dépensé et avec qui nous faisons nos contrats. On devrait s’assurer que ce sont de bons contrats avec des compagnies qui font un bon travail, alors le gouverneme­nt doit rendre des comptes pour ça.»

David Coon, chef du Parti vert, affirme que cette enquête n’est «pas suffisante». Il aimerait une enquête plus large sur la privatisat­ion des soins de santé.

«C’est un enjeu global de privatisat­ion des soins de santé au N.-B. [Les infirmière­s d’agences] sont un exemple», dit-il en ajoutant qu’il «comprend» les difficulté­s qu’auraient les réseaux de santé sans ces infirmière­s.

Le 21 février, le ministre Bruce Fitch avait hésité à demander une enquête sur ces contrats, en affirmant que le vérificate­ur général est un haut fonctionna­ire indépendan­t du gouverneme­nt et qu’il ne peut pas l’obliger à enquêter.

Malgré cela, le ministre lui a «récemment» envoyé une lettre pour demander une enquête, selon son ministère.

«Le ministre soutient la décision de l’auditeur général et attend avec grand intérêt les conclusion­s de ce dernier», ajoute-t-on par courriel.

LE FIDUCIAIRE APPUIE L’ENQUÊTE

Gérald Richard, qui occupait le poste de fiduciaire du Réseau de santé Vitalité au moment où les contrats entre Vitalité et CHL ont été signés, a signé une lettre envoyée aux médias par la régie (qu’il est possible de lire en page 12). Il y explique le contexte de la décision de Vitalité d’avoir recours à des infirmière­s d’agences, pendant la pandémie, alors que le système de santé était en crise.

Il affirme qu’il a appuyé cette décision, «tout comme l’a fait le ministère de la Santé», et qu’il la défend.

«Il fallait donner un répit au système. Lorsque le feu est pris, on ne peut pas se permettre d’économiser l’eau.»

Le fiduciaire, nommé par le gouverneme­nt, explique que son mandat était alors «d’agir comme facilitate­ur, d’enlever les obstacles, d’assurer une agilité et d’établir des processus plus efficaces pour stabiliser la situation rapidement et relever les défis pressants».

«Je me désole face au débat public entourant le recours au personnel d’agence et le procès d’intention fait au Réseau de santé Vitalité, qui n’avait pas d’autre choix et qui était au pied du mur», écrit-il dans sa lettre.

Il affirme qu’il collaborer­a «pleinement» avec l’enquête du vérificate­ur général.

En entrevue, le vérificate­ur général Paul Martin n’a toutefois pas voulu préciser si son audit l’amènera à parler avec Gérald Richard. ■

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