Shediac: les pelouses pourront pousser librement en mai
Les élus de Shediac ont choisi de permettre aux herbes, aux mauvaises herbes et au gazon de dépasser 20 cm en hauteur en mai.
«On a amendé l’Arrêté sur les herbes hautes pour permettre à la campagne Mai laissons pousser d’avoir lieu», précise le maire, Roger Caissie.
«À chaque fois que la campagne refaisait surface, il fallait voter une motion de dérogation à l’arrêté. Et la Ville veut encourager ça», note-t-il au sujet de l’initiative de préservation écologique.
La dérogation a donc été intégrée à l’arrêté à la suite d’un vote du conseil municipal, lundi.
À tout autre moment de l’année, un propriétaire peut écoper d’une amende allant de 140$ à 2100$ par jour si sa pelouse surpasse la limite de 0,2m.
Le maire Caissie indique que cette mesure, qui trouve écho dans plusieurs autres municipalités néo-brunswickoises, a non seulement été mise en place par des motivations esthétiques, mais aussi par souci de sécurité.
Sur ce dernier point, dans le texte de l’arrêté no. 59 de la Ville de Shediac, il est question d’«obstacles aux déplacements» et de «réduction de la visibilité».
L’exception au règlement permettra un accès à une plus grande quantité de ressources et de nourriture aux abeilles et autres espèces pollinisatrices en mai. Il s’agit d’un moment de l’année où elles sont encore peu disponibles.
«UN PAS DANS LA BONNE DIRECTION»
«De manière générale, c’est un pas dans la bonne direction. Mais ce n’est pas la meilleure solution si on veut essayer d’améliorer la qualité de l’habitat écologique que l’on fournit sur nos terrains. Idéalement, on ne se limiterait pas à ça», note Mélanie Jean, professeure adjointe au département de biologie de l’Université de Moncton.
Elle estime cependant que cette tendance à permettre, voire à encourager les pelouses plus touffues en mai à l’avantage de sensibiliser la population aux réalités de l’écosystème.
«Quelque chose qui peut être super intéressant à faire – surtout pour les gens avec des enfants –, c’est de prendre le temps d’aller se promener sur ces terrains-là et de regarder toute la diversité et la quantité d’insectes qu’on y retrouve. On la voit, la différence! Ça peut vraiment être une belle occasion de sensibilisation, d’éducation et de constater l’impact concret de nos gestes», suggère-t-elle.
Cela dit, au lieu de créer un écart marqué entre mai et les autres mois, elle considère qu’il serait plus intéressant de diminuer la fréquence de tonte de pelouse à l’année longue et de miser sur des plantes indigènes.
«Le 1er juin, tout le monde prend sa tondeuse et coupe son gazon super court! Après avoir créé une grosse abondance de ressources pendant un mois, du jour au lendemain, ça disparaît complètement. Ça peut poser des difficultés aux pollinisateurs qui ont eu le temps d’apprendre que ces terrainslà étaient des zones pleines de nourriture.»
Mme Jean considère donc qu’il serait souhaitable de modérer l’intensité du changement, que ce soit en diminuant la fréquence des coupes, ou encore en procédant par secteur et éviter de tout raser d’un coup.
«Les pelouses bien tondues sont un peu des déserts écologiques. De plus, le fait de moins les tondre peut représenter des économies en termes d’émissions de gaz à effets de serre et de dépenses d’énergie. Ça peut aussi encourager les gens à moins utiliser de pesticides et d’herbicides sur leur terrain pendant cette période-là. Ce sont toutes des conséquences positives.»
FAVORISER LES PLANTES INDIGÈNES
Mme Jean suggère aussi de repenser son jardin, en misant sur les espèces indigènes qui sont idéales pour la préservation des insectes.
«On n’a peut-être pas besoin de tout le gazon qu’on a en ce moment. Il y a de plus en plus de ressources pour aider les gens à en savoir plus sur les espèces de plantes qui viennent d’ici. On est habitués aux fleurs que l’on trouve dans les centres de jardinage, mais il serait bon d’essayer de trouver des alternatives qui sont similaires, mais indigènes, et qui sont donc des espèces de meilleure qualité pour tous les insectes et les pollinisateurs.» ■