Usine nauséabonde: le ministre refuse de rencontrer les citoyens
Le ministre Gary Crossman a refusé une rencontre avec le Comité d’action pour la qualité de l’air de Kent, qui remet en doute des évaluations sur les odeurs émises par l’usine de Coastal Shell Products, à Beaurivage. Cette dernière est censée reprendre ses activités en avril.
Les activités de l’usine de Coastal Shell Products, qui fait sécher des carapaces de crustacés, créent des remous au sein de la communauté. Ce sont surtout les odeurs qui dérangent le voisinage, au point de causer des nausées, selon certaines affirmations de résidents.
Le 30 novembre, le ministre de l’Environnement et des Gouvernements locaux accordait un nouveau permis d’exploitation à l’usine, qui inclut des obligations de mise en place d’améliorations technologiques devant contrôler ses émissions.
Or, le Comité d’action pour la qualité de l’air de Kent (CAQAK) se dit inquiet des tests d’efficacité de l’oxydateur à récupération thermique, qui est l’une desdites améliorations devant être installées d’ici le 31 juillet, d’où la demande de rencontre avec le ministre Crossman.
De plus, le CAQAK affirme que la collecte d’échantillons odorants avait été effectuée lors d’une journée atypique en ce qui concerne les effluves, qui étaient peu perceptibles. Il remet donc en doute la fiabilité des tests auxquels ils ont servi et qui semblent satisfaire le gouvernement Higgs.
La porte-parole, Maisie Rae McNaughton, s’inquiète du fait que les tests puissent influencer le verdict du ministre quant à l’avenir de l’usine.
Selon elle, il ne s’agirait pas de la première fois qu’une journée d’évaluation coïncide avec un amoindrissement des odeurs.
Elle aurait souhaité inclure des représentants de toutes les formations politiques dans le cadre de sa rencontre, où la partisanerie serait laissée de côté.
«Je leur aurais dit que d’accorder l’autorisation d’exploitation – dont la prochaine devra être émise en août – en fonction de ces tests me semble plutôt boiteux», dit-elle.
Son scepticisme face aux résultats est entre autres lié au fait que la collecte d’échantillons et les tests aient été effectués par des entreprises
«J’allais démontrer les faussetés qui se trouvent dans le rapport», indique Mme McNaughton, déçue.
embauchées par Coastal Shell Products.
D’autre part, Mme McNaughton aurait profité de la rencontre pour souligner les manquements de la compagnie dans ce dossier.
Deux améliorations technologiques devaient être mises en place et fonctionnelles en date du 30 novembre 2023, selon l’ancien permis d’exploitation de Coastal Shell. Le ministre Crossman avait tout de même permis à l’usine de continuer d’opérer par après, malgré le fait que la compagnie n’avait pas répondu aux exigences établies.
M. Crossman avait alors évoqué les difficultés financières de Coastal Shell, soulignant notamment des frais juridiques que la compagnie avait dû débourser au cours des mois précédents, pour justifier sa flexibilité.
«C’est un schéma qui se répète depuis 2016», déplore la porte-parole du CAQAK.
«Le gouvernement actuel se moque des citoyens», martèle-t-elle en comparant l’attitude des troupes de Blaine Higgs à une gifle au visage.
Au ministère de l’Environnement et des Gouvernements locaux, on affirme que M. Crossman n’avait pas de période de disponibilité qui concordait avec les dates proposées par Mme McNaughton. Cette dernière avait suggéré entre le 20 et le 30 mars.
Dans sa réponse, Gary Crossman avait dit prendre la situation au sérieux.
«Le ministère continuera de surveiller ce dossier de près et d’assurer que la compagnie prenne les mesures nécessaires pour réduire la fréquence et l’intensité des odeurs», avait-il indiqué par courriel.
D’autre part, en réponse à une demande d’information de l’Acadie Nouvelle, l’agente de communication du ministère, Clarrissa Andersen, a affirmé qu’aucune plainte liée aux odeurs n’avait été soumise par l’école Soleil Levant depuis la rentrée scolaire.
L’établissement d’enseignement, qui se trouve à quelques mètres de l’usine, avait connu des perturbations liées aux odeurs par le passé, selon plusieurs témoignages récoltés par l’auteur de ces lignes. ■