SUPPRIMEZ LA TAXE HIGGS-IRVING AVANT LA TAXE CARBONE
La taxe fédérale sur le carbone augmentera à nouveau le 1er avril. Au Nouveau-Brunswick, l’impact se fera sentir par une augmentation de 0,03$ le litre de pétrole. Il n’en fallait pas plus pour que les opposants mènent une nouvelle charge contre celle-ci.
Les premiers ministres de sept provinces ont dénoncé le gouvernement Trudeau dans les dernières semaines. Ces sorties ne sont pas le fruit du hasard. Elles ont été orchestrées par le chef fédéral de l’opposition, Pierre Poilievre. Le chat est sorti du sac quand le premier ministre de la Colombie-Britannique, David Eby, a rendu publique une lettre dans laquelle M. Poilievre lui demande son aide pour empêcher la taxe sur le carbone de grimper une nouvelle fois. La réplique de M. Eby, un néo-démocrate, a été cinglante. Il a dénoncé cette tactique de campagne digne d’une «usine à baloney». En anglais, le mot baloney est utilisé dans des expressions signifiant qu’une personne raconte n’importe quoi.
Quand Blaine Higgs lève le ton, il se fait le portevoix de Pierre Poilievre. Le chef fédéral le lui a bien rendu la semaine dernière, lors de son passage au Nouveau-Brunswick. Un reporter a demandé à ce dernier ce qu’il apprécie le plus de M. Higgs. Sans hésitation, il a vanté le fait qu’il souhaite lui aussi supprimer la taxe honnie. La fixation des conservateurs canadiens à l’égard de la tarification du carbone tire son origine des États-Unis, où les républicains, au service des lobbys pétroliers, dénoncent les moindres mesures environnementales.
Il existe de multiples taxes au Canada. C’est le fait que celle-ci soit liée à la lutte contre les changements climatiques qui chatouille particulièrement la droite. D’autres mesures phares du gouvernement Trudeau, comme les garderies à 10$ ou l’assurance dentaire, ne sont pas attaquées avec la même virulence.
Les ministres de l’Environnement qui ont porté le dossier sont chaque fois devenus des têtes de Turc. Catherine McKenna a été surnommée climate Barbie. Steven Guilbeault n’a pas droit aux insultes sexistes, mais est régulièrement qualifié d’extrémiste par ses opposants.
À cela s’ajoute le fait que les libéraux sont vulnérables sur cette question, tant au provincial qu’au fédéral.
En effet, la tarification du carbone sur le mazout de chauffage a été suspendue dans la controverse l’automne dernier. Le gouvernement peine à expliquer pourquoi il a accordé cette faveur aux consommateurs de mazout, mais non aux automobilistes. Au Nouveau-Brunswick, les libéraux sont pris entre l’arbre et l’écorce. Ils réclament la suspension de la hausse du 1er avril, mais sans exiger l’élimination de la taxe. Une bonne partie de leur électorat croit qu’il faut agir contre les changements climatiques.
L’idée n’est pas mauvaise. Il pourrait être opportun de suspendre cette hausse à venir, en particulier dans les régions rurales où les distances sont grandes et le transport en commun inexistant.
De son côté, le gouvernement Higgs est passé à l’attaque. Il accuse ses adversaires de vouloir prendre leurs distances de Justin Trudeau pour des raisons électoralistes et de se positionner en fonction des sondages. Un parti d’opposition qui oeuvre à défaire un gouvernement ayant un aussi piètre bilan que celui des progressistes-conservateurs de Blaine Higgs ne devrait normalement pas être sur la défensive. C’est pourtant la situation dans laquelle se trouvent les libéraux.
Nous croyons que les gouvernements doivent chercher à accorder un répit à la population. Retarder de quelques mois la mise en vigueur de la prochaine hausse de tarification du carbone est une façon d’atteindre cet objectif. Mais ce n’est pas la seule.
Le gouvernement provincial a imposé l’année dernière un ajusteur de carbone, que nous avons surnommé la taxe Higgs-Irving. Elle a pour effet de transférer d’Irving Oil (et de quelques autres entreprises) aux consommateurs l’entièreté du coût du règlement sur les combustibles propres. Cette subvention déguisée à l’endroit de l’ancien employeur du premier ministre Higgs coûte des millions de dollars aux automobilistes. Blaine Higgs dispose d’outils pour aider la population. Il pourrait supprimer son ajusteur de carbone ou réduire la taxe provinciale sur l’essence.
Contrairement à Pierre Poilievre, Blaine Higgs est premier ministre. Il peut aider la population. Nous l’invitons à cesser de se déresponsabiliser et à agir comme il le doit.