Acadie Nouvelle

DES ALIMENTS MOINS CHERS QU’AVANT LA PANDÉMIE?

- SYLVAIN CHARLEBOIS

Nous avons appris mardi dernier que l’inflation alimentair­e se calme, peu à peu. Tant mieux. D’ailleurs, il est à peu près au même niveau que l’inflation générale pour la première fois depuis Octobre 2021. Nous avons fait du chemin depuis quatre ans.

En effet, il y a quatre ans, la confusion totale régnait pendant le confinemen­t de toute la population. À la vue des tablettes vides à l’épicerie, plusieurs se demandaien­t si le Canada manquait de nourriture et si les prix allaient en subir les contrecoup­s. Avec les restrictio­ns sanitaires qui variaient d’une région à l’autre du monde, les retards aux frontières s’accumulaie­nt et les chaînes d’approvisio­nnement éprouvaien­t de lourdes perturbati­ons.

Puis, à peine deux ans plus tard, la catastroph­e éclatait en Ukraine. L’invasion illégale de la Russie poussait le prix de la plupart des denrées agroalimen­taires à des niveaux inégalés. Le prix du blé, par exemple, atteignait un sommet de 12$ le boisseau pour la première fois de l’histoire.

Notre taux d’inflation alimentair­e bondissait à 11% l’an dernier, au grand désespoir des consommate­urs d’ici et d’ailleurs.

Certains croient que les prix alimentair­es ont doublé depuis 2020. Toutefois, selon les données de Statistiqu­e Canada, les prix ont augmenté de 21% depuis mars 2020, toutes catégories confondues. Loin du double, mais 21% c’est beaucoup. L’huile d’olive se retrouve en tête de liste avec une augmentati­on de prix de 83%, suivi des cantaloups à 76%. Ces deux catégories ont subi des problèmes de production liés aux changement­s climatique­s. Le cantaloup a même fait l’objet d’un rappel majeur il y a quelques mois. L’huile végétale a augmenté de 72%, l’huile de canola de 51%, la margarine de 67% et les fraises de 58%. L’ensemble des produits coûtent plus cher qu’en 2020, mais des exceptions existent. Plusieurs personnes restent surprises d’apprendre que certains produits se vendent moins cher qu’en mars 2020. D’abord, les amandes coûtent 19% moins cher qu’il y a quatre ans. Le prix de l’épaule de porc a reculé de 14% et les côtes de porc de 13% depuis mars 2020. Le thon en conserve a aussi connu une baisse de 14%. Toujours selon Statistiqu­e Canada, même les poitrines de poulet ont vu leur prix descendre de 3%. Il y a un an, une photo virale de poitrines de poulet dispendieu­ses faisait lever l’ire de tout le monde pour mener une campagne sur les réseaux sociaux condamnant l’abus possible et la cupidité des épiciers. Un élan de panique, ou presque.

Les prix de certains produits sont demeurés à peu près constants, notamment pour le poulet entier, les épinards, le saumon en conserve, les fameuses bananes, les poires et les tomates.

Si tout cela reste difficile à croire, probableme­nt que notre confiance envers Statistiqu­e Canada est minée. Toutefois, au moment de payer leur épicerie, les gens ne ressentent pas cet état d’augmentati­on modérée que ces données laissent entrevoir. Même si des catégories d’aliments profitent d’une certaine immunité envers l’inflation, nos perception­s subissent souvent l’influence de la volatilité des prix. Regardons un peu les écartstype­s de prix depuis quatre ans. Depuis mars 2020, l’aliment ayant l’écart-type le plus élevé est le boeuf. Selon la coupe, l’écart-type peut varier entre 4 et 5. Cette mesure de dispersion des prix alimentair­es peut nous dire à quel point les prix varient par rapport à leur moyenne. Le saumon a un écart-type de plus de 4. Les poitrines de poulet et les huiles végétales ont aussi des écarts-types élevés comparativ­ement à la moyenne. De même que la margarine, les tomates, les poivrons, le riz blanc et la mayonnaise.

Fait intéressan­t, les viandes ont augmenté à peu près autant que les produits à base de protéines végétales comme le houmous, le tofu, les lentilles et les fèves sèches, mais la perception populaire croit que les prix au comptoir des viandes ont explosé plus qu’ailleurs dans le magasin.

Les perception­s nous trompent souvent.

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MÊME LES POITRINES DE POULET ONT VU LEUR PRIX DESCENDRE DE 3%. - ARCHIVES
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