ET VOILÀ QU’UNE AUTRE S’EN VA...
Dorothy Shephard a annoncé sa décision de ne pas se présenter aux prochaines élections provinciales. C’est une nouvelle incroyable, mais pas totalement surprenante.
C’est incroyable parce qu’elle est membre du Parti progressiste-conservateur depuis longtemps. Élue pour la première fois en 2010, elle a été nommée ministre des Communautés saines et inclusives dans le cabinet de l’ancien premier ministre David Alward, poste qu’elle a occupé pendant deux ans. Réélue depuis, elle a été ministre de la Santé pendant un an et demi, y compris pendant la pandémie, un mandat qui a été précédé et suivi par des passages distincts d’un an en tant que ministre du Développement social. Tout cela sous la présidence de Blaine Higgs.
Dire que Mme Shephard était un fidèle fantassin serait un euphémisme. Elle s’est battue avec acharnement pour défendre des valeurs et une politique progressistes dans un parti qui devenait de plus en plus régressif. Lorsque la situation est devenue intolérable, elle est devenue l’une des six dissidents - les autres étant Danial Allain, Andrea AndersonMason, Ross Wetmore, Trevor Holder et Jeff Carr - et a voté en faveur de la motion libérale visant à réexaminer les changements proposés dans le cadre de la politique 713. Le fait qu’elle ait démissionné du cabinet en signe de protestation en dit long.
Le départ de l’ex-ministre ne s’explique pas seulement par la politique 713 et Mme Shephard a été claire à ce sujet. Le problème le plus important était que la province était devenue une dictature. M. Higgs n’écoutait personne, y compris ses ministres et son caucus, et n’utilisait pas de données probantes pour élaborer ses politiques (rappelez-vous le commentaire de M Higgs «data my ass»?), sauf la personne qu’il voyait dans le miroir. Il n’y avait pas de processus politique, mais plutôt ce que le premier ministre ressentait à ce moment-là. Malheureusement, cette situation, qui perdure encore aujourd’hui, est antidémocratique, divise et n’est pas saine pour la province.
Le fait que Mme Shephard ne se présente pas aux prochaines élections n’est pas non plus surprenant étant donné le virage idéologique à droite toute du parti. Sous la direction de M. Higgs, les Néo-Brunswickois sont laissés à eux-mêmes. Besoin de soins de santé? Bonne chance! Un logement abordable? Il suffit de planter une tente sous un pont! Vous avez besoin d’aide pour faire face aux coûts quotidiens de la vie et mettre de la nourriture sur la table pour votre famille? Vous aurez plus de chance en fouillant les bennes à ordures derrière les restaurants qu’en cherchant de l’aide auprès de l’administration Higgs! Voilà, mesdames et messieurs, l’état du Nouveau-Brunswick sous les conservateurs régressifs. Et je n’ai même pas parlé de Kris Austin et d’autres. Dans quel pétrin se trouve actuellement le Nouveau-Brunswick! Nous avons besoin de leadership. Et Mme Shephard a raison de dire que le Nouveau-Brunswick est et a été construit sur des politiques de centre-droite et de centregauche, et non sur des politiques populistes d’extrême-droite comme celles des conservateurs aujourd’hui.
Alors, que signifie le départ de Mme Shephard pour l’avenir? Avec un tiers des conservateurs élus en 2020 qui se retirent ou ne se présentent pas aux prochaines élections, un chiffre qui pourrait encore augmenter (bonjour Ted Flemming, Bruce Fitch!), un autre gouvernement majoritaire pour Higgs devient de plus en plus difficile à obtenir. Le fait qu’un gouvernement majoritaire ira au parti qui remportera le plus de sièges dans nos trois grandes villes - Moncton, Saint-Jean, Fredericton - rend la situation précaire pour les conservateurs.
Soyons réalistes, les libéraux et les conservateurs se partageront probablement les circonscriptions de Moncton. Fredericton? Compte tenu des changements apportés aux limites de la circonscription et du fait que la chef des libéraux, Susan Holt, et le chef des verts, David Coon, s’y présentent tous deux, il est peu probable que M. Higgs parvienne à obtenir un balayage.
Il reste donc Saint-Jean. Ici, Mme Shephard (Saint-Jean Ouest - Lancaster) ne se représente pas. L’ancienne ministre Arlene Dunn (Saint-Jean Harbour) a démissionné. Ces deux circonscriptions basculaient régulièrement entre les libéraux et les conservateurs avant l’arrivée de Mme Shephard et de Mme Dunn. Il en va de même pour la circonscription de Saint-Jean Est de Glen Savoie. Ce sont donc trois des quatre sièges de Saint-Jean qui sont à pourvoir, le quatrième étant Saint-Jean Portland Simonds, détenu par Trevor Holder (il n’est pas certain qu’il se représente non plus). Alors, un autre gouvernement majoritaire pour Higgs? Beaucoup plus difficile qu’il ne le pense. Cette élection pourrait donc être l’une des plus disputées à ce jour!