Le gaz de schiste n’est pas une solution miracle
Depuis quelque temps, le gaz de schiste revient en force dans le discours économique et politique. On le renomme même gaz naturel pour mieux le vendre… Mais c’est la même chose.
Promouvoir son exploitation en 2024 démontre une mauvaise perception de la réalité. Venter uniquement les bienfaits économiques de l’exploitation du gaz de schiste au N.-B. est de l’aveuglement volontaire. Aux États-Unis, l’exploitation du gaz de schiste cause beaucoup plus de pollution que prévu. Beaucoup plus de pollution des eaux que prévu. Beaucoup plus de séismes locaux que prévu. Beaucoup plus d’émissions de méthane que prévu. Ajoutez à cela la destruction des paysages et des territoires agricoles, des voies migratoires des oiseaux perturbées. Et quoi d’autre! Ah! Oui! Les nombreux effets néfastes sur la santé humaine.
Qui va payer pour ces externalités? Personne n’en parle.
On ne le dira jamais assez, le gaz de schiste fait partie de la famille des carburants fossiles avec le pétrole et le charbon. Pétrole, charbon et gaz sont tous polluants. Tous! Ce n’est pas parce que le gaz de schiste pollue moins que le charbon, qu’il est propre ou qu’il est vert. C’est faux. Il est polluant lui aussi.
Son exploitation, sa liquéfaction, son transport et son utilisation, ici ou ailleurs dans le monde, ajoutera des millions de tonnes de gaz à effets de serre dans l’atmosphère et contribuera au réchauffement climatique. C’est la triste réalité.
2023 est l’année la plus chaude jamais enregistrée. Une année record avec 1,48°C. Les pires prévisions scientifiques de 2050 se matérialisent déjà. Pourquoi?
Depuis 40 ans, depuis que des scientifiques du monde entier mesurent les changements climatiques, ses conséquences et nous préviennent des dangers, nous traînons les pieds.
Depuis 40 ans, les politiques favorisent toujours et encore la croissance économique aveugle sans prendre au sérieux les conséquences sociales et environnementales.
Pendant que la maison brûle, voulons-nous vraiment ajouter de l’huile sur le feu!
En fermant volontairement les yeux sur les conséquences négatives d’un tel choix, nous acceptons la dégradation des écosystèmes écologiques et sociaux, sans compter la fuite des profits vers les États-Unis.
Rappelons qu’en janvier dernier, les journaux nous apprenaient que des droits d’exploration du gaz de schiste d’une bonne partie du sous-sol du N.-B. avaient été achetés par une compagnie américaine basée à Houston, la Southwestern Energy (SWN). Où iront les profits d’après vous? Invoquer uniquement le PIB comme seul élément de comparaison avec les ÉtatsUnis ou d’autres provinces est une simplification éhontée de l’importance des enjeux sociaux, économiques et environnementaux qui en découleront.
Ce n’est pas une vision acceptable de l’avenir, ni maintenant ni pour les générations futures. Elles devront nettoyer les dégâts et vivre avec les conséquences désastreuses d’un tel choix. Être visionnaire, ce n’est pas simplement comparer notre PIB aux autres. C’est trop facile. Être visionnaire, c’est comprendre les enjeux complexes de nos choix et des impacts positifs et négatifs qu’ils auront sur les générations à venir.
Faire miroiter des revenus importants en redevance pour la province en disant que l’argent financerait nos systèmes de santé et d’éducation est mal connaître les gens du N.-B. Ils ont la mémoire longue et se souviennent que le gouvernement provincial a accumulé un surplus de 1 milliard $ en 2023.
Pourtant, le gouvernement n’a pas investi là où la population le demandait alors que les besoins en santé et en éducation étaient et sont toujours criants. L’argent est là. C’est une question de choix.
Un gouvernement n’est pas là pour faire d’énormes surplus chaque année. Un gouvernement est là pour offrir des services à sa population dans une saine gestion des finances.
L’exploitation du gaz de schiste est un mirage vert. Surexploiter les ressources, au point de «squeezer» la roche pour en extraire les dernières gouttes de pétrole ou de gaz pour ensuite la vendre en Europe est irresponsable sur toute la ligne.
Un regard objectif de la réalité nous force à travailler ensemble dans un véritable programme pour décarboner notre économie. Le temps presse. Les solutions existent et elles sont nombreuses.
Nous sommes capables!
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