La Société historique des bateaux volants souhaite avoir son musée à Shediac
Le groupe de passionnés d’histoire et d’aviation espère pouvoir ouvrir un musée pour commémorer le rôle qu’a joué la municipalité de Shediac dans l’histoire de l’hydraviation à partir des années 1930.
Il souhaiterait que le projet prenne forme à l’extrémité est de Shediac, soit du côté opposé au centre Homarus, dans une structure qui reproduirait partiellement celle d’un avion.
Le président, Wade Short, a présenté les ambitions de la Société aux élus municipaux lors de leur dernière réunion.
Il a dit ne pas vouloir créer un musée ennuyeux. Ceux-ci seraient trop nombreux, à son avis. Il aimerait plutôt s’inspirer de sa visite d’une installation de l’exposition Terre des hommes, qui l’avait marqué lors d’un passage à Montréal, pendant sa jeunesse.
À l’intérieur du pavillon, les participants étaient appelés à marcher sur une passerelle entourée d’écrans.
«Le film commençait et il y avait un avion qui passait au travers de gratte-ciels, à New York», a-t-il dit en gesticulant devant les conseillers. L’enfant qu’il était avait alors compris pourquoi on avait mis des rampes à la disposition du public.
Le président a également noté qu’il existe déjà un musée similaire ailleurs au Canada, soit dans la ville de Botwood, à Terre-Neuve. La quatorzième édition du Flying Boat Festival y est d’ailleurs prévue cet été.
Une étude de faisabilité reste à faire pour Shediac, mais le secrétaire de la Société, Donald Boudreau, croit qu’un tel projet permettra de renforcer l’attrait de la municipalité avant et après la période estivale.
«On pense que l’étude de faisabilité va démontrer que ça va amplifier l’attrait touristique de la région de Shediac. Ça va surtout aider à attirer des visiteurs pendant les périodes plus tranquilles.»
Il pense, entre autres, qu’une telle destination fera venir plus d’autobus d’écoliers et de touristes.
«On pense que ça va renforcer la communauté de Shediac et son identité», a aussi indiqué M. Short, faisant référence aux récentes fusions municipales et notant le rôle que l’aéroport de Scoudouc a joué lors de la Seconde Guerre mondiale.
Il a également affirmé que le quai de Pointe-du-Chêne a servi à accueillir les hydravions.
SHEDIAC, LA «PORTE D’ENTRÉE DE L’EUROPE»
À l’été 1933, une flottille de 25 bateaux volants a quitté Rome, en Italie, pour se rendre à l’Exposition universelle de Chicago.
L’un des engins se serait écrasé en chemin, selon Wade Short, mais les 24 autres auraient amerri dans la baie de Shediac, le 13 juillet 1933.
«C’était un événement majeur! Pourriezvous vous imaginer si, aujourd’hui, 24 avions amerrissaient dans la baie la même journée?», a-t-il lancé lors de sa présentation.
«Et c’était il y a 90 ans, a-t-il souligné. C’était simplement incroyable!»
Les pilotes sont passés par Amsterdam, Londres, Reykjavik, Cartwright, Shediac, Longueuil avant d’enfin arriver dans la ville venteuse de l’Illinois.
Une trajectoire différente sur le chemin du retour aura fait de Shediac le seul arrêt où l’escadron aurait amerri deux fois. «Géographiquement et physiquement, c’était un endroit propice pour les communications. Il y avait très peu de brume et les eaux de la baie de Shediac sont peu agitées. Donc, ça représente un endroit idéal pour l’arrivée des hydravions», note Donald Boudreau.
L’engouement pour l’événement historique – il s’agirait de la première traversée aérienne groupée de l’Atlantique – a été tel, que Shediac aurait renommé la rue Pleasant en l’honneur de l’amiral Italo Balbo, qui dirigeait la mission.
La voie aurait retrouvé son nom d’origine quelques années plus tard, lors de la Seconde
Guerre mondiale. L’Italie est alors devenue l’ennemi du Canada, et M. Balbo aurait luimême été impliqué dans le Parti national fasciste de Benito Mussolini.
Mais l’histoire de Shediac et des bateaux volants ne s’arrête pas là.
Selon le site de la municipalité, les premiers vols commerciaux transatlantiques liant l’Amérique du Nord à l’Europe seraient partis de Shediac vers la fin des années 1930. Les passagers embarquaient alors dans le volumineux Boeing Clipper 314.
«C’était un gros avion, a souligné M. Short. Il équivalait à peu près aux trois quarts de la grosseur d’un 747 d’aujourd’hui.»
Les horaires imprévisibles auraient fait en sorte que des célébrités de renommées mondiales, comme Greta Garbo et Bob Hope, se soient arrêtées pour séjourner dans la municipalité côtière.
«L’un des livres que j’ai lu réfère à Shediac comme étant “la porte d’entrée de l’Europe”. Et c’est le slogan que nous aimerions utiliser», a indiqué M. Short, sourire en coin.
Le déclenchement de la guerre, en 1939, est venu freiner l’envol de cette brève aventure. Le terminus de Shediac a alors cessé ses opérations, mais certains appareils de l’armée canadienne ont fait usage du quai pendant le conflit. ■