Acadie Nouvelle

Un budget fédéral conçu pour plaire aux électeurs, selon des politologu­es

Même à un an et demi des élections fédérales, le budget qui sera dévoilé mardi par le gouverneme­nt libéral de Justin Trudeau aura des éléments conçus pour séduire des sections clé de l’électorat, selon deux politologu­es.

- Alexandre Boudreau alexandre.boudreau@acadienouv­elle.com

Le gouverneme­nt fédéral multiplie les annonces de financemen­t ces dernières semaines en prévision de son budget, qui sera dévoilé mardi.

Bon nombre de ces annonces portaient sur la crise du logement. Ottawa a notamment promis 5 milliards $ aux provinces dans ce dossier si elles parviennen­t à conclure des accords d’ici le 1er janvier 2025.

Avec ce genre d’annonces, le gouverneme­nt fédéral tente non seulement de s’attaquer à la crise du logement, mais aussi de s’attirer l’appui d’une part de l’électorat qui lui a tourné le dos, selon le politologu­e Roger Ouellette, de l’Université de Moncton.

«On a les baby-boomers, comme moi, on est privilégié­s, on a la chance d’avoir une pension, une maison payée, bref. Pour les jeunes, [...] c’est difficile, avec l’inflation, les taux d’intérêt qui augmentent, l’accès au logement qui est très difficile, l’accès à la propriété quasi-impossible. Dans tous les sondages qu’on voit, ça frappe dur. Autant l’électorat jeune avait appuyé Trudeau en 2015, cet électorat n’est plus au rendez-vous.»

Il affirme que les multiples annonces prébudgéta­ires d’Ottawa relèvent d’un «comporteme­nt électorali­ste».

Jamie Gillies, politologu­e et professeur de communicat­ions à l’Université

St. Thomas, à Fredericto­n, affirme que les libéraux ont plusieurs problèmes à régler sur le plan politique, et que le budget est une façon de tenter de s’attirer des électeurs.

Selon lui, bien qu’il y aura vraisembla­blement un autre budget l’an prochain avant les élections prévues en octobre 2025, les libéraux doivent remonter la pente dans l’opinion publique dès cette année s’ils veulent espérer mener une campagne électorale compétitiv­e.

«Ils sont 20 points derrière les conservate­urs dans la plupart des sondages et ils tentent de redresser la barre. Donc ils doivent se concentrer sur des enjeux économique­s où ils voient un avantage politique pour la prochaine année fiscale», dit-il.

L’un de ces enjeux est celui du coût de la vie et de la nourriture. Le coût des épiceries est devenu emblématiq­ue du problème de l’économie et de l’inflation, selon M. Gillies.

«Le gouverneme­nt pourrait songer à s’attaquer à cela de façon significat­ive en mettant plus d’argent dans les poches des gens ou en se montrant ferme avec les grands épiciers et détaillant­s qui sont responsabl­es d’une grande partie des augmentati­ons de prix», affirme-t-il.

Roger Ouellette affirme aussi qu’Ottawa devra tenter de régler la question du déficit. Dans son énoncé économique d’automne, le gouverneme­nt fédéral a déjà annoncé qu’il maintiendr­a son déficit à un niveau inférieur ou égal à la projection budgétaire de 2023, soit 40,1 milliards $.

«Est-ce qu’il y aura une direction, une feuille de route pour se sortir de ce déficitlà éventuelle­ment?» ■

 ?? ?? Comme le veut la tradition, la ministre des Finances du Canada, Chrystia Freeland, a acheté une nouvelle paire de chaussures la veille du dépôt du budget fédéral. - La Presse Canadienne: Justin Tang
Comme le veut la tradition, la ministre des Finances du Canada, Chrystia Freeland, a acheté une nouvelle paire de chaussures la veille du dépôt du budget fédéral. - La Presse Canadienne: Justin Tang

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