Un budget fédéral conçu pour plaire aux électeurs, selon des politologues
Même à un an et demi des élections fédérales, le budget qui sera dévoilé mardi par le gouvernement libéral de Justin Trudeau aura des éléments conçus pour séduire des sections clé de l’électorat, selon deux politologues.
Le gouvernement fédéral multiplie les annonces de financement ces dernières semaines en prévision de son budget, qui sera dévoilé mardi.
Bon nombre de ces annonces portaient sur la crise du logement. Ottawa a notamment promis 5 milliards $ aux provinces dans ce dossier si elles parviennent à conclure des accords d’ici le 1er janvier 2025.
Avec ce genre d’annonces, le gouvernement fédéral tente non seulement de s’attaquer à la crise du logement, mais aussi de s’attirer l’appui d’une part de l’électorat qui lui a tourné le dos, selon le politologue Roger Ouellette, de l’Université de Moncton.
«On a les baby-boomers, comme moi, on est privilégiés, on a la chance d’avoir une pension, une maison payée, bref. Pour les jeunes, [...] c’est difficile, avec l’inflation, les taux d’intérêt qui augmentent, l’accès au logement qui est très difficile, l’accès à la propriété quasi-impossible. Dans tous les sondages qu’on voit, ça frappe dur. Autant l’électorat jeune avait appuyé Trudeau en 2015, cet électorat n’est plus au rendez-vous.»
Il affirme que les multiples annonces prébudgétaires d’Ottawa relèvent d’un «comportement électoraliste».
Jamie Gillies, politologue et professeur de communications à l’Université
St. Thomas, à Fredericton, affirme que les libéraux ont plusieurs problèmes à régler sur le plan politique, et que le budget est une façon de tenter de s’attirer des électeurs.
Selon lui, bien qu’il y aura vraisemblablement un autre budget l’an prochain avant les élections prévues en octobre 2025, les libéraux doivent remonter la pente dans l’opinion publique dès cette année s’ils veulent espérer mener une campagne électorale compétitive.
«Ils sont 20 points derrière les conservateurs dans la plupart des sondages et ils tentent de redresser la barre. Donc ils doivent se concentrer sur des enjeux économiques où ils voient un avantage politique pour la prochaine année fiscale», dit-il.
L’un de ces enjeux est celui du coût de la vie et de la nourriture. Le coût des épiceries est devenu emblématique du problème de l’économie et de l’inflation, selon M. Gillies.
«Le gouvernement pourrait songer à s’attaquer à cela de façon significative en mettant plus d’argent dans les poches des gens ou en se montrant ferme avec les grands épiciers et détaillants qui sont responsables d’une grande partie des augmentations de prix», affirme-t-il.
Roger Ouellette affirme aussi qu’Ottawa devra tenter de régler la question du déficit. Dans son énoncé économique d’automne, le gouvernement fédéral a déjà annoncé qu’il maintiendra son déficit à un niveau inférieur ou égal à la projection budgétaire de 2023, soit 40,1 milliards $.
«Est-ce qu’il y aura une direction, une feuille de route pour se sortir de ce déficitlà éventuellement?» ■