Acadie Nouvelle

Ciseaux: démystifie­r et se réappropri­er l’homosexual­ité féminine

- Martin Roy martin.roy@acadienouv­elle.com

En intitulant leur pièce du nom d’une position intime de couple féminin, Mélodie Noël Rousseau et Geneviève Labelle découpent en 1000 morceaux tous les tabous entourant l’homosexual­ité féminine. Elles le font avec un malin plaisir qui n’a d’égal que leur authentici­té et leur désir de démystifie­r en toute candeur leur propre réalité, sans être moralisatr­ices, bien au contraire.

D’entrée de jeu, Mélodie Noël Rousseau et Geneviève Labelle – qui s’identifie par ailleurs comme non binaire – ne s’en cachent pas: utiliser le terme «ciseaux» à la fois comme titre et comme ligne d’attaque de leur pièce est volontaire­ment irrévérenc­ieux.

Pour attirer l’attention, certes, mais surtout pour «se réappropri­er» un thème et tout un univers qui leur file entre les doigts, notamment en raison des préjugés dont elles-mêmes et nombre d’autres membres de la communauté LGBTQ+ font encore l’objet, selon elle et iel.

«C’est drôle, mais je trouve que c’est vraiment typique des queers, souligne Geneviève Labelle. De nommer notre pièce Ciseaux, c’est de récupérer ce qui nous appartient, de le mettre de l’avant, puis de faire comme ‘‘Hey, vous savez quoi, tout ce que vous nous dites, ça ne nous atteint pas, et on va même l’utiliser à notre avantage.»

Le mouvement féministe, qui a connu son appogée dans les années 1970 à peu près en même temps que le mouvement de défense des droits gays et – dans une moindre mesure – lesbiens, a assurément généré des avancées pour la commununau­té LGBTQ+, reconnaît la paire qui codirige aussi la compagnie de théâtre queer Pleurer Dans’ Douche, basée à Montréal. Mais dans tout ce magma intense d’affirmatio­n sexuelle et identitair­e, la culture lesbienne à proprement parler a tout de même peiné à faire sa propre place.

«Les femmes se battaient pour leurs droits (en tant que femmes) avant de se battre pour leurs droits de lesbiennes. Les femmes se sont aussi davantage ralliées au mouvement queer, alors que les hommes gays sont restés des hommes gays. Les violences dont ils ont fait l’objet ont généré un mouvement fédérateur où plusieurs personnali­tés ou porte-parole ouvertemen­t homosexuel­s sont sortis de l’ombre et beaucoup de gens se sont ralliés à la cause», affirment les deux auteur.rices de Ciseaux.

Les lesbiennes ont pourtant connu leur part d’événements tragiques, signalent Mélodie Noël Rousseau et Geneviève Labelle, de descentes de police dans des bars ou d’autres actes de violence et de terreur dans le but de museler leur parole ou tout simplement de gommer leur existence même. Ce qui les a incitées à se cacher davantage que les hommes et a fait en sorte que peu de modèles féminins ont émergé jusqu’à tout récemment, contrairem­ent à leurs homologues masculins. ■

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En intitulant leur pièce du nom d’une position intime de couple féminin, Mélodie Noël Rousseau et Geneviève Labelle découpent en 1000 morceaux tous les tabous entourant l’homosexual­ité féminine. - Gracieuset­é
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