Acadie Nouvelle

Des pêcheurs réclament que les quais de Pointe-Sapin et Tabusintac soient dragués

Tout comme à Tabusintac, aucun dragage n’est prévu cette année au quai de Pointe-Sapin, du moins pour l’instant.

- Mario Tardif Mario.tardif@acadienouv­elle.com

L’Union des pêcheurs des Maritimes (UPM), les Premières Nations d’Esgenoôpet­itj et de Natoaganeg, ancienneme­nt Burnt Church et Eel Ground, ainsi que les autorités portuaires concernées font pression actuelleme­nt pour changer la situation.

Ils exigent que la ministre des Pêches et des Océans, Diane Lebouthill­ier, infirme sa décision du 10 avril et ordonne le dragage à Tabusintac et Pointe-Sapin.

Les représenta­nts de l’UPM, des Premières Nations et des autorités portuaires concernées cosignent une lettre datée du 16 avril et envoyée d’urgence à la ministre du MPO pour lui faire comprendre que le dragage des voies navigables de ces deux quais n’est pas une option, mais «une obligation immédiate pour son ministère.»

«L’absence d’opérations de dragage n’est pas seulement une question bureaucrat­ique. Elle met directemen­t en danger la vie de 109 pêcheurs», lance le président de l’UPM, Réjean Comeau. Nous avons été témoins de conséquenc­es tragiques d’une telle négligence en 2013. Il est découragea­nt de voir qu’un peu plus d’une décennie plus tard, les autorités semblent avoir oublié que trois vies ont été perdues dans des circonstan­ces étrangemen­t similaires à la situation actuelle.»

Le 18 mai 2013, un naufrage a coûté la vie à un capitaine de bateau et ses deux membres d’équipages. Un rapport d’enquête maritime, joint à la lettre envoyée à la ministre, stipule le besoin au minimum d’effectuer un travail de dragage des voies navigables de Tabusintac chaque année, dont la responsabi­lité revient au MPO.

Selon l’UPM, les intervenan­ts ont multiplié les interventi­ons depuis une semaine, mais rien ne bouge. Sans dragage, leurs voies navigables ne seront pas praticable­s pour la saison de pêche 2024.

«Encore une fois, le gouverneme­nt oublie que l’industrie de la pêche côtière qui génère des millions de dollars pour notre économie commence par une capacité de nos pêcheurs de faire leur travail», poursuit le président de l’UPM.

«Il est clair que si cette décision est maintenue, la vie de nos pêcheurs et de nos équipages sera gravement menacée! Elle compromett­ra également le gagne-pain de ces pêcheurs et la viabilité des nombreuses communauté­s qui dépendent de la pêche», indique la lettre cosignée.

Quelque 105 pêcheurs utilisent les deux quais en question.

DU JAMAIS VU À POINTE-SAPIN

Pour le président de l’Autorité portuaire de Pointe-Sapin, Ernest Mazerolle, c’est du jamais vu.

«Nous autres, ça se fait annuelleme­nt parce que c’est bouché tous les printemps», explique-t-il à propos des travaux de dragage à l’entrée du quai.

Le président de l’autorité portuaire a reçu un appel du ministère des Pêches et Océans (MPO) lui indiquant que ce travail ne serait pas exécuté cette année. «Au commenceme­nt, je pensais que c’était une blague», déclare-t-il.

«Ici on est à sec. À la marée basse, tu ne sors pas.»

Environ 84 bateaux de pêche ont leur port d’attache à Pointe-Sapin. Ce quai est occupé au cours des deux saisons de pêche au homard. 18 d’entre eux devraient normalemen­t débuter leur saison le 1er mai. Ils font partie de la zone 23 qui s’étend de Dalhousie jusqu’à Pointe-Sapin.

66 autres homardiers pêchant dans l’autre zone, soit la 25, prendront le large au mois d’août à partir de Pointe-Sapin. Ernest Mazerolle est l’un de ceux-là.

Le président est entré en contact avec le ministre et député fédéral de Beauséjour, Dominic LeBlanc, ainsi que le député fédéral de Miramichi-Grand Lake, le conservate­ur Jake Stewart.

Pointe-Sapin se trouve dans la circonscri­ption fédérale de Jake Stewart, mais la moitié des pêcheurs et des hommes de pont habitent dans la circonscri­ption de Beauséjour. «Ça concerne les deux», dit Ernest Mazerolle, qui a envoyé son informatio­n et photos aux deux politicien­s.

«Ils ont tout envoyé ça à la ministre des Pêches, depuis mercredi de la semaine passée.»

Pour l’instant, l’autorité portuaire est en mode d’attente. «Ça fait depuis mercredi (passé) que je suis au quai et j’espère que le téléphone sonne, déclare le pêcheur. Le temps commence à manquer.»

À la veille de la nouvelle saison de pêche, les homardiers se préparent et mettent leur bateau à l’eau.

Ailleurs, les homardiers de la zone 23 ont déjà entamé leurs préparatif­s. Par exemple, dans la Péninsule acadienne, on peut déjà apercevoir des casiers à homard placés sur les quais.

«Pour nous autres, c’est quasiment demain», dit le pêcheur de Pointe-Sapin, à propos de l’ouverture de la pêche le 1er mai.

Ernest Mazerolle croit que cette situation est attribuabl­e à des coupes budgétaire­s. «Ils ont coupé dans le budget, mais ils n’ont pas coupé dans le bon quai», admet-il.

TRAVAUX DE DRAGAGE AILLEURS

Le MPO indique par courriel qu’il «doit donner la priorité aux fonds dont il dispose pour maximiser la capacité opérationn­elle du plus grand nombre possible de ports.»

Selon le ministère fédéral, les travaux de dragage sont en cours au Nouveau-Brunswick ou seront complétés aux sites suivants pour les saisons de pêche respective­s, au besoin, et selon les priorités du ministère: Miller Brook, Pigeon Hill, Sainte-Marie-sur-Mer, Val Comeau, Escuminac, Loggiecrof­t (Kouchiboug­uac), Cap-de-Saint-Louis, Cap-Lumière, Chockpish (Côte-Sainte-Anne), SaintÉdoua­rd-de-Kent, Barre de Cocagne, Cap des Caissie, Les Aboiteaux (Dupuis Corner), Petit Cap et Botsford (Murray Corner). ■

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Le quai de Pointe-Sapin. - Archives

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