Sirop d’érable: des conditions exceptionnelles qui pourraient mener à une récolte record
La saison des sucres 2024 au NouveauBrunswick serait l’une des meilleures des dernières années. Elle pourrait même bien fracasser des records.
«Depuis l’éclipse, les érables ne coulent plus chez nous. C’est donc terminé pour l’année ici.»
Président de l’Association acéricole du Nouveau-Brunswick et partenaire de l’érablière Sirops d’Acadie, Frédérick Dion peut enfin souffler. Samedi dernier, il a bouilli de peine et misère - sa dernière collecte d’eau d’érable de la saison, la quantité et la qualité n’étant plus aux rendez-vous.
La saison a été hâtive cette année, avec des coulées aussi tôt qu’en février. Sa particularité est qu’elle s’est étirée sur une très longue période - environ six à sept semaines - avec très peu des pauses. Les acériculteurs ont donc été passablement occupés en forêt au cours des dernières semaines.
«Les arbres étaient dégagés, il n’y avait pas trop de neige. On a eu de belles températures sans toutefois beaucoup de soleil, ce qui est parfait et qui nous a permis d’avoir des coulées abondantes et constantes. En somme, tous les éléments ont joué en notre faveur, les conditions étaient exceptionnelles», relate M. Dion.
En dépit de la quantité de l’eau d’érable récoltée, ce que remarque également ce dernier c’est la qualité de celle-ci.
«C’est beau d’avoir une longue saison, mais ce qui est encore mieux c’est quand la qualité de l’eau est bonne presque du début à la fin. De façon générale, l’eau était fraîche et sucrée, ce qui fait que ça nécessite une moins grande quantité pour produire le sirop. On ne pouvait pas demander mieux, c’est vraiment une bonne cuvée», confirme le président de l’AANB.
GRANDES ATTENTES
Si les robinets ont fini de couler chez lui, certains acériculteurs un peu plus en hauteurs continuent de récolter l’eau d’érable. Mais là aussi, la saison s’achève. Et à première vue, celle-ci devrait s’avérer particulièrement rentable pour les producteurs. Certains pourraient même avoir fait 6 lb (de sirop) et plus par entailles, ce qui est très élevé.
Dans l’ensemble toutefois, M. Dion parle de la dernière récolte provinciale comme l’une des meilleures des dernières années.
«J’hésite à mentionner le mot record, mais tout pointe vers là. Je pense qu’à l’échelle provinciale, on risque de dépasser notre production maximale de 821 000 gallons établie en 2022. En fait, ce ne serait pas impossible même que l’on dépasse le seuil symbolique du million de gallons, ce qui serait extraordinaire», souligne-t-il, notant que les données officielles ne seront toutefois connues que plus tard cet automne.
Chose certaine, la récolte actuelle est à des années-lumière de celle carrément désastreuse de l’année dernière, une saison qui a laissé des traces et causé de nombreux maux de tête aux producteurs.
«Mais cette récolte-ci devrait leur permettre de se refaire, de combler les pertes subies en 2023 et donner un coup de pouce à ceux qui travaillent sur des projets de développement», soutient l’acériculteur.
Pour les Sirops d’Acadie uniquement, M. Dion prévoit une récolte d’environ 4 lb par entaille, ce qui équivaudrait à une production 10% plus élevée que la récolte record de la jeune et petite érablière de 3000 entailles.
«Une saison de 3,5 lb par entaille, c’est quand même bon. Alors quand on parle de cinq et de six livres, c’est une excellente production. Pour certains plus gros producteurs, ça peut se traduire par 1000 barils additionnels, c’est considérable», mentionne-t-il.
VISION
La saison de la récolte est terminée, M. Dion pourra maintenant s’attarder aux dossiers de l’AANB. Parmi ceux-ci, celui des récents hectares de terres de la Couronne octroyés par la province pour le développement de l’industrie.
«La date limite est passée pour le dépôt des soumissions. On nous dit que les producteurs dont le projet a été retenu devraient être informés au début de l’été. On va donc suivre cela attentivement», dit-il.
Mais au-delà de ces hectares, celui-ci dit vouloir continuer la discussion avec la ministre de l’Agriculture quant au développement d’une véritable vision à long terme pour l’industrie acéricole.
«On souhaite une feuille de route pour déterminer ce qu’on veut être dans 10, 15, 20 ans au niveau de la production et de la transformation, et quels sont les moyens à prendre pour mettre pour se rendre là. En fait, on souhaite avoir une vision d’avenir et on veut la province comme partenaire làdedans», indique-t-il. ■