Pour les oiseaux
En cette période perturbée, nos premières pensées doivent évidemment aller à nos proches et à ceux qui souffrent de la pandémie partout dans le monde. Cependant, il demeure encore utile de se demander ceci : « Quel est l’impact de la pandémie de coronavirus sur nos oiseaux? »
Le facteur le plus critique derrière les graves déclins mondiaux des populations d’oiseaux est peut-être la destruction et la dégradation de leurs habitats par les huit milliards d’humains sur Terre. La pandémie ayant un impact négatif énorme sur les marchés mondiaux, il est plausible que certains projets d’aménagement à grande échelle susceptibles de détruire des habitats précieux pour les oiseaux tant nicheurs que migrateurs puissent être reportés au moins pour un avenir prévisible, ce qui donnerait du temps aux oiseaux. Deuxièmement, comme les humains restent chez eux, que les usines et les bureaux ferment et que les véhicules, les avions et les navires sont moins nombreux, il y a moins de pollution de l’air, de l’eau, par la lumière et le bruit. Avec des milliards d’humains qui ne se rendent plus dans les lieux où les oiseaux se nourrissent et se reproduisent, cela se traduit certainement par un relâchement de la pression directe sur les populations d’oiseaux.
De plus, en raison de la pandémie, le monde s’intéresse désormais de plus près à la récolte illégale et au commerce des oiseaux. De nombreux experts pensent que le coronavirus a son origine dans un marché « humide » où les oiseaux et autres animaux sauvages capturés sont gardés en cage dans des conditions cruelles, puis vendus comme ornements, animaux de compagnie, sources de médicaments traditionnels et, bien sûr, comme aliments. Les gouvernements du monde entier reconnaissent aujourd’hui que le commerce des animaux sauvages, légal ou illégal, pourrait engendrer des virus encore plus dangereux à l’avenir. Rappelez-vous comment la peur de la grippe aviaire a incité l’Union européenne à adopter des lois plus strictes pour empêcher le commerce transfrontalier des animaux sauvages. Cette crise conduira peut-être à des mesures visant à faire cesser ces commerces.
À l’inverse, l’effondrement mondial du tourisme, notamment la baisse du nombre d’écotouristes dans les destinations d’ornithologie, pourrait avoir de graves ramifications économiques, par exemple une baisse de la motivation à protéger les habitats sauvages, alors que moins de personnes protégeront les oiseaux contre diverses formes de récolte commerciale ou alimentaire. Les sanctuaires et les refuges pourront-ils fonctionner avec des budgets réduits par la spirale des déficits publics?
Le confinement qui restreint les relevés des nids et les comptages d’oiseaux et qui empêche l’amélioration et la conservation des habitats habituels entraînera des difficultés futures pour les oiseaux. Ces activités sont extrêmement pertinentes aujourd’hui en raison de l’occasion unique de collecter des données scientifiques sur l’impact de la réduction des pressions humaines sur les populations d’oiseaux.
Il y a des choses que nous pouvons faire. D’abord, nourrir les oiseaux. Alors que de nombreux magasins de détail desservant l’industrie milliardaire de l’alimentation des oiseaux avaient fermé leurs portes pendant le confinement, ils ouvrent à nouveau. Si vous êtes bloqué dans votre maison et votre cour, pourquoi ne pas garder vos mangeoires bien garnies pour profiter des oiseaux avec leurs couleurs étonnantes et leurs beaux chants? Il est également facile de pratiquer la distanciation sociale tout en observant les oiseaux dans votre forêt, votre champ ou votre marais favori. Enfin, n’oubliez pas les organisations qui se consacrent à la conservation des oiseaux. Leurs coffres ont sans doute souffert dans les moments difficiles. Elles ont besoin de votre aide pour faire de bonnes choses. Pensez donc à faire un don à votre espèce ou à votre groupe de conservation préféré.—DAVID