École normale supérieure : former des élites françaises
L’École normale supérieure (ENS) et son système de formation d’élites à la française reflètent les caractéristiques propres à la majorité des Français. Ceux-ci, se considérant depuis toujours comme des personnes dotées d’une excellente capacité de réflexion, sont toujours à la recherche d’idées et de concepts et possèdent une puissance morale et intellectuelle remarquables : ils admirent les théories abstraites, adorent l’universalité, recherchent la pureté, préfèrent la clarté à la division en deux aspects lors d’une démonstration, mais ils sont souvent en contradiction avec euxmêmes ou vont à l’extrême ; leurs grands penseurs aiment s’ériger en sauveurs, penser pour toute l’humanité, en offrant à celle-ci des concepts politiques abstraits, élégants et complexes tels que la liberté, l’égalité, la fraternité, la république et l’intérêt public ; dans le baptême du siècle des Lumières, ils vénèrent la raison, mais adorent le mystique, la passion et l’aventure. Sans aucun doute, l’« intellectuel » est la création culturelle avec laquelle la France contribue au monde, tandis que l’ENS est le berceau des intellectuels d’élites.
Depuis deux centenaires, les Français sont confrontés à un thème contradictoire éternel : Comment éduquer des élites sans fabriquer une couche sociale à part ? L’enseignement supérieur français incarne d’une part l’égalité car toute la population peut bénéficier d’un enseignement supérieur gratuit, d’autre part, la France compte un système hiérarchique plus strict que celui des autres pays européens. Comment sélectionner et reconnaître les élites et comment leur attribuer un statut légal ? Le système propédeutique original français présente probablement des réponses à ces questions. Sanlian Life Weekly N° 45, 7 novembre 2016