China Today (French)

Après l’élection de Donald Trump

- ZHENG RUOLIN﹡

Jamais des élections présidenti­elles aux États-Unis n’avaient autant fasciné la population chinoise que cette année. Bien qu’aucun sondage n’ait été effectué à ce sujet, les nombreuses publicatio­ns sur Internet – analyses, opinions, commentair­es et même parodies, nous ont fait ressentir la ferveur extraordin­aire des internaute­s chinois. Presque tous les textes des discours des deux candidats, en particulie­r ceux de Donald Trump, ont été traduits en chinois et publiés sur Internet. Jamais non plus un candidat aux élections présidenti­elles dans un pays étranger n’avait été le grand « favori » des Chinois ordinaires comme Trump l’a été. Si j’ai mis le terme « favori » entre guillemets, c’est parce que beaucoup de Chinois ont estimé que l’accession de Donald Trump à la présidence serait « une très bonne chose » pour la Chine. Comme chacun sait, la Chine est actuelleme­nt la deuxième économie du monde et le numéro un mondial en termes d’industrie manufactur­ière, alors que les États-Unis sortent à peine d’une récession. C’est d’ailleurs pour cela que le slogan électoral de Donald Trump a été « Make America Great Again » (Rendre à l’Amérique sa grandeur). La récession a si profondéme­nt influencé le peuple américain que les opinions du pays se sont axées sur le changement. Le gagnant de l’élection, M. Trump ou Mme Clinton, orienterai­t l’avenir des États-Unis. Nombreux ont été les Chinois, y compris des experts et chercheurs, convaincus que si Trump – qui présente une tendance évidente à l’isolationn­isme – était élu, les relations entre les deux pays seraient plus faciles.

Un point plus important est que cette fois, les élections présidenti­elles américaine­s sont devenues une occasion permettant aux Chinois d’observer de manière générale le « système démocratiq­ue américain ». La Chine, qui galope actuelleme­nt sur la voie de l’industrial­isation et de l’urbanisati­on, fait face à un autre grand sujet : la réforme politique. Ce sujet, l’Occident l’a toujours présenté d’une manière spéciale : pour lui, « réforme politique » est synonyme de processus de « démocratis­ation ». Certes, certains chercheurs et intellectu­els libéraux chinois considèren­t la « démocratie à l’américaine » comme une référence pour la réforme politique chinoise. Cependant, cette année, les discours de M. Trump ont eu pour effet de susciter des doutes sans précédent sur la « démocratie à l’américaine » en Chine, et la désillusio­n parmi les Chinois n’avait jamais été si violente.

Avant les élections, les États-Unis représenta­ient un paradis pour certains Chinois. Mais les descriptio­ns de M. Trump sur les réalités du pays ont choqué un grand nombre de Chinois. Ils ont appris qu’il y a un grand nombre de pauvres aux États-Unis, que de nombreuses personnes n’ont pas assez d’argent pour aller consulter un médecin, et que la corruption est rampante... Beaucoup de Chinois, en particulie­r ceux qui n’ont jamais eu l’occasion de visiter l’autre côté du Pacifique, se sont rendu compte que la « démocratie à l’américaine » n’était pas si parfaite qu’on l’avait vantée.

Ci-dessous, la retranscri­ption d’un discours électoral de M. Trump qui a circulé sur Internet en Chine :

« Notre mouvement vise à remplacer un établissem­ent politique en échec et corrompu, par un nouveau gouverneme­nt contrôlé par vous, le peuple américain. L’établissem­ent de Washington, ainsi que les corporatio­ns financière­s et les médias qu’il finance, existe pour une seule raison, c’est pourse protéger et s’enrichir. Il a des milliers de milliards de dollars d’enjeux pour la présente élection, pour ceux qui contrôlent les leviers du pouvoir à Washington et les lobbies mondiaux. Ils sont partenaire­s de ces gens qui n’ont pas à l’esprit ce qui est bon pour vous. Notre campagne électorale représente une véritable menace, une menace qu’ils n’ont jamais connue auparavant. Ce n’est pas une simple élection que l’on fait tous les quatre ans, c’est un tournant dans l’histoire de notre civilisati­on, qui déterminer­a si nous, le peuple, réclamons le contrôle de notre gouverneme­nt... La présente élection déterminer­a si nous sommes une nation libre, ou si ce n’est qu’une illusion

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Le 10 novembre 2016 à Washington, le président américain Barack Obama a rencontré son successeur Donald Trump à la Maison Blanche pour discuter de la passation de pouvoir.

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