China Today (French)

Un district se mobilise pour la protection des enfants de travailleu­rs migrants

- LI YANAN* et YANG QIAN*

Yi Yi, âgée de 12 ans, aime bien la chanson Song of Seven Sons – Macao, la chanson du retour de Macao à la Chine, inspirée d’un poème écrit en 1925 par le célèbre patriote Wen Yiduo. Une phrase la touche particuliè­rement : « Je vous ai laissée trop longtemps, Mère ! »

Yi Yi est née dans le district de Tongxu, dans la province du Henan. Elle n’a pas vu sa mère depuis quatre ans. Elle a un frère âgé de 9 ans. Les deux enfants sont élevés par leurs grands-parents.

Le district compte 660 000 habitants, dont 160 000 travailleu­rs migrants. Plus de 6 800 enfants ont été laissés sur place par leurs parents, comme Yi Yi. Les parents travaillen­t en ville et n’ont pas le temps de s’occuper d’eux.

Au mois de février 2016, le Conseil des affaires d’État a publié une propositio­n sur le renforceme­nt de la protection des enfants laissés dans les campagnes. C’est la première fois que l’on élabore un document de haut niveau à ce sujet. En tant que site pilote, le district de Tongxu a entrepris, depuis 2011, des actions concrètes. Lu Yun, secrétaire du comité du Parti communiste chinois du district, explique l’importance de ce travail : « Si nous sommes prêts à payer des millions de yuans pour construire une route, pourquoi ne pas consacrer quelques ressources à l’améliorati­on de la vie des enfants ? »

Des parents disparus

Nous avons rencontré Yi Yi au collège no 2 du bourg de Sunying à la fin du mois de septembre. Malgré le temps frais, elle portait encore des sandales d’été. Comme elle vit en dortoir à l’école et qu’elle ne veut pas déranger ses grands-parents âgés et affaiblis, elle ne peut changer de chaussures que lorsqu’elle rentre le week-end.

Peu loquace, Yi Yi est gênée par nos questions. Elle ne veut pas révéler son monde intérieur à des inconnus. Lorsqu’on lui demande si elle pense à ses parents, elle se met à pleurer d’un seul coup. Pour le moment, son père travaille à Suzhou, dans le Jiangsu, et sa mère n’est pas rentrée depuis bien longtemps.

Yi Yi nous raconte son souvenir le plus vif, lorsque son père a plié un billet de 100 yuans en forme de coeur et lui a offert en l’encouragea­nt à bien travailler à l’école. Elle s’est sentie pleine de joie lorsque son père est resté des jours entiers avec elle et lui a acheté de nouveaux vêtements pendant les vacances de la fête du Printemps. Son souhait le plus ardent est d’aller dans la ville où son père travaille, puis de construire une grande maison quand elle sera grande, dans laquelle tous les membres de sa famille habiteront ensemble.

Les grands-parents de Yi Yi ont 65 ans. Assez chétifs, ils s’occupent de plus de 0,3 ha de terre. Ils habitent une maison en briques très basse, dont les fenêtres n’ont pas de vitres et sont couvertes de tissu. Sur le rebord, un carton encourage les enfants à « Étudier dur et faire des progrès tous les jours » à côté des 26 lettres de l’alphabet occidental. Selon sa grand-mère Xu Xiu’e, Yi Yi a écrit cet alphabet pour l’enseigner à son frère cadet le week-end.

Han Han, âgée de 8 ans, n’a pas vu ses parents depuis plusieurs années. En 2012, son père est mort d’un cancer de l’estomac. Pour acquitter les dettes de la famille, sa mère est partie travailler en ville, laissant au village Han Han et son frère cadet de deux ans.

Han Han et son frère vont à l’école primaire de Xiaoganggu­o, à Tongxu. Leur grand-père nous dit que Han Han est une

 ??  ?? Des enfants jouent sous la conduite d’une enseignant­e, dans la « maison d’amour » du village de Donglushi.
Des enfants jouent sous la conduite d’une enseignant­e, dans la « maison d’amour » du village de Donglushi.

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