Chercher l’inspiration dans la philosophie chinoise
l’heure où les bouleversements du monde viennent ternir notre illusion de stabilité, nous ne sommes plus aussi certains de nos choix de vie. Les doutes face aux choix de nos sociétés engendrent les doutes sur nos propres vies. Nous cherchons des réponses à nos angoisses.
La Chine, avec sa culture multimillénaire du soin du corps et de l’esprit, est naturellement grande pourvoyeuse de techniques et philosophies à même de venir au secours de l’homme moderne désorienté.
Pourtant, la Chine vue sous de multiples facettes souvent contrastées, est rarement citée comme un exemple. En effet, les médias dépeignent régulièrement son aventure de progression économique, ses préoccupations écologiques, son avancée dans la construction d’un État de droits, mais on omet bien souvent l’omniprésence de sa culture du bien-être, aussi affinée soit-elle. En quoi la Chine est-elle devenue une réelle fontaine de jouvence pour les Occidentaux qui ne se reconnaissent plus dans leurs sociétés ?
La Chine, source de réveil et de renaissance
Djamila est une voyageuse française anciennement institutrice venue découvrir, un peu par hasard, le taï chi à Yangshuo, un site pittoresque dans le Guangxi. Loin des grandes mégalopoles où l’on est davantage plongé dans la quête de réussite financière, elle s’est épanouie dans la simplicité des philosophies traditionnelles chinoises dans leur contexte naturel : « En fait, (en Chine), j’ai littéralement vécu une crise d’adolescence, un (ré)apprentissage de la vie. J’étais logée parmi les locaux, dans un petit village en bordure de rivière, imprégné du parfum des orangers. Dès que j’ouvrais les yeux pour une nouvelle journée, je me trouvais face à un pays tellement frappant de différence qu’il s’agissait littéralement d’un autre monde, où tout était à réapprendre. Tel un enfant, il m’a fallu apprendre à me faire comprendre, à parler, à manger, à cuisiner et à réapprivoiser mon corps. Ma difficulté à être indépendante et mon incompréhension m’ont amenée à tenter de me rebeller, de résister. Mais au fond de moi, je ressentais pourtant une évidence : l’essence et le sens même de la vie contre lesquels on ne peut se battre. Cette révolution intérieure s’est passée à mon corps défendant, la Chine m’a envoûtée. Je me suis perdue pour mieux me retrouver. (…) Je me suis sentie libre de profiter du présent. J’ai pu être à l’écoute de moi-même, parfois en accord, parfois en désaccord, j’ai ainsi vécu et exploré pleinement ma tristesse aussi bien que ma joie, jusqu’à développer une clairvoyance et une capacité à me laisser glisser vers la bonne voie du moment. Plus rien d’autre n’importait. À l’image de nos comportements d’enfants, la vie est un jaillissement spontané. Les Chinois savent davantage la laisser exister et lui faire confiance. Ils n’ont pas cette pudeur, cette peur de paraître immature. Ils portent des t-shirts Mickey ou Hello Kitty à quarante ans, ils rient en bandes de copains toute la soirée à tout âge... Ils vivent quoi ! J’y ai appris le plaisir de la discipline à travers le taï chi et le qigong, et la patience infinie des hommes qui vivent avec le rythme que leur impulse la nature. »
En fait, là où les Occidentaux ont tendance à amplifier les angoisses quotidiennes pour « gonfler » leurs capacités à se battre, les Chinois répriment l’inquiétude en acceptant le flux de la vie. Le mauvais est nécessaire au même titre que le bien. L’équilibre du yin et du yang est présent en toute chose. C’est ce qui crée ce sentiment de paix au milieu du chaos apparent, et ce ressenti de force, d’enracinement d’une culture qui ne peut aisément être déstabilisée. Confucius a dit : « Le sage est calme et serein. L’homme de peu est