China Today (French)

Qiao Weiyue, inventeur de l’écluse

- (France) CHRISTOPHE TRONTIN

Chaque mois, vous raconte l’histoire d’une invention chinoise, ancienne ou récente, absolument véridique ou un peu romancée, et de son auteur. Ces personnage­s qui ont fait la Chine et le monde tels que nous les connaisson­s aujourd’hui...

à cette époque reculée, l’exploitati­on du canal butait sur un obstacle de taille : bien qu’on se fût efforcé d’assurer, sur toute sa longueur, un niveau d’eau aussi égal que possible pour faciliter la navigation continue des barges, il présentait pourtant une différence de niveau de 42 mètres entre son point le plus élevé (dans les montagnes du Shandong) et son point le plus bas (le niveau de la mer à Hangzhou). Il fallut donc bien, en différents points, et notamment autour de Bianjing, recourir à des écluses.

Mais les écluses de l’époque étaient rudimentai­res : il s’agissait de simples barrages à vannes qui pouvaient s’ouvrir ou se fermer. Lorsqu’un navire devait changer de niveau, on ouvrait simplement la vanne, créant une vague qui emportait les navires vers le niveau souhaité, causant souvent des chocs, des dommages à la cargaison et parfois même des naufrages.

Ce problème était connu mais ne trouvait pas de solution. Fallait-il multiplier les écluses pour en réduire le dénivelé ? Coûteux. Ou bien renforcer les navires, afin qu’ils tiennent mieux le choc ? Compliqué. En 984, l’administra­tion du canal fit venir un certain Qiao Weiyue, commissair­e adjoint aux transports de Huainan et ingénieur à ses moments perdus, pour remédier à la situation dans les environs de la capitale.

En raison des difficulté­s du terrain, il dut dessiner et faire construire deux écluses traditionn­elles situées à moins de 200 mètres l’une de l’autre. C’est en effectuant des essais sur le chantier qu’il trouva soudain la solution, simple et élégante, au problème séculaire. Les deux écluses formaient un bassin dont le niveau pouvait être sans effort adapté soit à l’amont, soit à l’aval. C’est à lui que l’on doit le principe et la réalisatio­n d’écluses à sas semblables à celles que l’on connaît aujourd’hui. À niveau d’eau égal des deux côtés, les portes amont puis aval se ferment et s’ouvrent sans à-coup. Une ventelle pratiquée dans les portes permet à l’eau de suivre le principe des vases communiqua­nts et de faire que les péniches et les barges s’élèvent ou s’abaissent tranquille­ment dans le sas pour atteindre le niveau souhaité. Génialemen­t simple !

Il ne manquait plus que le principe des portes busquées, qui empêche l’ouverture des portes tant que le niveau de l’eau n’est pas égal des deux côtés. Cette améliorati­on attribuée à Léonard de Vinci viendra perfection­ner, cinq cents ans plus tard, l’écluse de Qiao Weiyue.

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