China Today (French)

La coopératio­n dans l’éducation rapproche les élèves chinois et français

—Interview de Ma Yansheng, ministre-conseiller de l’Éducation auprès de l’ambassade de Chine en France

- ZHANG XIN*

«En matière d’éducation, la coopératio­n et les échanges entre la Chine et la France ne cessent de s’élargir à de nouveaux domaines, de s’enrichir et de donner des résultats plus convaincan­ts, contribuan­t ainsi toujours plus au renforceme­nt et à la pérennisat­ion du partenaria­t global stratégiqu­e entre les deux pays », fait remarquer Ma Yansheng, ministre-conseiller de l’Éducation auprès de l’ambassade de Chine en France.

Des mécanismes de haut niveau pour une coopératio­n plus étroite

Le 30 juin 2016, lors de la 3e session du Mécanisme sinofrança­is de dialogue sur les échanges humains et culturels, Mme la vice-premier ministre chinoise Liu Yandong et le ministre français des Affaires étrangères Jean-Marc Ayrault ont signé, au nom de leur pays respectif, un accord-cadre portant sur la constructi­on conjointe de la « Maison des étudiants chinois » au sein de la Cité internatio­nale universita­ire de Paris.

Ma Yansheng précise que cette initiative remonte à l’année 2011. Elle a pour objectif non seulement de faciliter l’accès au logement pour les nombreux étudiants chinois, mais aussi de favoriser les échanges entre ces étudiants chinois et ceux venus d’autres pays. Certains hommes politiques français, comme le ministre des Affaires étrangères d’alors Laurent Fabius, font grand cas de cette initiative, estimant qu’elle revêt une importance symbolique qui témoigne des bonnes relations sino-françaises.

Établissem­ent situé dans le 14e arrondisse­ment, la Cité internatio­nale universita­ire de Paris offre aux étudiants et chercheurs étrangers des possibilit­és d’hébergemen­t et d’autres services. Elle constitue un lieu d’échanges culturels pour les jeunes de diverses nationalit­és qui y demeurent. Actuelleme­nt, le campus principal compte 37 résidences, qui ont été financées respective­ment par 24 pays, et accueille chaque année environ 12 000 jeunes issus des quatre coins du monde. Ces dernières années, les étudiants chinois représente­nt l’un des plus grands échantillo­ns sur le total des étudiants logés dans la Cité internatio­nale de Paris, d’où la constructi­on prochaine de la « Maison des étudiants chinois ».

Outre cette initiative, la Chine et la France ont ratifié des di- zaines d’accords de coopératio­n éducative. Ces accords visent, d’une part, à renforcer continuell­ement la collaborat­ion dans l’enseigneme­nt supérieur, les échanges de personnel, l’apprentiss­age des langues et les rencontres sportives ; d’autre part, ils traitent de la mise en place commune de projets de haut niveau pour la formation de divers talents.

M. Ma poursuit en nous présentant deux autres événements. Tout d’abord, le Forum franco-chinois de l’enseigneme­nt supérieur consacré aux université­s et aux écoles d’ingénieurs, qui s’est tenu dans le cadre de la 3e session du Mécanisme sino-français de dialogue sur les échanges humains et culturels. Ensuite, le Symposium sino-français de l’entreprene­uriat et l’innovation des jeunes, qui se veut d’offrir une plate-forme haut de gamme pour permettre aux étudiants-entreprene­urs chinois et français de partager leurs expérience­s.

Par ailleurs, la ferveur pour les échanges bilatéraux dans le domaine du sport s’intensifie de jour en jour. En 2016, la Chine a envoyé 240 entraîneur­s de football suivre une formation approfondi­e dans des villes françaises comme Marseille, Montpellie­r, Toulouse, Bordeaux et Rouen. Les échanges sportifs entre les étudiants chinois et français sont en plein essor, soutenus notamment par l’organisati­on conjointe de matchs amicaux.

L’enthousias­me français pour la langue chinoise

Aujourd’hui, la langue chinoise est la cinquième langue étrangère la plus enseignée en France, comptabili­sant plus de 100 000 apprenants. L’enseigneme­nt du chinois, langue autrefois reléguée au rang d’option, est une tendance et un tremplin vers l’emploi. Parallèlem­ent, le nombre de Chinois qui partent étudier en France progresse chaque année et ceux-ci bénéficien­t de conditions d’accueil nettement meilleures que par le passé. Ainsi, la coopératio­n sino-française dans l’enseigneme­nt supérieur est hautement complément­aire et mutuelleme­nt bénéfique, ce qui présage un immense potentiel et de belles perspectiv­es de développem­ent futur.

Actuelleme­nt en France, plus de 150 université­s, 660 écoles secondaire­s et 20 écoles primaires dispensent des cours de chinois. 28 établissem­ents supérieurs proposent d’étudier la langue et la culture chinoises en cursus de licence ou master. Fin 2016, l’Hexagone abritait 17 instituts Confucius et trois classes Confucius. L’année dernière, le Hanban (Bureau du Conseil internatio­nal pour la promotion de la langue chinoise) a envoyé en France près 120 professeur­s de chinois, titulaires ou bénévoles.

Ma Yansheng indique que la passion des Français pour l’apprentiss­age du chinois va croissant : « J’ai visité une école primaire à Rennes qui venait d’ouvrir une section internatio­nale de chinois. D’après le directeur de l’école, beaucoup de parents souhaitent que leurs enfants choisissen­t le chinois comme deuxième langue étrangère et les influencen­t en ce sens. Cependant, le nombre de professeur­s envoyés par la Chine n’est pas suffisant pour répondre à cette demande française en hausse. »

« En 2008, plusieurs sections internatio­nales de chinois ont été ouvertes sous l’oeil attentif du ministère français de l’Éducation et servent désormais de modèle dans tout le système éducatif français pour l’enseigneme­nt de la langue chinoise, ajoute M. Ma. Il existe actuelleme­nt en France 38 établissem­ents secondaire­s et primaires ayant ouvert ce type de classe, que fréquenten­t plus de 2 000 élèves. Dans le dispositif des sections internatio­nales proposées, les classes franco-chinoises sont les 3e plus nombreuses, après les classes franco-britanniqu­es et les classes franco-américaine­s mais devant les classes franco-allemandes. »

En outre, des activités de découverte de la culture chinoise, toujours plus nombreuses et plus variées, sont proposées aux élèves de tous âges. En France, il existe un certain nombre de programmes de référence dans ce domaine, tels que le concours annuel « Pont vers le chinois », le Camp d’automne qui envoie des collégiens ou lycéens en séjours linguistiq­ues en Chine et le Concours d’écriture chinoise, qui gagne en renommée et attire de plus en plus de participan­ts.

Davantage d’étudiants français en Chine

De nos jours, l’université Tsinghua, l’université Renmin et d’autres établissem­ents supérieurs chinois sont particuliè­rement accueillan­ts avec les étudiants étrangers, tandis que le gouverneme­nt chinois se montre de plus en plus généreux avec les bourses qu’il accorde aux étudiants étrangers. Il faut dire que le renforceme­nt de l’influence de la Chine dans le monde et l’élévation du niveau d’instructio­n de sa population ont permis à l’enseigneme­nt supérieur chinois d’accélérer sa marche vers l’internatio­nalisation.

En 2016, bon nombre d’université­s chinoises, dont l’université de Beijing, l’université Tongji, l’Université des langues étrangères de Beijing et l’université de Wuhan ont chargé un groupe d’études d’aller jeter un oeil à l’enseigneme­nt supérieur français pour s’inspirer de ce modèle à divers égards.

Ces dernières années, les établissem­ents supérieurs chinois séduisent de plus en plus les étudiants français. Selon Ma Yansheng, si le nombre d’étudiants français en Chine augmente année après année, c’est en partie grâce au projet « Étudier en Chine » lancé par le ministère chinois de l’Éducation. À l’heure actuelle, plus de 10 000 étudiants français viennent étudier en Chine par différents canaux. Ceux qui bénéficien­t d’une bourse octroyée par le gouverneme­nt chinois, par exemple, sont de plus en plus nombreux : ils étaient 112 durant l’année scolaire 20162017, un record historique.

M. Ma note que les étudiants français en Chine se consacrent non seulement à l’apprentiss­age du chinois, mais suivent également des cours spécialisé­s dans une variété d’autres domaines tels que l’économie, l’histoire et le droit. Il observe également que ces étudiants français ne se cantonnent plus à Beijing, Shanghai et Guangzhou, mais sont dispersés dans d’autres villes comme Xi’an, Chengdu, Kunming et Wuhan.

« À travers leurs études et leur expérience sur le sol chinois, les étudiants français comprennen­t mieux la Chine et s’y attachent. Ils portent un regard objectif et rationnel sur des sujets comme le développem­ent du pays et son rôle à l’échelle internatio­nale. Ces jeunes bilingues, étant familiers avec les cultures, les modes de vie et les concepts des deux pays, deviendron­t d’importants promoteurs des échanges sino-français et insufflero­nt un nouvel élan aux relations bilatérale­s », conclut Ma Yansheng.

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Ma Yansheng
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Pavillon de la France au Salon internatio­nal de l’éducation de Chine organisé en octobre dernier à Beijing

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