La tête dans les nuages de Beijing
Une promenade architecturale à travers les gratte- ciel de la capitale chinoise.
Trop souvent, les touristes étrangers visitant Beijing se contentent de déambuler sur la place Tian’anmen et de s’entasser dans la Cité interdite ou les hutong étroits de la capitale chinoise. Or, pendant que ces endroits mythiques monopolisent l’attention des curieux, tout un monde à la verticale reste inexploré : celui des gratte-ciel de Beijing, qui dominent de plus en plus l’horizon, et qui offrent une fenêtre sur le passé, le présent et l’avenir de la ville.
Contrairement à Shanghai – obsédée par un panoramique tape-à-l’oeil – ou à Hong Kong, avec son ciel suffocant et brumeux, les hauteurs de Beijing sont dispersées un peu partout dans la ville et donc impossibles à embrasser d’un seul coup de regard. Or, parcourir la capitale chinoise en regardant vers les hauteurs, du nord au sud et de Haidian à Chaoyang, offre un tout autre point de vue sur la ville et permet d’apprécier les changements parfois radicaux qui s’y sont produits au cours des années.
Beijing compte actuellement plus de 900 hauts bâtiments parsemés dans toute la ville, à travers lesquels on peut observer l’évolution de toute une gamme de styles architecturaux, allant des influences « sino-soviétiques » des années 50 à un post-modernisme éclaté aujourd’hui. Je vous invite à m’accompagner dans une balade à travers la ligne d’horizon architecturale de la capitale chinoise, pour en découvrir les changements dans le temps et l’espace.
Les premières hauteurs
Nous commençons notre tournée aux environs de la place Tian’anmen, notamment dans les quartiers Xicheng et Dongcheng, où les architectes chinois se lancèrent à l’assaut des hauteurs pour la première fois. En 1959, lors du 10e anni- versaire de la fondation de la République populaire de Chine, le gouvernement central décida de lancer une grande initiative d’urbanisme pour moderniser l’image de la capitale : la construction de 10 grands bâtiments, chacun symbolisant une année depuis la fondation de la nouvelle Chine.
Ces bâtiments monumentaux, conçus par l’Institut de conception architecturale de Beijing, et qui trônent encore aujourd’hui, ont lancé en grand l’ère des gratte-ciel en Chine. Construits à grande échelle et équipés d’installations modernes pour l’époque, ils ont aidé à établir et à célébrer l’image de la « Nouvelle Chine » et à redéfinir Beijing comme une ville moderne et à l’avant-garde.
L’un de ces 10 bâtiments est l’Hôtel Minzu, situé sur l’avenue centrale de Chang’an, qui est reconnu comme le premier véritable gratte-ciel de Beijing. Complété en 1959, l’hôtel possède une hauteur modeste par rapport à celle des gratte-ciel construits à nos jours, mais qui suffit à lui donner le titre de la plus haute structure autonome à Beijing entre 1959 et 1964.
Moins hauts, mais tout aussi emblématiques du style de cette époque sont le Musée militaire de la Révolution du Peuple chinois, influencé par le cubisme soviétique, et le Palais des Expositions de Beijing, construit en 1954, qui est peut-être l’exemple le plus frappant de l’influence russe dans la capitale. Avec ses 13 étages, le Palais culturel des ethnies, datant de 1959, figure aussi parmi les premiers gratte-ciel de la ville. Il s’agit d’un bâtiment moderne avec des touches traditionnelles chinoises, dont l’élément le plus distinctif est sans doute son toit en plusieurs couches, qui rappelle les formes d’une pagode, avec des arêtes incurvées et des bords hérissés.
Ce premier lot de bâtiments ouvrit la porte d’une nouvelle ère. Non seulement ils combinaient harmonieusement des influences à la fois chinoises et étrangères, créant un nouveau style propre à la capitale, mais la Chine avait aussi pour la première fois la capacité de projeter des constructions à la verticale. Pour ses deux raisons, ce grand projet d’urbanisme envoyait un message clair : l’architecture chinoise s’était résolument engagée sur la voie de la modernité.
L’irruption de la postmodernité
La seconde vague de construction en hauteur débuta en 1989, résultat direct de la réforme et de l’ouverture du pays. Délaissant les influences soviétiques de la vague précédente, les nouvelles constructions se sont mises à la page des dernières tendances mondiales, adoptant des conceptions fonctionnelles et résolument futuristes.
La tour centrale de radio-télédiffusion de Beijing se dresse à l’ouest de Tian’anmen, comme un arbre solitaire dans l’arrondissement Haidian – autrement relativement plat. Construite en 1994, la tour est située en bordure du grand parc Yuyuantan, d’où les passants peuvent admirer les magnifiques couleurs de la tour en soirée. La tour intégrait pour la première fois des services
soutien inconditionnel », a déclaré Andy Murray lors de son sacre à Shanghai. D’autres joueurs, comme Novak Djokovic, Rafael Nadal ou Roger Federer, n’ont pas été avares de louanges au sujet des tournois qu’ils ont joués en Chine.
Pourtant il manque quelque chose au public chinois qui remplit les stades et emplit ces tournois d’une atmosphère festive et spectaculaire. Un élément est absent qui leur permettrait d’apprécier encore plus un tournois disputé dans leur pays. Cet élément manquant, ce sont les joueurs chinois. Ou plus précisément, les joueurs chinois susceptibles d’arracher le trophée dans les tournois les plus prestigieux.
Un baril de poudre prêt à exploser
La Chine compte pas moins de 15 millions de joueurs de tennis licenciés, un nombre certes modeste au regard de sa population, mais pourtant de très loin supérieur à celui des autres pays. L’Espagne, par exemple, compte moins de 90 000 licenciés et pourtant le pays organise chaque année 25 compétitions masculines et six féminines comptant pour le Grand Chelem et s’enorgueillit de voir plusieurs joueurs camper sur les plus hautes marches du tennis mondial.
Le meilleur classement obtenu par un joueur chinois est le rang de numéro 2. En 2014, la joueuse Li Na a remporté l’Open d’Australie, sa seconde grande réussite après s’être imposée en 2011 sur la terre battue de Roland Garros contre Francesca Schiavone. Cependant à la fin de cette même année, Li Na annonçait son retrait de la compétition suite à une blessure au genou. « À 32 ans, je ne pourrai jamais revenir au sommet et battre les meilleures joueuses. Ce sport est trop disputé, le niveau est trop élevé pour quelqu’un qui n’est pas à 100 % de ses moyens », a affirmé la championne lors de l’Open de Wuhan, dans sa ville natale.
Au-delà des exploits de Li Na, il faut citer aussi la médaille d’or olympique rem- portée par Li Ting et Sun Tiantian lors des doubles des JO d’Athènes en 2004. Deux ans plus tard, la paire composée de Zheng Jie et Yan Zi remportait l’Open d’Australie et Wimbledon. Mais les champions de tennis en double ne jouissent pas du même prestige que ceux du simple. Cette même année, en 2004, on a vu l’étoile de Li Na monter au firmament, puisqu’elle fut la première joueuse chinoise à se glisser dans le top 20 mondial. Puis elle a remporté deux titres du Grand Chelem avant d’annoncer sa retraite anticipée. Depuis, le tennis de haut niveau chinois connaît une sorte de traversée du désert. Aux Jeux Olympiques de Rio, la Chine n’était représentée par aucun joueur masculin, tandis que chez les femmes, Wang Qiang, numéro 66 au classement mondial, Zheng Saisai, 61e et Zhang Shuai, 34e, se sont montrées discrètes.
Malgré cela, tout laisse à penser que cette période de vaches maigres prendra fin tôt ou tard. Il y a environ 40 000 courts de tennis en service en Chine aujourd’hui, et de plus en plus de jeunes se sont lancés dans ce sport à plein temps. Plusieurs joueurs internationalement connus ont ouvert des centres d’entraînement en Chine, comme le Japonais Michael Chan ou les Espagnols Juan Carlos Ferrero, Emilio Sánchez Vicario et Sergio Casal.
Adopter les systèmes d’entraînement éprouvés à l’étranger, importer des méthodes de travail, c’est le seul moyen de s’assurer que les joueurs les plus talentueux parviendront au niveau d’excellence qui leur permettra de prendre part aux compétitions les plus prestigieuses. Il y a un an, l’Académie de tennis junior 1123 de Beijing a engagé Sergio Sabadello, ancien entraîneur argentin de l’Académie du tennis fondée par le fameux champion Guillermo Vilas à Palma de Mallorca, en Espagne. Un entraîneur qui a beaucoup travaillé avec le champion Rafael Nadal. La saison de tennis est sur le point de reprendre. Quoiqu’il se produise dans les tournois de cette année, la Chine ne peut pas attendre qu’on lui cède facilement une place. L’année dernière, les résultats ont été modestes. Pourtant, quelque chose a bougé parmi les joueurs de la jeune génération. Ce sont le nouveau format d’entraînement, les nouveaux concepts et l’esprit de compétition.