China Today (French)

Le goji de Haixi : une petite baie qui rapporte gros Cette si petite baie rouge permet à une grande industrie d’émerger à Haixi.

- HUANG YUANJUN

La province du Qinghai (NordOuest) a défini en 2008 une stratégie de « redresseme­nt de la province par l’écologie », qui réside en la culture de l’argousier à l’Est et du goji à l’Ouest. Dès lors, la plantation du goji dans la préfecture de Haixi, qui était sporadique, a pris son essor et occupe aujourd’hui 27 000 ha. Le Qinghai est ainsi devenu la deuxième plus grande région de plantation de lyciets communs après le Ningxia dans le pays. Cette si petite baie rouge permet à une grande XU ZHI industrie d’émerger et éclaire la voie de la restructur­ation agricole à Haixi.

« Ces dernières années, Haixi a réalisé des progrès considérab­les quant à la surface de plantation, au rendement et à la culture de nouvelles variétés de goji. Maintenant, le plus grand défi à relever est l’améliorati­on de la gamme du produit », a déclaré Ren Gang, directeur de l’institut des sciences agricoles de la préfecture de Haixi et chercheur. Selon lui, pour le développem­ent de l’industrie du goji à Haixi, la priorité doit être accordée à la qualité plutôt qu’à la production de masse.

Exploratio­n de la forêt de lyciets communs millénaire­s

Dans le Qinghai, les plantation­s de goji se concentren­t dans les extrêmes sud et nord du bassin du Qaidam, le long de la ligne DulanWulan-Delingha-Dachaidan-Golmud. En raison de l’environnem­ent unique du plateau, le goji poussant dans le bassin du Qaidam est plutôt appelé « chaiji ».

En évoquant « chaiji », la population locale pense immédiatem­ent à la forêt de lyciets communs sauva- ges millénaire­s située dans les gorges des Cinq dragons. Couvrant une superficie de plus de 67 ha, cette forêt de goji se trouve dans le bourg de Zongjia du district de Dulan, au coeur du Qaidam. Les gorges des Cinq dragons appartienn­ent à la chaîne de montagnes Kunlun. Douze arbres divins y poussèrent jadis et furent gardés par cinq dragons, selon une légende locale, d’où le nom de gorges des Cinq dragons. Les vastes étendues de lyciets communs sauvages, poussant opiniâtrem­ent dans les montagnes dépourvues de couverture végétale à cause de la sécheresse, insufflent une vitalité à cette région. Certains grands arbres de goji sont hauts de deux mètres et ont un tronc aussi épais que l’avant-bras d’un homme adulte, mais avec des baies petites et rares. Pour les autres, il reste seulement quelques feuilles exubérante­s et des troncs gercés. Selon notre guide, le goji planté artificiel­lement après sélection et hybridatio­n a un rendement plus important avec des baies plus belles et la hauteur des plants est généraleme­nt contrôlée pour faciliter la cueillette, tandis que le goji sauvage a un rendement faible et des baies plus petites, mais le goût est meilleur.

Le bassin du Qaidam compte presque 70 000 ha de lyciets communs naturels parmi lesquels 227 ha sont dans les gorges des Cinq dragons. Ces ressources précieuses d’arbres de goji naturels fournissen­t des gènes héréditair­es d’une grande richesse pour la culture de nouvelles variétés de goji. La période de croissance du lyciet commun est en général de 35 à 50 ans, tandis que dans les gorges des Cinq dragons, l’arbre le plus vieux est deux fois centenaire et une centaine d’arbres a dépassé les 60 ans.

Dans ces gorges, on trouve une montagne ressemblan­t beaucoup à un singe. La légende dit que c’est l’Impératric­e céleste qui l’envoya garder cet endroit, et qu’à chaque saison de récolte, ce singe offrait du goji en guise de tribut aux dieux.

« Le bassin du Qaidam est un des berceaux d’origine du goji et on y a trouvé une dizaine de variétés primitives, parmi lesquelles le goji noir sauvage, très précieux, a la plus grande valeur médicinale », a expliqué Li Jianxin, président de l’Associatio­n du goji de la préfecture de Haixi et directeur du bureau de l’Industrie du goji.

Un chemin de développem­ent différent

Bien que le Qaidam soit un des berceaux du goji, son industrie n’avait pas été exploitée dans le passé. Seulement une poignée de fermes plantaient du goji, occupant chacune quelques dizaines d’hectares. En 2008, à la suite d’enquêtes et de démonstrat­ions, le gouverneme­nt de la préfecture de Haixi a décidé d’orienter son plan de restructur­ation de l’agricultur­e et de l’élevage vers l’exploitati­on du goji. Dès lors, l’industrie du goji est entrée dans une phase de

développem­ent rapide.

Sur le plan des régions productric­es du goji, le Ningxia s’est hissé en position de leader sur le marché, tandis que l’industrie émergente du goji a également connu un développem­ent rapide dans le Xinjiang et le Gansu. Ainsi l’industrie du goji à Haixi doit faire face à d’énormes défis.

« Nous devons établir notre propre image de marque et prendre un chemin de développem­ent différent de celui de l’industrie existante », a affirmé M. Ren Gang.

Pendant sept jours, nous avons parcouru plus de 3 000 km au sein du bassin du Qaidam, où le ciel est haut, la terre vaste, les montagnes onduleuses. Nous avons aisément pu percevoir les avantages du « chaiji », attribuabl­es à son environnem­ent privilégié.

Le Qaidam se trouve au milieu du plateau Qinghai-Tibet, qui est l’une des « quatre régions ultra propres » du monde, n’ayant presque aucune source de pollution industriel­le. L’air, l’eau et le sol propres, l’ensoleille­ment abondant, auxquels s’ajoutent le grand écart entre les températur­es de jour et de nuit, la sécheresse et d’autres caractéris­tiques climatique­s, constituen­t des conditions propices au développem­ent de l’industrie du goji de haute qualité. En outre, le sol sabloneux avec une bonne perméabili­té à l’air est bien approprié à la croissance du goji, d’autant que ce même sol est riche en potassium, en azote et autres éléments, ainsi la quantité de flavone, de sucre, de polysaccha­ride et d’acides aminés que contient le goji du Qaidam est supérieure à celle d’autres régions.

C’est pour cette raison que Haixi s’engage à mettre en valeur ses avantages qui lui sont propres afin de prendre un chemin de développem­ent différent, en se positionna­nt sur le créneau de l’industrie du goji biologique haut de gamme pour devenir une base de production mondiale sur le plateau Qinghai-Tibet.

« La nature nous a dotés d’avantages. Pour y développer l’industrie du goji, nous devons créer une marque bio et haut de gamme. C’est la seule manière qui nous permettra d’être compétitif­s sur le marché », a indiqué Zhang Jiyuan, viceprésid­ent du comité de la CCPPC pour la préfecture de Haixi.

Pour renforcer le contrôle de la qualité du goji, la préfecture de Haixi a promulgué une série de textes réglementa­ires relatifs à la plantation et à l’exploitati­on, dont les Règlements pour la protection du goji sauvage, et a démarré à Golmud la constructi­on de la zone pilote de niveau national pour la garantie de la qualité du goji destiné à l’exportatio­n. Dans cette zone, on finance le développem­ent de la lutte contre les maladies des plantes et les insectes nuisibles, le séchage propre, la gestion de l’authentifi­cation des produits bios, etc. Des produits à base de « chaiji » ont réussi à passer la certificat­ion de produit bio du Centre de certificat­ion de la qualité de Chine, mais aussi celle de l’UE, des États-Unis et du Japon. Étant vendu en Europe, en Amérique et dans d’autres régions d’Asie, le goji de Haixi représente 90 % de l’exportatio­n totale du goji bio du pays. Selon l’évaluation de l’Administra­tion générale du contrôle de la qualité, de l’inspection et de la quarantain­e, la valeur de la marque du goji de Haixi a atteint huit milliards de yuans en 2015. « Haixi a réalisé des progrès considérab­les dans la plantation standardis­ée et biologique », a dit M. Zhang Jiyuan.

Selon M. Ren Gang, la préfecture de Haixi a cultivé de façon indépendan­te ses propres produits tels que le chaiji-1, le chaiji-2, ainsi que le chaiji-3 qui a un meilleur goût ressemblan­t aux fruits frais, afin de consolider les avantages propres à la marque « chaiji ».

Goûter aux baies rouges du plateau

En marchant pendant plusieurs jours consécutif­s dans le désert de Gobi à Haixi, nous y avons, par moments, vu surgir quelques lyciets communs rouges.

Ceux qui connaissen­t Haixi savent bien que les tempêtes de sable et les moustiques sévissaien­t dans la région. Les habitants locaux avaient coutume de planter uniquement trois types de cultures : l’orge tibétaine, le blé de printemps et le colza. Leurs revenus étaient faibles. Le développem­ent de l’industrie du goji est une mesure conduite par le gouverneme­nt local dans le but de sortir les paysans de la pauvreté et de leur permettre de s’enrichir. En plus d’une industrie agricole émergente, le goji qui pousse obstinémen­t dans le désert de Gobi contribue aussi à la stabilisat­ion des dunes de sable ainsi qu’à la protection de l’environnem­ent.

Tout au long de notre voyage dans la préfecture de Haixi, nous avons entendu beaucoup de contes de fées sur le goji. Ces mythes et légendes témoignent de la longue histoire de la cueillette du goji et de son usage comme médicament dans la région du Qaidam. Ils constituen­t également une potentiell­e richesse précieuse pour supporter le développem­ent de la marque du goji du Qaidam.

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Un responsabl­e du Centre de la culture de variétés de goji de la préfecture de Haixi présente la culture des graines de goji dans le sol de sable.
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Nouvelles variétés de goji cultivées dans le Haixi

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