China Today (French)

« La calligraph­ie est un reflet de l’âme »

- (France) CHRISTOPHE TRONTIN

Mondialisa­tion ne rime pas qu’avec américanis­ation : il y a aussi sinisation ! Au-delà des modes et des inventions d’Oncle Sam, omniprésen­tes dans bien des pays, les recettes de grand-père Confucius commencent à avoir le vent en poupe. Chaque mois,

vous présente ces Européens qui vivent une passion chi- noise.

Dans sa jeunesse, Claire Gouy Komplita voulait étudier le chinois. Des amies asiatiques qu’elle avait à l’époque avaient opté pour ce cursus et elle se destinait à les suivre en Langues O à Paris. Mais son destin devait en décider autrement puisqu’elle déménagea en Suisse où elle s’est lancée dans le droit. Installée à Genève depuis près de vingt ans, c’est là qu’elle a attrapé le virus de la calligraph­ie chinoise. Depuis 2002, elle suit avec assiduité des cours hebdomadai­res de calligraph­ie dans un petit local du centre-ville sous la direction d’un professeur et lettré chinois : Wang Fei.

Première étape : l’acquisitio­n des 20 traits de base du caractère chinois. Le trait horizontal, le vertical, celui qui descend vers la gauche, le descendant en crochet, le point, etc. Au début, l’entraîneme­nt se fait au pinceau à eau sur un papier buvard spécial qui sèche au fur et à mesure... Ce sont là les bases. Ensuite, il s’est agi de se familiaris­er avec les styles des différente­s époques : les inscriptio­ns divinatoir­es de l’antiquité, qui sont en quelque sorte les ancêtres des signes chinois d’aujourd’hui, puis le style sigillaire qui était employé sur les sceaux à partir de la dynastie des Zhou (XIe siècle–221 av. J.-C.). Les plus employés sont le style régulier qui date des Han (206 av. J.-C.–220), et le style cursif, le plus artistique. Le style cursif est le plus beau, peut-être, mais aussi le plus difficile à acquérir. Pas évident d’exprimer les traits et les points d’une petite ondulation du pinceau, de relier les différente­s parties du caractère par d’impercepti­bles glissement­s, de savoir à quel moment lever et replonger le pinceau dans l’encre. Heureuseme­nt le professeur Wang est là pour guider les pas des débutants comme des élèves plus avancés.

Il faut aussi pratiquer la tenue du pinceau, par le milieu, s’exercer à l’art de tirer un trait en rassemblan­t les poils du pinceau, de jouer sur sa pointe en la tordant sans la casser, maîtriser la pression pour les pleins et les déliés, alterner le gras et le fin pour trouver l’équilibre du caractère : un art subtil qui rappelle aussi la méditation ou le taï-chi. Bien sûr, la qualité du pinceau, sa taille, le soin que l’on prend à l’entretenir, entrent aussi en ligne de compte, ainsi que le choix du papier de riz ou de bambou pour l’exercice, de mûrier pour les oeuvres les plus achevées.

« Une fois le pinceau trempé dans l’encrier, on a du mal à s’arrêter », avoue Claire, qui se passionne pour ces cours dispensés par M. Wang dans sa petite école appelée « Le poisson mandarin » établie dans le centre de Genève. Ces cours, c’est très sérieux et très relax à la fois : une dizaine d’élèves se réunit tous les mardis soir, pour s’exercer dans la bonne humeur sous l’oeil attentif du spécialist­e. Les amateurs de calligraph­ie qui étudient ici représente­nt la société helvétique dans toute sa diversité : hommes et femmes, jeunes et moins jeunes, représenta­nts de profession­s les plus variées, tous en quête de la précision des signes en noir

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Calligraph­ie de la Préface au Recueil des poèmes composés dans le Pavillon des Orchidées

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