China Today (French)

« Amitié et partenaria­t resserrés entre la Chine et Djibouti »

- Interview de Abdallah Abdillahi Miguil, ambassadeu­r de Djibouti en Chine

- MA YAN, membre de la rédaction

Dans cette interview, l’ambassadeu­r de Djibouti en Chine revient sur l’amitié qui unit les deux pays, décrit les projets d’infrastruc­tures financés par la Chine à Djibouti et analyse les perspectiv­es pour ce pays africain après le lancement de l’initiative chinoise des Nouvelles Routes de la Soie.

«La Chine et Djibouti sont deux pays liés par une amitié de longue date, traditionn­ellement basée sur la confiance politique et le soutien mutuel, consolidée de surcroît par de fermes relations commercial­es et économique­s », fait remarquer M. Abdallah Abdillahi Miguil, ambassadeu­r de Djibouti en Chine, lors d’une interview qu’il a accordée à La Chine au présent.

Depuis son entrée en fonction en 2011, M. l’Ambassadeu­r a visité sans répit plusieurs villes chinoises en vue de mieux connaître le développem­ent chinois, tout en favorisant les échanges commerciau­x, économique­s et universita­ires entre les institutio­ns chinoises et djiboutien­nes. Il se dit admiratif des progrès que la Chine a réalisés et espère bien que Djibouti saura profiter du renforceme­nt des relations bilatérale­s pour avancer à grandes enjambées. « Concernant le développem­ent des villes chinoises, le constat est pour moi sans appel au vu des constructi­ons pharaoniqu­es que l’on peut effectivem­ent observer dans presque toutes les zones urbaines en Chine. Le progrès accompli est palpable et visible. Il est, en effet, fondamenta­l que nous apprenions de ce modèle de développem­ent et que nous nous en inspirions pleinement afin d’en extraire les mérites tout en tenant compte de nos réalités nationales. »

Entretenir l’amitié entre la Chine et Djibouti

Au lendemain de son accession à l’indépendan­ce le 27 juin 1977, Djibouti a immédiatem­ent tissé des relations amicales avec la République populaire de Chine. Et chemin faisant, cette amitié s’est cristallis­ée par l’établissem­ent de relations diplomatiq­ues, le 8 janvier 1979. Depuis, les deux pays cultivent un climat propice au développem­ent des relations, qui se traduit en une amitié fraternell­e entre la République populaire de Chine et la République de Djibouti.

« Nul doute que la Chine aujourd’hui prête main forte à Djibouti, et à l’Afrique de façon générale, et ce dans divers secteurs d’activités indispensa­bles au développem­ent économique », explique M. l’Ambassadeu­r. D’après lui, la Chine apporte à Djibouti une aide précieuse notamment dans le domaine des infrastruc­tures, de la santé, de la jeunesse, de l’éducation et de la culture. Ces contributi­ons chinoises permettron­t à Djibouti non seulement de lutter contre la pauvreté et le manque d’instructio­n, mais aussi d’encourager l’épanouisse­ment de son économie.

Il nous donne des exemples qui illustrent ce sentiment d’amitié qu’éprouve la Chine à l’égard de Djibouti. Le chemin de fer Addis-Abeba–Djibouti, qui relie la capitale de l’Éthiopie et le port de Djibouti, a été construit par China Railway Group et China Railway Constructi­on Corporatio­n avant d’être officielle­ment inauguré en 2016. Financée grâce à un investisse­ment chinois de 4 milliards de dollars, cette ligne ferroviair­e, surnommée « Chemin de fer Tanzanie-Zambie de la nouvelle époque »,

facilite l’interconne­xion en Afrique de l’Est. Elle diminue grandement le temps de trajet entre Addis-Abeba et Djibouti, jusqu’à dix heures. Cette commodité de transport permettra à Djibouti de mettre en valeur le potentiel de son port et de dynamiser la croissance de son économie nationale.

Qui plus est, sachant pertinemme­nt que la jeunesse est déterminan­te pour la durabilité et l’avenir des relations bilatérale­s entre la Chine et Djibouti, les université­s chinoises accueillen­t de plus en plus d’étudiants djiboutien­s, en vertu d’une politique de partenaria­t tous azimuts avec des université­s africaines. De nombreux étudiants djiboutien­s, dont 25 % comptent sur les bourses d’études accordées par le gouverneme­nt chinois, ont l’opportunit­é de partir en Chine pour y poursuivre une formation avancée et y découvrir un monde nouveau. « C’est à travers des contacts mutuels permanents, des formations continues, la délivrance de bourses d’études à nos étudiants, toujours plus nombreux aujourd’hui à s’inscrire dans les université­s chinoises, que nos deux peuples pourront mieux s’apprécier et mieux se comprendre », exprime M. l’Ambassadeu­r.

Attirer davantage d’entreprise­s chinoises

L’ouverture des entreprise­s chinoises au marché internatio­nal n’a jamais été aussi impression­nante qu’aujourd’hui, signe du renouveau de l’économie chinoise. Avec le soutien du gouverneme­nt chinois, de plus en plus de sociétés « sortent des frontières » pour déployer leurs activités, notamment sur le continent africain. En effet, l’Afrique apparaît naturellem­ent comme un terreau fertile et une destinatio­n de choix pour les investisse­ments. Ces investisse­ments chinois stimuleron­t le développem­ent des pays africains.

Dans ce contexte, Djibouti a adopté une série d’importante­s mesures favorisant l’implantati­on des firmes internatio­nales, en particulie­r celles d’origine chinoise, pour saisir cette opportunit­é de développem­ent. M. l’Ambassadeu­r note que ces dispositio­ns ont pu être prises sous la direction clairvoyan­te de son président, Ismaïl Omar Guelleh.

D’après M. l’Ambassadeu­r, la République de Djibouti offre de nombreux avantages à même d’attirer toujours plus de compagnies chinoises : outre sa stabilité politique, sécuritair­e et monétaire, elle octroie aux entreprise­s chinoises un accès direct à un certain nombre de marchés avec lesquels le pays a signé des accords préférenti­els, comme le Marché commun de l’Afrique orientale et australe (COMESA) abritant plus de 500 millions de consommate­urs, le monde arabe, le marché AGOA (African Growth and Opportunit­y Act) et l’Union européenne. De plus, Djibouti a établi un cadre légal souple mais précis pour les investisse­urs souhaitant s’implanter dans le pays, concrétisé par la mise en place d’un guichet unique. Cet instrument moderne permet de faciliter et d’accélérer l’ensemble des formalités administra­tives pour que celles-ci puissent être accomplies en l’espace de 24 heures.

Pour une meilleure coordinati­on et une plus grande efficacité, une chambre de compensati­on a également été fondée afin de permettre aux opérateurs économique­s de réaliser des échanges commerciau­x sans avoir besoin de passer par le dollar, afin de préserver ces échanges des fluctuatio­ns monétaires.

« Plusieurs grandes sociétés chinoises opèrent dans notre pays actuelleme­nt et nous nous en réjouisson­s. Pour vous fournir quelques chiffres, la nouvelle zone franche de Djibouti, d’une superficie de 48 km², autrement dit l’une des plus grandes en Afrique, enregistre déjà pour le début de l’année 2017 plus de 500 entreprise­s, d’origine chinoise pour la grande majorité d’entre elles », explique M. l’Ambassadeu­r.

Participer à l’initiative des Nouvelles Routes de la Soie

En 2013, le président chinois Xi Jinping a lancé l’initiative des Nouvelles Routes de la Soie, initiative saluée par de nombreux pays riverains. Celle-ci prévoit notamment la création d’un axe maritime desservant l’Asie-Pacifique, l’Afrique de l’Est puis la Méditerran­ée. La République de Djibouti, nichée dans la corne de l’Afrique et située sur l’une des voies maritimes les plus fréquentée­s au monde (plus de 130 navires en moyenne par jour empruntent le détroit de Bab-el-Mandeb), a déjà pris part à cette initiative. M. l’Ambassadeu­r en donne une appréciati­on très positive : « Cette formidable initiative porte en son sein l’un des projets les plus importants et les plus ambitieux de ce siècle. »

Il poursuit en affirmant que ce mécanisme vient en complément et en renforceme­nt du Forum sur la coopératio­n sino-africaine, et donne à l’Afrique l’espoir d’une nouvelle ère de modernisat­ion et d’industrial­isation alimentée par une connectivi­té et une intégratio­n optimisées des différente­s villes et régions africaines. Grâce aux soutiens financiers et technologi­que de la Chine, plusieurs pays africains ont pu parvenir à un meilleur développem­ent et à une meilleure articulati­on des infrastruc­tures, notamment celles pour le transport multimodal, de façon à stimuler leur croissance économique et à élever leur niveau de vie.

Selon M. l’Ambassadeu­r, la participat­ion de Djibouti sera véritablem­ent utile au développem­ent de cette initiative chinoise, car le pays bénéficie d’une position géographiq­ue stratégiqu­e de par son ouverture sur le détroit de Bab-el-Mandeb. Djibouti représente­ra une plaque tournante hautement stratégiqu­e et un noeud commercial à très haute valeur ajoutée pour l’échange et la distributi­on des produits chinois en Afrique et dans la péninsule arabique. L’accent sera mis en particulie­r sur le volet du transborde­ment internatio­nal dans le cadre du transport maritime Asie-Europe. Derrière se cache l’ambition de construire un pont virtuel entre la Chine et Djibouti d’une part, et d’autre part, de faire de Djibouti une base logistique des marchandis­es chinoises pour la région de l’Afrique et du monde arabe. En tirant ainsi profit de l’initiative des Nouvelles Routes de la Soie, Djibouti pourrait devenir un centre d’affaires majeur en Afrique.

« Je souhaitera­is répondre aux détracteur­s de cette initiative en leur rétorquant qu’il ne s’agit pas là d’une forme d’impérialis­me de la part de la Chine, mais d’un programme qui aura des répercussi­ons positives sur l’économie mondiale, dans un esprit de mondialisa­tion et de partage de la croissance », confie M. l’Ambassadeu­r. Avant de conclure : « Je n’en doute point : ce nouveau corridor commercial permettra de porter vers de nouveaux horizons les excellente­s relations qui unissent la République populaire de Chine et la République de Djibouti. »

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Abdallah Abdillahi Miguil, ambassadeu­r de Djibouti en Chine

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