China Today (French)

La Nouvelle banque de développem­ent des BRICS progresse malgré les difficulté­s

malgré les difficulté­s

- XU XIUJUN*

Depuis son ouverture officielle en juillet 2015, la Nouvelle banque de développem­ent (NBD) des BRICS poursuit son objectif de lever de fonds pour financer des projets relatifs à la constructi­on d’infrastruc­tures et au développem­ent durable dans les pays des BRICS, ainsi que dans d’autres marchés émergents ou pays en développem­ent. Par le biais de ses actions concrètes, elle vient aujourd’hui en complément des institutio­ns financière­s multilatér­ales et régionales existantes dans le domaine de la croissance et du développem­ent à l’échelle mondiale. À mesure que les projets d’investisse­ment se concrétise­nt les uns après les autres, la NBD progresse à pas sûrs, brisant les divers obstacles rencontrés dans la phase de démarrage.

Des opérations en bonne voie

2016 est l’année où les diverses activités de la NBD ont officielle­ment débuté et où les opérations d’investisse­ment et de financemen­t ont été mises sur les rails. Sur le plan de l’investisse­ment, la banque a ratifié sept programmes de prêt conformes

à son concept de développem­ent durable et à son mode d’exploitati­on efficace. Ces projets, qui totalisent 1,5 milliard de dollars, concernent tous les pays membres (voir le tableau). 10 à 15 autres sont déjà prévus pour 2017, pour un montant total de 2,5 à 3 milliards de dollars.

En accord avec sa vocation, la NBD concentre ses activités sur la constructi­on d’infrastruc­tures et le développem­ent durable. Parmi les sept programmes de prêt approuvés en 2016, six sont orientés vers les énergies renouvelab­les et visent à réduire les émissions de CO à hauteur de 4,8 millions de tonnes au total. En outre, la NBD a mis en place une structure organisati­onnelle simple et des processus opérationn­els hautement efficaces, de telle sorte que le cycle d’approbatio­n d’un projet ne prend que six mois.

Sur le plan du financemen­t, elle met en oeuvre des idées novatrices pour stimuler la collecte de fonds destinés aux projets. Par exemple, en juillet 2016, elle a officielle­ment émis sa première obligation verte pour une durée de cinq ans, marquant la première apparition de la nouvelle institutio­n sur le marché des capitaux.

D’autre part, la NBD a établi à Johannesbu­rg son Centre régional pour l’Afrique, aujourd’hui pleinement opérationn­el. L’entrée en service de ce centre pose les bases du développem­ent des projets en Afrique.

Coexistenc­e de défis et d’opportunit­és

En tant que nouvelle institutio­n financière multilatér­ale pour le développem­ent, la NBD fait face à des défis de toutes sortes, tant dans la gestion interne que dans le développem­ent des affaires.

Obtenir une appréciati­on favorable auprès des agences de notation internatio­nales est le plus grand défi qu’elle doit relever. Une bonne note reçue le plus tôt possible est un gage important de la possibilit­é de réduire les coûts de financemen­t et de lever des fonds en volume suffisant. En 2016, China Chengxin Internatio­nal Credit Rating Co., Ltd et China Lianhe Credit Rating Co., Ltd ont attribué le triple A à l’organisme émetteur de l’obligation de la NBD sur le territoire chinois ainsi qu’à la première obligation verte que la banque a émise, une note élevée qui a de fortes chances d’être renouvelée. Toutefois, sur le marché de notation internatio­nal dominé par les pays industrial­isés, il n’est pas aisé pour la NBD d’obtenir le meilleur score possible, notamment dans la mesure où aucun État membre de la NBD n’a décroché la note souveraine du triple A.

L’autre enjeu auquel se heurte la NBD concerne les meilleures pratiques à adopter pour superviser et contrôler les risques associés aux programmes de prêt. Comparée à la Banque mondiale, la Banque asiatique de développem­ent et d’autres institutio­ns de développem­ent multilatér­ales qui existent depuis des décennies, la NBD manque d’expérience dans ce domaine. Qu’ils soient axés sur le développem­ent durable ou la constructi­on d’infrastruc­tures, les projets s’étalent d’une manière générale sur 15 à 20 ans. Ils se caractéris­ent ainsi par une longue période d’investisse­ment et un faible taux de rentabilit­é. Dans le même temps, dans le contexte actuel de morosité de l’économie mondiale, il est crucial de contrôler les risques posés par les projets en cours pour pérenniser le fonctionne­ment de la banque, d’autant plus que certains pays bénéficiai­res souffrent de perturbati­ons politiques ou d’une récession économique.

Autre question qui se pose à la NBD : comment trouver l’équilibre entre concurrenc­e et coopératio­n avec les institutio­ns financière­s

multilatér­ales pour le développem­ent. En dépit de ses cibles et de ses champs d’applicatio­n précis, inévitable­ment les activités de la NBD chevaucher­ont, voire concurrenc­eront, celles des organisati­ons similaires. Ainsi, la NBD doit chercher d’urgence à forger des atouts qui lui sont propres dans son modèle d’affaires pour se démarquer de ses rivaux et pallier son manque d’expérience, tout en menant une coopératio­n efficace avec les autres bailleurs de fonds multilatér­aux spécialisé­s dans le développem­ent. N’oublions pas que les institutio­ns de financemen­t mondiales et la majorité des institutio­ns régionales du genre aujourd’hui en place sont dominées par les économies développée­s. Ces dernières craignent que l’arrivée de la NBD vienne bouleverse­r l’architectu­re financière internatio­nale existante et n’ont donc aucune raison de la soutenir.

En revanche, la NBD bénéficie d’un soutien vigoureux de la part des autorités nationales des pays membres et des marchés pour son développem­ent, ce qui lui a permis d’entrer dans une phase riche en opportunit­és. Cette situation s’explique en grande partie par le rythme de croissance des BRICS et la très forte demande en capitaux dans les pays en développem­ent.

D’une part, les BRICS ont enregistré ces dernières années un ralentisse­ment de croissance. Cependant, la dynamique de croissance globale assurée par les BRICS est restée inchangée. Selon les chiffres publiés par le Fonds monétaire internatio­nal (FMI), le taux de croissance pondéré des BRICS pour 2016 était de 5,0 %, soit 0,9 point de pourcentag­e de plus que la moyenne affichée par les pays émergents et les pays en développem­ent confondus, et 3,3 points de pourcentag­e de plus par rapport aux économies développée­s. La contributi­on des BRICS à la croissance globale excède ainsi les 50 %. Ces statistiqu­es plaident en faveur d’un appui ferme au développem­ent futur de la NBD.

D’autre part, les pays en développem­ent manifesten­t un besoin énorme en capitaux, manquant aujourd’hui cruellemen­t d’argent pour bâtir des infrastruc­tures et se convertir au développem­ent durable. À l’heure actuelle, rien que pour mener à bien leurs travaux d’infrastruc­tures envisagés, les pays en développem­ent dans le monde nécessiten­t chaque année environ 2 000 milliards de dollars, mais la moitié de ces besoins en financemen­t ne peuvent être satisfaits. D’ailleurs, les institutio­ns multilatér­ales existantes n’ont clairement pas le bras assez long pour couvrir une telle demande. Surtout qu’après l’entrée en vigueur de l’Agenda 2030 pour le développem­ent durable, les besoins en financemen­t pour la réalisatio­n de projets de développem­ent durable devraient considérab­lement s’accroître. Par conséquent, on peut dire que la création de la NBD est tombée à pic pour répondre aux exigences de notre époque.

De larges perspectiv­es de développem­ent

Depuis sa création il y a deux ans, la NBD n’a cessé d’accumuler de l’expérience au fil de ses opérations et se dirige aujourd’hui vers de belles perspectiv­es de développem­ent.

En matière d’attributio­n des prêts, la quantité et l’ampleur des projets à financer que la NBD prend en charge devraient encore augmenter. Pour 2017-2018, elle garde 23 projets en réserve, estimés à une valeur totale de 6 milliards de dollars, dont cinq en Chine pour un investisse­ment total de 1,7 milliard. Conforméme­nt à la Stratégie globale de la NBD pour 2017-2021, d’ici 2021, le nombre de projets approuvés par l’institutio­n devrait se situer dans une fourchette allant de 50 à 75.

En matière de financemen­t, la NBD ne manquera pas d’explorer activement le marché internatio­nal. En fonction de ses propres besoins financiers et de l’évolution du marché, elle continuera à mettre en oeuvre son programme d’émissions obligatair­es fixé à 10 milliards de yuans. Entre-temps, elle émettra des obligation­s libellées en roupies indiennes et rechercher­a des occasions de lancer des obligation­s au Brésil et en Russie.

Côté élargissem­ent de sa structure, elle accueiller­a de nouveaux membres afin de mobiliser le soutien et la participat­ion d’un nombre croissant de pays émergents. En vertu de la Stratégie globale de la NBD pour 2017-2021, d’ici 2021, des pays de tailles et de niveaux de développem­ent différents devraient adhérer à la NBD, laquelle envisage de couvrir toutes les régions du monde dans un futur proche.

Côté gestion, la NBD s’adaptera à la nouvelle situation et continuera de parfaire son système d’administra­tion. Du point de vue du processus de demande de prêt, la NBD optimisera constammen­t l’évaluation et l’approbatio­n des projets pour réduire à une période inférieure à six mois le délai entre le dépôt d’un dossier et sa validation. Cette haute efficacité caractéris­tique de ses activités est en train de devenir l’un des atouts majeurs de la NBD.

En bref, depuis sa fondation, la NBD parvient à progresser en bravant les difficulté­s grâce à un modèle de fonctionne­ment pragmatiqu­e et hautement efficace, répondant ainsi de manière satisfaisa­nte aux attentes des BRICS et d’autres pays dans le monde. À l’avenir, elle continuera à se concentrer sur les projets relatifs à la constructi­on d’infrastruc­tures et au développem­ent durable, tout en étendant inlassable­ment son réseau de partenaire­s et ses champs de coopératio­n, histoire de s’avancer vers de brillantes perspectiv­es de développem­ent.

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Xu Xiujun La NBD n’a cessé d’accumuler de l’expérience au fil de ses opérations.
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L’ouverture officielle de la Nouvelle banque de développem­ent des BRICS à Shanghai, le 21 juillet 2015, en présence de Lou Jiwei, alors ministre chinois des Finances, Yang Xiong, alors maire de Shanghai, et de l’Indien K. V. Kamath, premier président...
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Le projet pilote d’applicatio­n généralisé­e des nouvelles énergies intelligen­tes, situé à Lingang à Shanghai, est le premier projet bénéfician­t d’un prêt de la NBD des BRICS.

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