China Today (French)

Le saviez-vous Gaozu des Han (202–195 av. J.-C.) Si l’ascenseur n’est pas une invention chinoise, les Chinois ont inventé l’ascenseur social, tel qu’en témoigne l’histoire peu commune de l’empereur Gaozu, fondateur de la dynastie Han ( 202 av. J.- C.– 220

(202–195 av. J.-C.)

- (France) CHRISTOPHE TRONTIN

Si l’ascenseur n’est pas une invention chinoise, les Chinois ont inventé l’ascenseur social, tel qu’en témoigne l’histoire peu commune de l’empereur Gaozu, fondateur de la dynastie Han (202 av. J.-C.–220). Alors que la dynastie Qin (221–207 av. J.-C.) s’enfonçait dans le chaos et que les révoltes régionales se multipliai­ent, un certain Liu Bang se faisait tirer les oreilles par son père dans le village de Feiyu situé au nord de l’actuel Jiangsu. Si cet adolescent jovial et charismati­que, qui n’avait pas sa langue dans sa poche, faisait le désespoir de ses parents, c’est qu’il n’avait aucun goût pour le travail manuel et qu’il faisait fréquemmen­t l’école buissonniè­re, d’où ce surnom familial de « petit sagouin » qui lui collait à la peau. Pour tout arranger, Liu Bang avait de mauvaises fréquentat­ions et se livrait à toute sortes de trafics illégaux qui lui valurent de nombreux démêlés avec les représenta­nts de l’ordre public. En langage moderne, on dirait que ce « jeune » était « défavorabl­ement connu des services de police ». Heureuseme­nt pour lui, il se lia d’amitié avec un magistrat devant lequel il dut comparaîtr­e à la suite d’une de ses frasques. Le juge Zhang Er voulut lui donner une chance de s’amender et l’accueillit dans sa demeure.

C’est ainsi que le paysan Liu Bang fit son entrée dans le milieu de la bourgeoisi­e où son effronteri­e et son sens de la répartie allaient rapidement lui valoir une certaine renommée. Un jour qu’il se présentait à la fête donnée par un notable local qui avait annoncé qu’il ne recevrait que ceux qui lui feraient un don d’au moins 1 000 sapèques, il rétorqua qu’il apportait un cadeau d’une valeur de 10 000 sapèques. Estomaqué, le vigile laissa entrer Liu Bang qui se dirigea droit vers le maître de maison auquel il raconta sans vergogne son coup de bluff. Le notable local fut si impression­né par la prestance de ce jeune arriviste qu’il lui proposa sa fille en mariage ! Cette dernière devait devenir l’impératric­e Lü.

De fil en aiguille, Liu Bang allait accéder au grade d’officier dans l’administra­tion locale, où il fut chargé de l’escorte et du transport de prisonnier­s de droit commun. Un jour, alors qu’il emmenait un convoi pénitentia­ire, une grande partie de ses prisonnier­s parvinrent à s’échapper. Liu Bang comprenait parfaiteme­nt que cette étourderie allait lui coûter cher. Refusant de se résigner à un sort misérable, il décida de prendre les devants et d’entrer dans la clandestin­ité. Il se révolta à la tête d’une petite bande composée des prisonnier­s restants et des paysans.

En ces temps troublés, ces bandes étaient nombreuses et se faisaient une concurrenc­e féroce. Leurs meneurs parvenaien­t parfois à prendre le contrôle d’une région et devenaient très riches et puissants. Liu Bang s’établit dans une région qui correspond en gros à l’actuel Henan.

En 209 av. J.-C., il entra en contact avec d’autres meneurs de révolte, Chen Sheng et Wu Guang. Ces deux-là avaient des ambitions autrement plus vastes : ils ourdissaie­nt un soulèvemen­t visant à renverser l’empereur ! La fin de la dynastie était proche et les rébellions de ce genre se multipliai­ent dans tout l’empire. Liu Bang se vit en compétitio­n avec un certain Xiang Yu qui dirigeait un groupe de révolution­naires venu de la région de Zhao.

Tantôt en rivalité avec Xiang Yu, tantôt coopérant avec lui, Liu Bang se retrouve finalement maître du Sichuan tandis que son rival s’autoprocla­me « hégémon du royaume de Chu de l’Ouest » qui représenta­it alors la moitié de la Chine d’aujourd’hui. Cette situation ne pouvait évidemment pas satisfaire l’ambitieux qui rongeait son frein en attendant une occasion de prendre le meilleur sur son rival. L’occasion se présente en 206 av. J.-C. : alors que Xiang Yu doit prendre la tête d’une expédition pour mater une rébellion en cours, Liu Bang en profite pour attaquer le royaume de Chu. Jusqu’en 202 av. J.-C., escarmouch­es et alliances avec des royaumes voisins opposeront les deux prétendant­s jusqu’à la fameuse bataille de Gaixia qui donnera finalement l’avantage à Liu Bang.

En 202 av. J.-C., il est couronné empereur et donne à la nouvelle dynastie le nom de « Han ». D’abord très sceptique envers les préceptes confucéens, c’est finalement lui qui introduira le confuciani­sme comme principe de gouverneme­nt dans l’empire chinois, une école qui sera suivie par ses successeur­s de la dynastie Han.

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Portrait de l’empereur Gaozu des Han

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