China Today (French)

En pleine évolution

- FRANÇOIS DUBÉ﹡

Alors que la Chine place de plus en plus l’écologie en tête de ses priorités, l’industrie du recyclage est confrontée à de nouveaux défis.

En Occident, le recyclage est souvent vu comme une affaire de devoir civique : les campagnes gouverneme­ntales pour inciter au recyclage font appel à la responsabi­lité sociale ou à la conscience environnem­entale des citoyens. Il n’est pas rare pour les comités de quartier ou les éboueurs de réprimande­r les citadins qui, par exemple, ne trient pas leurs déchets.

En Chine, les choses sont radicaleme­nt différente­s, et témoignent non pas de l’absence d’un système de recyclage, mais d’une organisati­on différente, reposant davantage sur les lois du marché que sur la conscience citoyenne. Ici, pas de tri des déchets ni de conteneur pour le papier ou les bouteilles vides : que ce soit dans les compagnies ou les maisons, tout est jeté dans un même récipient en bordure de sa rue.

Une fois sortis, ces déchets attirent aussitôt l’attention d’une véritable armée de collecteur­s qui arpentent les rues des villes chinoises. Traînant derrière leurs bicyclette­s de grands sacs, ils se promènent de conteneur en conteneur, ramassant le plastique, le papier, les bouteilles de vitre, le métal, etc.

« Bien sûr, par le passé, les déchets ménagers n’étaient pas une question grave, mais avec le développem­ent économique et la multiplica­tion des produits de consommati­on, notamment l’arrivée des emballages jetables et du plastique dans nos vies, les déchets ménagers sont devenus un vrai problème », dit Wang Jing, une collectric­e de déchets à Beijing.

Ce sont des gens comme Wang Jing qui forment la ligne de front de l’industrie du recyclage en Chine : ils trient les ordures, en extraient tout ce qui est susceptibl­e d’être recyclé et s’affairent à toute heure de la nuit ou du jour dans les rues de la capitale et des villes chinoises.

Un système unique à la Chine

Selon les données des Nations Unies, la Chine produit 520 548 tonnes de déchets par jour. Elle compte pour 28 % de la demande globale pour le polyéthylè­ne téréphtala­te, le principal matériel utilisé dans la confection des fameuses bouteilles de plastique qui sont désormais omniprésen­tes dans nos vies. En 2016, les Chinois ont acheté plus de 73 milliards de ces bouteilles, une hausse de 5 milliards par rapport à l’année précédente.

Bien que le pays soit encore loin derrière les pays occidentau­x en termes de quantité de déchets produits per capita par jour (1,02 kg par rapport à 2,58 kg), ce taux croît de 4% à 5% par année. Le travail de recyclage effectué par Wang Jing et ses collègues est donc un service vital pour assurer une vie urbaine saine.

On estime à 160 000 le nombre de collecteur­s dans la seule ville de Beijing, dont 90 % seraient des migrants ruraux, selon les observateu­rs. Une fois collectés, les matériaux sont transporté­s et vendus à des ateliers de recyclage qui transforme­nt les produits et les revendent aux grandes usines.

D’autres collecteur­s optent pour une stratégie différente : au lieu de trier les déchets, ils se promènent dans les rues des quartiers résidentie­ls en criant les produits qu’ils achètent, le plus souvent des électromén­agers ou de la ferraille. Les résidents désireux de se débarrasse­r de leurs vieux objets peuvent s’en départir contre quelques yuans.

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Le 27 août 2016, des ouvriers travaillen­t sur la ligne de production de l’accumulate­ur à Anhui.

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