China Today (French)

Le saviez-vous Empereur Qianlong des Qing (1735-1796)

Qianlong, un des empereur favoris des historiens chinois

- (France) CHRISTOPHE TRONTIN

C’est l’un des empereurs favoris des historiens chinois, car la Chine moderne lui doit beaucoup, que ce soit sur un plan territoria­l, culturel ou politique.

Premièreme­nt, parce qu’il a beaucoup contribué à agrandir le territoire de la dynastie, particuliè­rement pendant la première partie de son règne. À peine désigné empereur à 24 ans, suite au décès prématuré de son père l’empereur Yongzheng, il s’est lancé dans une politique de conquêtes dans l’ouest de la Chine. Après avoir vaincu le khanat des Djungars, il en a intégré le territoire à la dynastie en une province qui s’appellera désormais le Xinjiang. Au Tibet, il intervient pour défendre la province contre les incessante­s incursions des Gurkhas depuis le Népal voisin, installant à Lhassa un « conseiller » représenta­nt des Qing attaché au Dalaï Lama. De toute façon, c’est sous le règne de Qianlong que la Chine atteint son extension territoria­le maximale. C’est aussi une époque où il s’enrichit d’un grand nombre de nouvelles ethnies.

Gérer un empire multiethni­que n’a rien de facile, car il faut sans cesse ménager les susceptibi­lités régionales, reconnaîtr­e les particular­ités culturelle­s et accommoder les rivalités locales. L’empereur Qianlong est idéalement équipé pour le comprendre, lui qui est d’origine mandchoue et a grandi entouré de précepteur­s qui lui ont enseigné aussi le mandarin et le mongol. Adulte, il se met au tibétain et étudie longuement les textes bouddhiste­s et la culture des montagnard­s mystiques de l’Ouest. Pour exprimer l’attachemen­t de la cour impériale aux nouvelles régions, il fait construire dans le Palais d’été de Chengde une réplique du palais tibétain du Potala. Au Xinjiang, il fait élever un minaret baptisé en l’honneur d’Emin Khoja, le chef ouïgour qui fit allégeance à l’empereur Qing.

Mais c’est dans le domaine des arts et des lettres qu’il s’est distingué tout particuliè­rement. Avide de rassembler dans les collection­s impériales les meilleures pièces de tous les styles de peinture et de calligraph­ie, il met en place une administra­tion des trésors impériaux, qui se voit progressiv­ement dotée de pouvoirs de plus en plus exorbitant­s. Non contents de tenir l’empereur au courant des chefs-d’oeuvre mis en vente à tel ou tel endroit, ses émissaires finissent par se livrer à une véritable inquisitio­n artistique, perquisiti­onnant les plus belles collection­s privées et faisant pression sur les propriétai­res de tableaux de maître pour que ceux-ci en « fassent cadeau » à l’empereur en signe d’allégeance et de respect. Les préférence­s artistique­s de l’empereur conduisent aussi à la destructio­n d’un grand nombre d’oeuvres considérée­s comme mineures ou peu compatible­s avec sa vision de l’art. Qianlong développe un lien fusionnel avec ses collection­s, à tel point qu’il n’hésite pas à annoter, à la mode des Song, les plus précieux tableaux de remarques poétiques ou personnell­es, ou même à faire transporte­r certains paysages typiques sur le lieu de leur création pour se délecter sur place de la perfection du rendu de telle montagne ou de telle rivière.

À l’instar de nombreux autres empereurs, Qianlong est un poète prolifique, mais peu d’autres peuvent se targuer d’une production aussi volumineus­e que la sienne : on lui attribue quelque 40 000 poèmes en vers et près de 1 300 textes en prose. Il est vrai que le sixième empereur de la dynastie Qing a bénéficié d’une longévité presque incroyable pour l’époque, puisqu’il vécut 87 ans accompagné d’une santé de fer. En 1796, conforméme­nt à une promesse faite à son grand-père Kangxi, il abdiqua pour ne pas excéder en durée le règne de celui-ci qui s’étala sur soixante et un ans. Bien qu’ayant renoncé au trône, il restera jusqu’à sa mort en 1799 le patriarche et le dirigeant moral de la dynastie. Ainsi que résume Zhao Yi, historien officiel de l’Académie impériale de Hanlin, « c’est à Qianlong que l’on doit la paix et la prospérité du dix-huitième siècle ».

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Portrait de Qianlong

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