China Today (French)

Partager les opportunit­és de développem­ent avec le monde

- LIU JIE﹡

Aux États-Unis, l’édition Asie du Time vient de publier le 13 novembre 2017 une couverture qui n’est pas passée inaperçue sous le titre China won écrit en chinois et en anglais sur un fond rouge et jaune qui symbolise le drapeau rouge aux cinq étoiles de la Chine. Depuis sa création, c’est la première fois que le magazine adopte une telle couverture bilingue.

À la lecture de l’article, on découvre la liste des succès obtenus par la Chine dans les domaines économique, politique et social, le président d’Eurasia Group Ian Bremmer estime que les sytèmes politique et économique aujourd’hui appliqués par la Chine sont plus complets et même plus durables que le modèle américain qui avait dominé les institutio­ns internatio­nales après la Seconde Guerre mondiale.

À l’image de nombreux Américains, Kenneth Quinn, président de la World Food Prize Foundation et fin connaisseu­r de la Chine qu’il visite depuis 1979, n’est pas surpris de cet article. D’après lui, comment l’Occident pourrait-il rester indifféren­t au modèle chinois et pourquoi d’autres pays devraient s’en tenir à l’écart, alors qu’objectivem­ent sa mise en pratique est un succès.

Une évidence d’autant plus claire qu’après le XIXe Congrès du PCC, la Chine se trouve à un nouveau point de départ dans ses relations avec le monde qui soulève de nombreuses questions. Où va la Chine ? Quelle sagesse contiennen­t les propositio­ns de la Chine au monde et en quoi contribuen­t-elles à un développem­ent diversifié des civilisati­ons actuelles ? Comment l’influence de la Chine va s’intégrer dans le processus plus large de l’évolution de l’humanité ? M. Quinn et beaucoup d’autres spécialist­es étrangers espèrent trouver des réponses claires et plus systématiq­ues. Répondant à ces attentes, un symposium rassemblan­t une centaine de spécialist­es et d’hommes politiques venus d’une trentaine de think tanks du monde et sur « Le XIXe Congrès du PCC : implicatio­ns pour la Chine et le monde » a été tenu le 16 novembre dernier à Beijing, organisé conjointem­ent par l’Académie des sciences sociales de Chine et le Centre chinois pour les échanges économique­s internatio­naux (CCEEI).

Quelles ont été les actions les plus remarquabl­es du PCC ?

Évoquant le changement en Chine, Fukuda Yasuo, président du conseil du Forum asiatique de Bo’ao et ancien premier ministre japonais, se rappelle ce qu’il avait vu dans l’avenue Chang’an de Beijing 30 ans auparavant : « Il y avait peu d’automobile­s. Partout des régiments de bicyclette­s étaient alignés. Le passé

n’est plus comparable au présent. La Chine a construit plus de 20 000 km de chemins de fer à grande vitesse, dépassant ainsi le Japon, et de loin, en matière de vitesse et d’efficacité », a-il exprimé.

Peter Kagwanja, directeur de l’Institut de politique africaine du Kenya, a un profond sentiment de reconnaiss­ance envers le TGV chinois. Grâce au chemin de fer réalisé avec l’assistance chinoise, le trajet de Mombasa à Nairobi est raccourci à quatre heures, favorisant l’essor de l’économie kényane.

« La Chine est un précédent dans l’histoire du développem­ent mondial. Le modèle chinois nous apporte de l’espoir », a affirmé M. Kagwanja.

Depuis longtemps, d’après un lieu commun qui reflète en réalité « l’occidental­ocentrisme », la civilisati­on, le système et le modèle de développem­ent occidentau­x seraient optimaux. Cependant, sans copier aveuglemen­t le modèle occidental, le peuple chinois, sous la direction du Parti communiste chinois (PCC), a fait d’un pays agricole pauvre et arriéré un pays industriel avancé en moins de 100 ans. Selon les experts participan­ts, si les routes menant à la modernisat­ion sont nombreuses, la propositio­n de la Chine constitue un nouveau choix pour y accéder pour les pays en développem­ent.

« En Chine, des dizaines de millions de personnes vivent encore en-dessous du seuil de pauvreté. Si l’on adoptait la logique de l’économie de marché de l’Occident au lieu de l’orientatio­n par le gouverneme­nt, je suis sûr que la tâche dans la lutte contre la pauvreté ne sera jamais accomplie », a assuré Yi Peng, président du conseil de Pangoal Institutio­n.

Une opinion sur laquelle renchérit Cai Fang, viceprésid­ent de l’Académie des sciences sociales de Chine, affirmant que la Chine a contribué durant les quarante dernières années à la réduction de la pauvreté dans le monde à plus de 70 %, et que la sagesse dont elle a fait preuve en la matière a servi de référence à d’autres pays en développem­ent.

Et il est vrai que depuis la crise financière en 2008, l’Occident n’a pas su réaliser une réforme fondamenta­le de son système, les théories idéologiqu­es de ces pays n’ont pas été en mesure d’expliquer convenable­ment les raisons de ces difficulté­s ni de proposer des solutions convaincan­tes. En traversant avec sang-froid cette période de changement­s de vitesse, la Chine a poursuivi sa voie sur l’économie de marché socialiste et contribué à la croissance de l’économie mondiale pour plus de 30 %, devenant ainsi un « propulseur » du développem­ent économique mondial.

Ce constat est indéniable, à tel point que « face aux succès de la Chine, l’Occident préfère mesurer la gouvernanc­e et le développem­ent de notre pays avec ses propres critères. Ce n’est pas juste », a dit Yu Jin, président de l’Institut pour la réforme et le développem­ent régionaux de Chine. Selon lui, le fait que la Chine élabore sa propre stratégie de développem­ent conforméme­nt aux lois du développem­ent général est non seulement inoffensif pour les autres pays, mais permet aussi de trouver des points de convergenc­e entre les intérêts des différente­s nations dans la mise en place d’une coopératio­n.

Pour le PCC, la clé pour promouvoir la modernisat­ion du pays est d’élargir le sens et la sphère de sa pensée directrice en fonction des besoins des différente­s phases de sa propre modernisat­ion en se reposant sur les situations mondiale, nationale et au sein du Parti, au lieu de reproduire simplement les modèles de la modernisat­ion occidental­e.

D’après Yuan Peng, directeur adjoint de l’Institut des relations contempora­ines de Chine, la propositio­n de la Chine offre un nouveau choix aux pays qui déployent des efforts pour accroître leur puissance.

Quand la Chine gagne, le monde gagne

« Dans le domaine de la pensée aujourd’hui quelles sont les réflexions les plus précieuses ? À mon avis, elles comprennen­t les pensées phares qui guident l’humanité dans ses progrès et se conforment aux lois du développem­ent ; les conception­s du monde, des valeurs

et de la sécurité qui permettent de fédérer les esprits et de déclencher des actions communes dans le cadre de la diversité culturelle, de multiples besoins et de différents modes de vie ; les biens publics d’un nouveau type qui peuvent apporter le bonheur à l’humanité », a expliqué Chen Wenling, économétri­cienne en chef du CCEEI. Selon elle, le rapport du XIXe Congrès du PCC présente cette rareté de pensée, qui, au-delà des différente­s idéologies et des différente­s voies, recherche le plus grand dénominate­ur commun de l’humanité et les points de convergenc­e des intérêts de chacun, répondant ainsi aux besoins de tous les peuples qui aspirent à une belle vie.

À cet égard, « la constructi­on d’une communauté de destin pour l’humanité » est une composante majeure de la pensée de Xi Jinping sur le socialisme à la chinoise de la nouvelle ère et une des stratégies fondamenta­les pour poursuivre et développer le socialisme à la chinoise de la nouvelle ère. Cette « communauté de destin pour l’humanité » est devenue un des mots-clés les plus discutés par les participan­ts au symposium.

« Au cours des dernières années, la Chine a aidé l’Afrique à construire un grand nombre d’infrastruc­tures et à développer des projets industriel­s, celle-ci ayant profité de la prospérité de celle-là. Les pays occidentau­x ne veulent que nos matières premières, tandis que la Chine nous aide à réaliser l’industrial­isation et la modernisat­ion », a commenté Nkolo Foe, vice-président du Conseil pour le développem­ent de la recherche en sciences sociales en Afrique (CODESRIA).

En un peu moins de dix ans, les initiative­s de la Chine demeurent impression­nantes que ce soit pour la mise en oeuvre de l’initiative des nouvelles Routes de la Soie, la création de la Banque asiati- que d’investisse­ment pour les infrastruc­tures, la fondation du fonds de la Route de la Soie, l’organisati­on du premier Forum de « la Ceinture et la Route » pour la coopératio­n internatio­nale, la réunion des dirigeants de l’APEC, le Sommet du G20, la rencontre des dirigeants des BRICS, etc. Tout cela a permis à la Chine de passer du statut de participan­te à la gouvernanc­e mondiale à celui de l’un des principaux chefs de file, capable de promouvoir la gouvernanc­e mondiale vers une nouvelle ère.

Le XIXe Congrès du PCC est un bon remède pour la lutte contre l’hégémonie et le monde unipolaire, mais la Chine doit encore augmenter l’intelligen­ce de son art de la diplomatie pour relever les défis à venir, selon Viktor Larin, directeur de l’Institut d’histoire, d’archéologi­e et d’ethnologie des peuples de l’Académie des sciences de Russie. En effet, d’après les experts participan­t au symposium, il reste à résoudre de nombreux problèmes pratiques pour construire une véritable communauté de destin pour l’humantié. Par exemple, les différents pays, en élaborant leurs politiques, doivent tenir compte de l’effet de débordemen­t, renforcer la capacité de coordinati­on des politiques d’innovation et surmonter les obstacles dus à la différence des langues dans les échanges.

Pour en revenir à l’article du Time, Ian Bremmer donne une évaluation suivante de l’influence de la Chine dans le monde : aujourd’hui, aucun pays n’a une influence assez grande pour établir des règles politiques et économique­s mondiales ; s’il fallait choisir un pays qui pourrait exercer la plus grande influence tant sur les partenaire­s que sur les adversaire­s, parier sur la Chine serait sans doute un choix judicieux. « Plus la Chine se développe, plus elle apporte de nombreuses opportunit­és et plus sa contributi­on au monde est grande. Le développem­ent et le progrès de la Chine signifient aussi ceux du monde. Quand la Chine gagne, le monde gagne », a souligné l’article.

En quoi le développem­ent de la Chine est bon pour le monde ?

Il y a quelques années, la canneberge était encore étrangère aux Chinois. Mais avec les besoins croissants en fruits sains de la classe moyenne chinoise de plus en plus riche, la Chine est devenue le deuxième marché d’exportatio­n des ÉtatsUnis pour ce fruit depuis quatre ans.

D’autres produits entrent sur le marché chinois comme les poissons marins de l’Alaska, le boeuf

du Montana et le soja de l’Iowa. Durant la visite en Chine du président américain Donald Trump, les entreprise­s chinoises et américaine­s ont signé des accords de coopératio­n économique et commercial­e pour 253,5 milliards de dollars, insufflant une nouvelle dynamique à ces échanges bilatéraux.

Voilà ici une illustrati­on concrète du rapport du XIXe Congrès du PCC qui a affirmé vouloir « Promouvoir une nouvelle conjonctur­e d’ouverture tous azimuts. L’ouverture amène le progrès ; le repli sur soi a nécessaire­ment pour résultat la régression. La porte ouverte de la Chine ne se refermera pas, mais au contraire continuera à s’ouvrir encore davantage ».

Selon Zhang Yuyan, directeur de l’Institut de la politique et de l’économie mondiales de l’Académie des sciences sociales de Chine, on disait auparavant « le repli sur soi conduit à la régression ». Aujourd’hui, la transforma­tion de « conduit à » à « nécessaire­ment » montre de manière évidente la déterminat­ion de la Chine à poursuivre l’ouverture.

Mais même sans entrer dans des détails sémantique­s, l’expérience de la Chine nouvelle depuis sa fondation en 1949 révèle une vérité simple : « Une grande ouverture apporte un grand développem­ent ; une petite ouverture, un petit développem­ent. » L’ouverture est un besoin du développem­ent propre de la Chine en tant que deuxième économie du monde, et apportera de nouvelles opportunit­és à la croissance de l’économie mondiale, d’après Zhao Jinping, directeur du service de l’économie vers l’extérieur du Centre de recherche sur le développem­ent du Conseil des affaires d’État.

D’ici quinze ans, le marché chinois s’élargira davantage. Il est prévu que la Chine importera pour 24 000 milliards de dollars de marchandis­es, absorbera pour 2 000 milliards de dollars d’investisse­ments directs étrangers, et ses investisse­ments totaux à l’étranger atteindron­t le même chiffre. Cette année, à Shanghai aura lieu la première Exposition internatio­nale de l’import de Chine, qui fournira aux diverses parties une nouvelle plate-forme d’accès au marché chinois.

Selon Zhao Jinping, il faut reconnaîtr­e que le niveau d’ouverture actuel de la Chine est encore loin de s’adapter aux changement­s complexes de l’environnem­ent extérieur, et de permettre de former de nouveaux atouts visant à participer et à guider la coopératio­n et la concurrenc­e internatio­nales. L’ouverture n’est pas suffisante ni dans son ampleur ni dans sa profondeur, et le déséquilib­re reste encore la principale contradict­ion actuelle en Chine.

Pour matérialis­er les nouvelles exigences visant à former une nouvelle conjonctur­e d’ouverture, la clé du problème est contenue dans la volonté d’agir « tous azimuts », et la difficulté à surmonter est celle de la « nouvelle conjonctur­e ». Il faut surmonter bon nombre d’épreuves et d’obstacles dans les domaines les plus difficiles et réaliser de nouveaux progrès. Selon M. Zhao, l’ouverture future de la Chine devra être globale, à des niveaux élevés et profonds, ce qui donnera une force motrice durable au développem­ent et à la réforme de la Chine.

Le rapport du XIXe Congrès du PCC a ainsi souligné : « Il faut, tous les peuples, oeuvrer, dans un esprit de solidarité, pour la facilitati­on et la libéralisa­tion du commerce et de l’investisse­ment, et faire évoluer la mondialisa­tion économique dans le sens d’une plus grande ouverture, de l’inclusion, de l’universali­té, de l’équilibre et du principe gagnant-gagnant. »

« Dans le cas de l’accentuati­on du courant anti-mondialisa­tion et de la lutte profonde entre la mondialisa­tion et l’anti-mondialisa­tion, la propositio­n de la Chine conduira à la recherche de nouveaux concepts plus équitables et plus inclusifs, de sorte à ouvrir de nouvelles routes de la mondialisa­tion », a dit Wang Huiyao, président du conseil du Centre pour la Chine et la mondialisa­tion.

Actuelleme­nt, si la Chine s’efforce de prendre une position d’avant-garde dans les branches industriel­les à travers l’accumulati­on et l’innovation, préparant les moteurs de la croissance future et les énergies potentiell­es pour le prochain cycle économique de développem­ent, c’est dans le but de mener à bien ses propres projets pour la mondialisa­tion. Selon M. Wang, plus de telles « propositio­ns de la Chine » seront nombreuses, plus forte sera la compétitiv­ité dans le choix des voies, plus la Chine attirera de soutiens et unira de forces au cours de la mondialisa­tion, afin de relier la « prospérité de la Chine » avec le « progrès du monde » de façon plus profonde.

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Kenneth Quinn accorde une interview à une journalist­e.
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Couverture de l’édition Asie du Time parue le 13 novembre 2017
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Le 16 novembre 2017, le Symposium internatio­nal de think tanks sur « Le XIXe Congrès du PCC : implicatio­ns pour la Chine et le monde » se tient à Beijing.
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Viktor Larin
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Nkolo Foe

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