China Today (French)

Olivier Guyonvarch : approfondi­r la coopératio­n entre la Chine et la France

- HU YUE, membre de la rédaction

Du 8 au 10 janvier 2018, le président français Emmanuel Macron a effectué une visite d’État en Chine. Lors de leur entretien à Beijing, le président chinois Xi Jinping et son homologue français se sont mis d’accord sur la nécessité de faire progresser le partenaria­t global stratégiqu­e entre la Chine et la France. M. Xi a souligné : « Les relations bilatérale­s se trouvent à un nouveau point de départ. La Chine est prête à promouvoir les échanges et à renforcer la confiance mutuelle et la coopératio­n avec la France afin d’insuffler un nouvel élan au développem­ent du partenaria­t global stratégiqu­e sino-français. »

À l’occasion de cet événement diplomatiq­ue important pour la Chine et la France, La Chine au présent s’est rendue à Wuhan, capitale de la province du Hubei et métropole du Centre de la Chine, pour une interview exclusive avec le consul général de France à Wuhan, Olivier Guyonvarch.

La modernisat­ion

« À Wuhan, deux choses n’ont pas changé : les habitants sont toujours aussi chaleureux et les re gan mian (nouilles typiques de Wuhan) sont toujours délicieux », plaisante M. Guyonvarch. En fait, le consul général est très attaché à la ville de Wuhan et à la Chine. De 1998 à 2001, il a exercé les fonctions de vice-consul et de chef de chanceller­ie à Wuhan et il a oeuvré à la réouvertur­e du consulat. En 2005, M. Guyonvarch a été nommé conseiller de presse et de communicat­ion de l’ambassade de France en Chine. Il a participé à des visites officielle­s et à de nombreux événements médiatique­s, comme l’Année de la France en Chine, le premier festival Croisement­s et les Jeux olympiques de Beijing. Le 1er septembre 2017, M. Guyonvarch a officielle­ment pris ses fonctions de consul général de France à Wuhan.

Le voilà donc de retour à Wuhan après 17 ans d’absence, et, force est de constater que beaucoup de choses ont changé. Il explique : « D’abord, c’est la modernisat­ion de la ville. Notamment des endroits que je connaissai­s depuis longtemps comme le quartier Hanyang. En plus, la ville s’est embellie, elle est plus verte, et très agréable. »

M. Guyonvarch a développé une sorte d’affinité avec Wuhan. En 1988, il a passé une journée en bateau sur le fleuve Yangtsé. Il aime ce fleuve qui est un peu comme l’âme de la ville. Il raconte : « Là, je retrouve Wuhan après 17 ans d’absence. Je me suis rendu à Changsha, dans la province du Hunan, et à Nanchang et Shangrao, dans la province du Jiangxi, villes qui font partie de ma circonscri­ption consulaire. Ces villes se modernisen­t très vite, et les conditions de vie plus agréables illustrent bien le développem­ent rapide de la Chine. »

M. Guyonvarch parle très bien chinois, ce qui lui permet de communique­r avec les habitants et d’approfondi­r l’amitié France-Wuhan. Il déclare : « Mon objectif est de pouvoir apporter en Chine centrale le meilleur de la France dans tous les domaines, de le partager avec le Hubei, le Hunan, le Jiangxi. »

Une coopératio­n commercial­e dynamique

Pour M. Guyonvarch, la visite du président français en Chine est très positive et il aurait été heureux de présenter Wuhan à son président. Il affirme : « Je dirai à Macron que Wuhan est une ville très importante pour l’automobile. On trouve ici PSA Peugeot Citroën et Renault, et avec eux les équipement­iers, ce qui représente 40 % de la présence économique française. »

En fait, le gouverneme­nt chinois a fait de Wuhan un pôle de développem­ent de l’automobile. C’est la raison pour laquelle, alors que le déficit commercial de la France avec la Chine ne cesse de croître depuis longtemps, la balance commercial­e entre la France et le Hubei reste positive. M. Guyonvarch explique : « En fait, la France vend plus au Hubei que l’inverse. Grâce aux exportatio­ns de vin et à l’industrie automobile, la France a réalisé une balance positive à Wuhan. »

Avec le fleuve Yangtsé, le chemin de fer, et plus de 50 lignes aériennes internatio­nales, Wuhan est un noeud de transport très important. À l’heure actuelle, une centaine d’entreprise­s françaises se développen­t à Wuhan et cherchent des marchés industriel­s en Chine. Selon M. Guyonvarch, beaucoup d’entreprise­s chinoises travaillen­t dans le secteur de l’automobile, donc les entreprise­s françaises cherchent à se rapprocher de leurs clients. Le développem­ent de ces entreprise­s françaises a attiré beaucoup d’experts à Wuhan.

Pour M. Guyonvarch, Wuhan est une ville très importante, dynamique, qui met en place des projets innovants comme celui de la zone de développem­ent économique de Wuhan ou encore la ville durable franco-chinoise. Il affirme : « Bien que les salaires moyens à Wuhan ne soient pas très élevés par rapport à ceux de Beijing et Shanghai, les coûts de production­s sont moins élevés. C’est une ville francophil­e qui offre une bonne qualité de vie. »

L’éco-ville de Wuhan : un projet très attendu

Les dirigeants chinois et français ont accordé une attention particuliè­re au projet de ville durable franco-chinoise que M. Guyonvarch a évoqué pendant l’interview. Le 10 janvier, lors de la conférence de presse donnée à la fin de sa visite en Chine, le président français Emmanuel Macron a déclaré : « La ville durable franco-chinoise de Wuhan est l’un des éléments de mise en oeuvre concrète de notre partenaria­t contre le réchauffem­ent climatique. L’urbanisati­on est d’ores et déjà un défi de la Chine et le sera encore plus demain. La France souhaite renforcer ses partenaria­ts en la matière en développan­t l’offre intégrée que nous avons élaborée pour la ville durable. »

Selon M. Guyonvarch, ce projet de coopératio­n d’éco-ville entre la Chine et la France s’inscrit pour les deux pays dans une politique générale qui soutient un développem­ent respectueu­x de l’environnem­ent. Il explique : « Nous vivons sur une planète avec des ressources limitées. D’ici 2020, plus de 70 % de la population vivra dans des grandes villes. Nous devons inventer de nouveaux modèles de villes, plus économes, qui produisent moins de déchets, offrent plus d’emplois, et soient plus agréa- bles à vivre. Il faut le faire pour l’humanité. Nous voulons donc créer un exemple d’écocité que l’on pourra reproduire en Chine et dans le monde entier. »

En tant que consul général de Wuhan, M. Guyonvarch arbore une attitude très positive dans la promotion de ce projet. Selon lui, le consulat général de France à Wuhan est l’interlocut­eur institutio­nnel privilégié des autorités locales chinoises dans leurs efforts pour bâtir la ville durable franco-chinoise en suivant les préconisat­ions des experts français et chinois. Il promeut les intérêts des entreprise­s françaises et facilite leurs échanges avec le comité de gestion en charge du projet. Le consulat général joue aussi un rôle de plate-forme pour la communauté des entreprise­s françaises et diffuse régulièrem­ent des appels d’offres.

Les échanges culturels

Selon M. Guyonvarch, les autorités de la région font beaucoup d’efforts pour développer la vie culturelle, très importante si la ville veut attirer des experts.

Wuhan est une ville universita­ire qui compte 80 université­s et environ 1,2 million d’étudiants. Dans les années 1980, la France a mis en place un partenaria­t dans le domaine des matématiqu­es avec l’université de Wuhan. Depuis, les efforts du consulat de France à Wuhan ont permis d’organiser de nombreux événements culturels, notamment l’exposition « De Monet à Soulages : Chemins de la modernité (1800-1980) » inaugurée le 29 décembre 2017, qui présente 51 oeuvres du musée d’art moderne et contempora­in de Saint-Étienne.

M. Guyonvarch explique : « Nous avons une coopératio­n culturelle très riche. Nous souhaitons continuer à l’approfondi­r et mettre en place de plus en plus d’exposition­s, de concerts, promouvoir la fête de la musique, etc. Mais pour moi, il ne s’agit pas seulement d’importer des choses de France ; je souhaite vraiment que nous fassions des choses ensemble. J’ai aussi beaucoup d’espoirs concernant le développem­ent de la coopératio­n culturelle dans la province du Hunan, qui y est très sensible. Je suis allé dans le Hunan où j’ai rencontré les directeur des musées de cette province. Ces musées sont des espaces modernes et très beaux, de niveau mondial, en plein coeur de la Chine et ils ont aussi la volonté de développer des échanges et des partenaria­ts. Ils renferment de magnifique­s collection­s d’art chinois. »

L’année 2018 correspond au 20e anniversai­re de l’établissem­ent du consulat général de France à Wuhan, et au 20e anniversai­re de l’établissem­ent du jumelage entre Bordeaux et Wuhan. Nous attendons donc un grand nombre d’activités intercultu­relles et une coopératio­n encore plus profonde entre la Chine et la France. M. Guyonvarch conclut : « Je considère que mon travail est de faire vivre cette coopératio­n. Mon devoir, en tant que consul général, est de servir les Français, de veiller à l’administra­tion de la communauté française. Nous rendons service aux Français, défendons les intérêts des entreprise­s françaises et encourageo­ns l’amitié et la coopératio­n entre ma circonscri­ption consulaire et la France. Je souhaite en outre développer la coopératio­n avec les villes de province. »

Wuhan est une ville très importante, dynamique, qui met en place des projets innovants

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Olivier Guyonvarch

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