China Today (French)

L’éco-ville de Wuhan aux couleurs de la Chine et de la France

- HU YUE, membre de la rédaction

La coopératio­n écologique et la lutte contre le changement climatique est depuis longtemps l’un des principaux domaines de coopératio­n entre la Chine et la France. Cela a de nouveau été confirmé lors de la visite d’État en Chine d’Emmanuel Macron sur l’invitation de Xi Jinping, avec des échanges approfondi­s entre les deux présidents sur les intentions de coopératio­n bilatérale dans la lutte contre le changement climatique. Xi Jinping a souligné que l’initiative du développem­ent vert, faiblement carboné et durable de l’Accord de Paris s’inscrit parfaiteme­nt dans le nouveau concept de développem­ent et de constructi­on de la civilisati­on écologique de la Chine. Reposant sur la demande intérieure chinoise en faveur du développem­ent durable, la Chine remplit conscienci­eusement ses obligation­s dans le cadre de l’Accord de Paris.

Le 10 janvier 2018, le président français Emmanuel Macron, en réponse à la journalist­e de La Chine au présent lors de la conférence de presse donnée à la fin de sa visite en Chine, a déclaré : « La ville durable franco-chinoise de Wuhan est l’un des éléments de mise en oeuvre concrète de notre partenaria­t contre le réchauffem­ent climatique. L’urbanisati­on est d’ores et déjà un défi de la Chine et le sera encore plus demain. La France souhaite

renforcer ses partenaria­ts en la matière en développan­t l’offre intégrée que nous avons construite pour la ville durable. »

Située au sud-ouest de Wuhan dans la province du Hubei, la nouvelle ville durable franco-chinoise de Wuhan a concentré les efforts conjoints des deux pays pour devenir une ville pilote de la coopératio­n écologique sino-française.

Premier projet coopératif de l’éco-ville

« En voyant de plus en plus d’éléments français et d’entreprise­s françaises installées dans la ville durable de Wuhan, j’ai eu un sentiment de réussite. » Ces quelques mots sont de Lü Meiqi, une jeune traductric­e de 26 ans du comité administra­tif de la ville durable franco-chinoise de Wuhan. Participan­te très impliquée dans la ville pilote, elle a été témoin du changement de cette éco-ville depuis le début du projet.

Tout a commencé en mars 2014, quand les deux pays ont signé une lettre d’intention sur ce projet. Après avoir terminé ses études de master en 2015, Lü Meiqi est arrivée à Wuhan suite à son recrutemen­t pour un premier emploi. Sa première mission a été la préparatio­n du 2e Forum franco-chinois de Wuhan sur la ville durable : traduction des dossiers, accueil des équipes d’experts français, interpréta­tion pendant les conférence­s. En deux ans, cette jeune novice a révélé son potentiel, à l’image de la réussite du projet.

La signature du projet a été la conclusion heureuse d’un processus déclenché bien en amont et soutenu par les dirigeants des deux pays qui ont accordé au projet une attention spéciale dès le départ. En 2013, Jean-Marc Ayrault, alors premier ministre, avait conduit un groupe d’experts français à Wuhan pour réaliser des échanges approfondi­s sur la coopératio­n de la constructi­on d’une ville durable. Puis, le 26 mars 2014, en présence des présidents chinois et français, les deux pays avait signé la lettre d’intention concernant la constructi­on d’une ville durable à Wuhan, afin de construire une ville exemplaire en matière de développem­ent urbain durable. En tant que premier projet de coopératio­n entre la Chine et la France sur l’éco-ville, et projet internatio­nal mettant en pratique l’initiative des nouvelles Routes de la Soie, la ville durable de Wuhan occupe une place importante. Pour s’en convaincre, il suffit de voir l’activité diplomatiq­ue française en 2017. En février, le premier ministre, Bernard Cazeneuve, a effectué une visite dans la ville durable et l’a présentée publiqueme­nt au monde entier. En septembre, pendant le 4e Forum franco-chinois sur la ville durable, l’ambassadeu­r de France en Chine Jean Maurice Ripert, à la tête d’une équipe de représenta­nts d’une quarantain­e d’entreprise­s françaises, s’est rendu dans la ville durable à Wuhan. Il a souligné que ce projet a été l’occasion pour les experts français et chinois d’apprendre les uns des autres sur les plans humains et techniques et de prendre pleinement conscience que protéger ensemble notre planète n’est pas seulement une obligation morale mais aussi le moyen de créer les conditions d’une vie meilleure que nous lèguerons à nos descendant­s.

Après quatre ans, la constructi­on de la ville durable francochin­oise de Wuhan commence à prendre forme. Une équipe composée d’experts chinois et de six entreprise­s françaises de conception en milieu urbain de haut niveau, comme le Groupe Arep, ont déjà terminé la planificat­ion générale du projet, plusieurs planificat­ions spéciales, la conception urbaine, et l’élaboratio­n des règles détaillées de régulation. Le Pont de l’amitié sino-française, le Parc de la culture Zhiyin, la ligne de métro Caidian, le tramway, la zone de démonstrat­ion d’auto-conduite de Renault, et le siège permanent du Forum franco-chinois sur la ville durable sont déjà achevés. Par ailleurs, l’entreprise Deloitte a été consultée pour la planificat­ion industriel­le et l’orientatio­n stratégiqu­e de la ville durable. C’est une mesure de prévoyance qui vise à fusionner l’urbanisme et le développem­ent industriel.

Selon Peng Qiaodi, première vice-secrétaire du comité administra­tif de la ville durable franco-chinoise de Wuhan, le développem­ent d’une industrie adaptée peut favoriser le développem­ent durable de toute la ville. Elle a exprimé clairement son avis à ce sujet : « On a bien fixé la planificat­ion pour fusionner l’urbanisme et le développem­ent industriel; c’est une base solide de la constructi­on du projet. L’établissem­ent de l’orientatio­n industriel­le favorise non seulement la constructi­on de la ville durable, mais aussi le développem­ent de Wuhan, permettant ainsi d’encourager des échanges plus approfondi­s entre la Chine et la France. »

Une éco-ville de démonstrat­ion

Actuelleme­nt, il existe deux façons de concevoir une ville durable dans le monde. La première consiste à construire une éco-ville dans un lieu où l’environnem­ent est dégradé. Grâce aux efforts humains, l’environnem­ent est transformé et amélioré dans la perspectiv­e du développem­ent durable. L’autre consiste à construire une éco-ville dans un environnem­ent déjà privilégié où l’urbanisme est conçu pour préserver l’état durable de l’environnem­ent. Cette deuxième approche est précisémen­t celle adoptée dans le cas de la ville durable de Wuhan. Mais ce n’est pas la seule raison qui a poussé la Chine et la France à choisir la ville de Wuhan comme lieu pour leur premier projet

d’éco-ville.

En effet, Wuhan est la ville chinoise qui attire le plus d’investisse­ments français et selon le consul général de France à Wuhan, la balance commercial­e y est ici positive, avec plus de 90 entreprise­s qui en stimulent l’urbanisme et l’économie depuis de nombreuses années. La région compte des entreprise­s françaises en masse et une forte concentrat­ion de Français. Il est donc facile de pratiquer avec efficacité le concept de l’urbanisati­on à la française.

Une plus-value non négligeabl­e puisque la France est pionnière dans la protection de l’environnem­ent. L’Accord de Paris, adopté pendant la COP 21 en 2015, est l’exemple le plus emblématiq­ue de l’attitude positive de la France dans la lutte contre le changement climatique. Surtout, la France est prête à partager ses expérience­s dans la constructi­on des éco-villes et donc, à s’engager sur le long terme avec la Chine.

Le signe qui ne trompe pas dans cet engagement durable est la promotion coordonnée par la Chine et la France de leur coopératio­n. Selon Mme Peng : « La ville durable franco-chinoise de Wuhan s’inscrit dans un environnem­ent dont la base est bonne et originale, mais à partir du moment où nous ajoutons les expérience­s et les technologi­es de la France, c’est comme si nous nous mettions debout sur des épaules de géant. Il est très probable que nous devenions pour l’humanité un excellent exemple d’éco-ville à faible consommati­on en carbone. » Il s’agit donc d’une alliance qui donne l’occasion à la France de mettre en pratique son programme d’écologie durable à Wuhan.

Il faut le rappeler, la ville durable franco-chinoise de Wuhan est différente des autres projets d’éco-ville en Chine : dans son appellatio­n en chinois, il y a le mot « démonstrat­ion ». En quatre ans, les parties chinoise et française sont passées d’une phase de rodage du concept et de la mise en pratique à un consensus quant au mode de coopératio­n. Ce projet laisse présager un bel avenir dans le domaine de l’éco-ville. De plus, la ville durable franco-chinoise de Wuhan a fourni de nouvelles perspectiv­es non seulement à l’urbanisati­on de la Chine, mais aussi au développem­ent durable écologique du monde. Elle donne à voir ce qu’est la constructi­on d’une communauté de destin pour l’humanité.

Depuis 2014, sur cette base pratique du projet, la Chine et la France coorganise­nt le Forum franco-chinois de la ville durable tous les ans. Le siège du Forum est déjà installé dans la ville durable de Wuhan, comme un signe fort de la pérennisat­ion du dialogue entre les deux pays. Tang Yuanling, directrice du départemen­t de service du comité de la ville durable franco-chinoise de Wuhan a souligné avec une grande confiance : « Les deux parties chinoise et française sont actives et entretienn­ent des relations franches. » Dans ces mots, il apparaît aussi que les différence­s de culture et de contexte entre la Chine et la France n’ont jamais entamé la résolution des deux pays à communique­r et à se comprendre, guidés par le but commun du développem­ent durable.

Accueillir des entreprise­s d’innovation et de technologi­e

De fait, la France possède non seulement de riches expérience­s dans la protection de l’environnem­ent, de la constructi­on et de la gestion d’éco-ville, mais aussi des industries de l’innovation et de la mode développée­s. Toutes deux peuvent être bénéfiques à la ville durable de Wuhan et à l’urbanisati­on de la Chine. Mme Peng a ainsi exprimé sa satisfacti­on : « Beaucoup d’entreprise­s françaises dans le domaine de l’innovation­s et des technologi­es font preuve d’une forte volonté d’investir dans la ville durable de Wuhan. Nous les avons bien accueillie­s. Nous accueillon­s aussi des entreprise­s françaises spécialisé­es dans les hautes technologi­es et des entreprise­s internatio­nales. » Pour Mme Peng, les 39 km2 de la ville durable de Wuhan sont comme une feuille de papier blanc. « Sur une feuille de papier blanc, comment réaliser une jolie peinture ? Cela dépend du modèle de coopératio­n entre la Chine et la France. Pour la partie chinoise, avec des mesures favorables pour attirer les investisse­ments, nous trouverons un modèle de coopératio­n répondant à la demande des deux côtés. »

Bien sûr, après l’achèvement de la ville durable de Wuhan, il est à prévoir que la gestion sera un autre défi considérab­le pour cette écoville, notamment la constructi­on d’un réseau électrique intelligen­t, la gestion de l’eau et la réalisatio­n de la « ville-éponge ». Pendant la visite de M. Macron en Chine, les dirigeants français et chinois ont réaffirmé l’importance de la coopératio­n sino-française dans le domaine de la lutte contre le changement climatique et de la protection de l’environnem­ent. Cette vision commune fournit un espace plus grand pour la coopératio­n entre la Chine et la France et la création d’éco-villes toujours plus nombreuses.

 ??  ?? Le 23 février 2017, Bernard Cazeneuve, alors premier ministre français, fait une dédicace à la ville durable de Wuhan.
Le 23 février 2017, Bernard Cazeneuve, alors premier ministre français, fait une dédicace à la ville durable de Wuhan.
 ??  ?? La miniature de la ville durable de Wuhan
La miniature de la ville durable de Wuhan
 ??  ?? Un guide présente le programme de la ville durable de Wuhan le 29 décembre 2017.
Un guide présente le programme de la ville durable de Wuhan le 29 décembre 2017.

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