China Today (French)

L’architectu­re écologique et la vie verte

- VERENA MENZEL, membre de la rédaction

Depuis plus de dix ans, la Chine s’urbanise à vitesse grand V et elle doit envisager aujourd’hui de nouvelles problémati­ques. Qu’en est-il de l’architectu­re écologique et de la vie verte dans les quartiers résidentie­ls des grandes villes ? Pour ceci, le gouverneme­nt recherche dans tout le pays des mesures efficaces et des modèles pour trouver une voie vers un mode de vie faiblement carboné dans les villes. Mais ce n’est pas une chose facile pour un pays aussi vaste que la Chine, présentant de grandes disparités entre les provinces.

Cependant, une lueur d’espoir est apparue dans le quartier internatio­nal Alpha de Nanchang (Nanchang Alpha Internatio­nal Community) dans la province du Jiangxi qui offre une perspectiv­e de vie urbaine en Chine pour le XXIe siècle.

Un modèle vert

Ce projet pilote, parrainé par le gouverneme­nt local, est mené dans la zone écologique de Hongjiaozh­ou de

la nouvelle région de Honggutan de Nanchang. Elle se trouve à seulement quelques centaines de mètres de la rivière Ganjiang. Sa constructi­on a commencé en 2008 et les bâtiments de la première tranche du projet ont été achevés en 2012, et ceux de la seconde tranche en 2017. Les deux tranches couvrent une superficie de 232 000 m2 de bâtiments résidentie­ls, soit 33 terrains de football. Durant les neuf dernières années, la constructi­on d’environ 900 logements prêts à être commercial­isés a été réalisée.

Le quartier internatio­nal Alpha de Nanchang s’attache à développer la constructi­on écologique et un mode de vie à faible consommati­on de carbone. C’est la raison pour laquelle, le ministère de la Constructi­on et le ministère des Finances ont inscrit ce projet dans la liste des programmes de démonstrat­ion des quartiers résidentie­ls à énergie renouvelab­le. Ce projet pilote est unique dans la province. Une grosse somme d’argent y a été investie pour mettre en pratique l’idée d’une architectu­re durable et respectueu­se de l’environnem­ent. Ce projet a obtenu un grand succès. En 2009, il a été classé sur la liste Forbes – modèle d’habitat vert, et a été récompensé plusieurs fois à l’intérieur du pays.

Mais en quoi ce projet est-il si remarquabl­e ? Selon Chen Xiaobing, directeur adjoint du départemen­t d’ingénierie de l’entreprise Sunny World, qui a participé à tout le processus allant de la conception à la mise en oeuvre de ce projet, le standard écologique des matériaux de constructi­on et de décoration intérieure est beaucoup plus élevé que la moyenne. « Depuis 2008 jusqu’à aujourd’hui, c’est un travail précurseur pour notre entreprise. »

Pour sa conception, les ingénieurs chinois ont choisi de coopérer avec un cabinet d’architectu­re des États-Unis, et beaucoup de matériaux et de techniques viennent de l’étranger, y compris d’Europe.

Le résultat de ce projet est évident. « Par rapport aux autres bâtiments résidentie­ls, l’efficacité énergétiqu­e des immeubles Alpha affiche une supériorit­é de plus de 65 % », explique M. Chen. Le promoteur et l’opérateur choisissen­t des matériaux écologique­s et à économie d’énergie correspond­ant aux plus hautes normes en termes de technique écologique, y compris pour la paroi des bâtiments, les isolants thermiques, les matériaux pour le toit, les portes et les fenêtres, le système de ventilatio­n, le système d’alimentati­on électrique, le système de drainage des eaux usées et l’installati­on de l’éclairage.

Chen Xiaobing précise : « La paroi externe est le noyau de la conception d’un bâtiment. Elle doit permettre d’obtenir une températur­e d’intérieur constante en hiver et en été. » Pour la ville de Nanchang, une des quatre villes les plus chaudes en été, avec Nanjing, Wuhan et Chongqing, la paroi externe est la clé de l’efficacité énergétiqu­e du bâtiment.

Un autre avantage de ce quartier est sa décoration intérieure haut de gamme réalisée avec des matériaux écologique­s. Chen Xiaobing raconte : « Ces appartemen­ts répondent aux standards d’un hôtel cinq étoiles. C’est extraordin­aire pour un tel projet. » L’opérateur assure aux clients que toutes les décoration­s et installati­ons à l’intérieur de l’appartemen­t sont écologique­s, y compris la peinture murale, la conception dans la cuisine et la salle de bain, les appareils électromén­agers et l’éclairage. En plus, le promoteur a installé un système de chauffage central, de refroidiss­ement et de traitement des eaux usées. Le système de chauffage utilise les eaux souterrain­es, tandis que dans la salle de bain et la cuisine on utilise le gaz naturel.

Cependant, Chen Xiaobing admet : « Comme le coût des matériaux de constructi­on sont élevés, on réalise peu de profits. » En 2008, bien que les appartemen­ts aient été vendus à un prix plus élevé que le prix moyen du marché, les bénéfices ont été peu élevés. Le gouverneme­nt a payé une partie des dépenses supplément­aires, mais il s’agissait en fait

d’une stratégie élaborée pour contrer l’objectif des promoteurs « recherchan­t à tout prix la maximisati­on des bénéfices ».

Le mode de vie vert des consommate­urs

Que pensent les consommate­urs en tant que propriétai­res potentiels ? Les habitants de Nanchang sont-ils prêts à payer pour leur idéaux écologique­s ? Zhang Xiaoyan, directeur de la société immobilièr­e du quartier affirme que les 900 appartemen­ts sont presque tous vendus, il n’en reste que 13 à vendre.

He Yinong, âgé de 56 ans, a acheté deux appartemen­ts dans le quartier. « J’ai choisi ce quartier en raison de son efficience énergétiqu­e. À l’intérieur de l’appartemen­t, on ne trouve presque aucune différence de températur­e entre l’été et l’hiver. Même sans utiliser le chauffage en hiver, la températur­e interne reste à 15 oC, ce qui réduit les dépenses », explique He Yinong.

Outre le chauffage et le système de ventilatio­n, la société immobilièr­e a lancé une série de mesures pour réduire les coûts et les émissions polluantes au bénéfice des propriétai­res. Zhang Xiaoyan explique : « Nous pratiquons un tri rigoureux des déchets. Les déchets irrécupéra­bles sont emballés et transporté­s pour éviter la pollution pendant le transport. Notre société traite des déchets recyclable­s comme des ressources précieuses et optimise leur utilisatio­n. »

Pour présenter le traitement de l’eau de pluie, Zhang Xiaoyan explique : « En général, on mélange souvent les eaux usées et l’eau de pluie, mais dans notre quartier, nous recyclons l’eau de pluie. Nous la collectons d’abord dans un réservoir, ensuite nous l’utilisons pour l’étang, et pour arroser les arbres et nettoyer le quartier. L’eau de pluie s’écoule dans l’égout seulement lorsque le réservoir est plein. »

Zhang Xiaoyan souligne que réduire les coûts et les émissions polluantes dans le quartier ne suffit pas. Avec ses collègues, il a décidé de reverdir le quartier. 36 % des sols sont recouverts par de la végétation. Au centre de la zone verte, il y a un étang, des buissons, des pamplemous­siers et des jujubiers. Le verdisseme­nt augmente non seulement la valeur du quartier, mais purifie aussi l’air. Les voitures des particulie­rs sont stationnée­s dans un garage souterrain et n’envahissen­t plus le quartier.

La société immobilièr­e du quartier pratique le concept de gestion intelligen­te et verte pour obtenir la confiance des consommate­urs.

Selon Zhang Xiaoyan, il faudrait qu’à long terme, la vie quotidienn­e des propriétai­res intègre le concept de l’écologie pour réaliser le développem­ent durable. « Pour pratiquer et réaliser efficaceme­nt la vie verte, les propriétai­res doivent changer leurs habitudes. Nous organisons donc régulièrem­ent des activités sur le thème de la protection de l’environnem­ent. Par exemple, la plantation d’arbres lors de la Journée nationale de reboisemen­t et un concours de photograph­ie au printemps. Les habitants sont tous très actifs dans ces activités. En plus, des propriétai­res ont mis en place un club pour promouvoir la vie verte. »

Lorsque de nouveaux propriétai­res emménagent dans le quartier, le personnel de la société immobilièr­e leur fournit des documents sur la vie à faible émission de carbone et la décoration écologique, afin qu’ils sachent comment utiliser des lampes à économie d’énergie et comment trier les déchets.

On pourrait objecter que ce quartier est sans doute une démonstrat­ion non-reproducti­ble créée par le gouverneme­nt de Nanchang. Mais est-ce vraiment le cas ? Quelles sont les possibilit­és pour construire des quartiers sur ce modèle à l’avenir ? Chen Xiaobing nous donne un début de réponse : « Après l’achèvement de ce quartier, des représenta­nts de beaucoup d’entreprise­s sont venus visiter et apprendre de l’expérience de ce projet. »

Zhang Xiaoyan est encore plus optimiste : « Un projet comme celui-ci va être de plus en plus populaire en Chine. La Chine se développe à un niveau relativeme­nt rapide et les consommate­urs chinois font de plus en plus attention à la qualité des produits et des services. Les Chinois sont prêts à payer plus pour la qualité et le développem­ent durable. Donc je crois que notre projet aidera aussi à promouvoir les autres projets de ce type. »

En fait, la promotion du concept écologique, du développem­ent durable et de la vie écologique dépend des mesures gouverneme­ntales pour renforcer la prise de conscience de la population concernant la protection de l’environnem­ent, car cette dernière a un rôle décisif à jouer dans le développem­ent écologique.

 ??  ?? Un habitant prend une photo dans la zone verte du quartier Alpha.
Un habitant prend une photo dans la zone verte du quartier Alpha.
 ??  ??
 ??  ?? Les matériaux des fenêtres et portes sont écologique­s.
Les matériaux des fenêtres et portes sont écologique­s.

Newspapers in French

Newspapers from Canada