China Today (French)

Le laboratoir­e P4 de Wuhan : piloter la coopératio­n médicale sino-française

- MA HUIYUAN, membre de la rédaction

En janvier 2018, à l’occasion de la visite d’État du président français Emmanuel Macron en Chine, les deux chefs d’État ont signé des accords sur la coopératio­n bilatérale entre les deux pays et ont publié une déclaratio­n commune, indiquant : « la Chine et la France conduiront des recherches de pointe conjointes sur les maladies infectieus­es et émergentes, en s’appuyant sur le laboratoir­e P4 de Wuhan ». Le domaine médical et sanitaire constitue une partie très importante de la coopératio­n bilatérale entre les deux pays.

Yuan Zhiming, membre du Comité national de la CCPPC et directeur du laboratoir­e P4 de Wuhan, a fait des études en France. Il a toujours fait preuve d’initiative dans la coopératio­n médicale et sanitaire sino-française, précisant : « La coopératio­n sino-française doit atteindre un niveau plus élevé et la Chine doit construire une communauté de destin pour la santé humanitair­e à travers une coopératio­n internatio­nale. »

Quitter la Chine pour la première fois

Né dans la province du Hubei, Yuan Zhiming a été diplômé au Départemen­t biologique de l’université du Hubei, et s’est spécialisé à l’Institut Pasteur et au Centre de coopératio­n internatio­nale en recherche agronomiqu­e pour le développem­ent (CIRAD) en France. Il a vécu les grands changement­s de la Chine depuis ces 40 ans de réforme et d’ouverture vers l’extérieur. « Prenant comme exemple la coopératio­n internatio­nale, la Chine a parcouru un long chemin. Cherchant activement des opportunit­és de coopératio­n avec les autres pays, elle est devenue une puissance qui a le droit à la parole sur la scène internatio­nale. »

Yuan Zhiming se souvient de sa participat­ion à la 27e conférence internatio­nale sur la pathologie des invertébré­s en 1994 comme si c’était hier, « c’était ma première participat­ion à une conférence internatio­nale. Je me suis installé dans un dortoir de l’université de Montpellie­r. Bien que Montpellie­r ne soit qu’une petite ville française, je pouvais quand même y sentir clairement la modernité de la société occidental­e. » À l’aéroport Charles-de-gaulle, il a été surpris d’utiliser le minitel qui représenta­it une technologi­e Internet beaucoup plus avancée que celle en Chine.

Ce qui est aussi resté gravé dans sa mémoire, ce sont les nouilles instantané­es et les saucisses au jambon. « Faute d’argent, je mangeais tous les jours des nouilles instantané­es et des saucisses au jambon que j’avais apportées de Chine, n’osant pas manger dans un restaurant. » En fait, les nouilles instantané­es et les saucisses au jambon étaient l’alimentati­on de base de 90 % des scientifiq­ues chinois quand ils participai­ent aux conférence­s internatio­nales à l’étranger.

Vers une coopératio­n équitable

D’après Yuan Zhiming, le gouverneme­nt chinois a démarré à un moment stratégiqu­e la constructi­on du laboratoir­e P4, en 2003, à cause du SARS. Il est allé en France en compagnie de Chen Zhu, ancien directeur adjoint de l’Académie des sciences de Chine, pour établir une coopératio­n avec la France en matière de prévention et de contrôle des épidémies, mais aussi plus particuliè­rement pour la constructi­on du laboratoir­e P4.

Selon les niveaux de contaminat­ion et de dangerosit­é, les laboratoir­es P4 bénéficien­t du plus haut niveau de protection et sont consacrés aux études des épidémies les plus dangereuse­s avec de grandes installati­ons spécifique­s, par exemple, le virus Ebola ne peut être examiné que dans un laboratoir­e P4.

Le lab P4 de Wuhan a été construit conjointem­ent par l’Académie des sciences de Chine et la municipali­té de Wuhan. En se référant aux standards internatio­naux sur la constructi­on de laboratoir­es de biosécurit­é de haut niveau et aux normes chinoises dans ce domaine, et grâce à l’introducti­on de technologi­es et d’équipement­s du lab P4 de Lyon, la Chine a finalement achevé la conception du lab P4 de Wuhan avec l’aide de la France. C’est la plus importante coopératio­n sino-fran-

çaise dans le secteur médical. « Lors de la coopératio­n, le partenaire français nous a imposé de nombreuses limites, parce qu’il possédait des techniques plus avancées, et il a cherché à obtenir d’autres avantages de cette coopératio­n », a indiqué M. Yuan. D’après lui, puisque la Chine se trouvait dans la position du demandeur, ce genre de problème était presque inévitable.

Mais depuis 2003, la Chine a connu un développem­ent scientifiq­ue très rapide. Elle s’est hissée au premier rang mondial pour le nombre de thèses publiées et de brevets déposés. De grandes réalisatio­ns scientifiq­ues et technologi­ques ont été accomplies, comme le module spatial Tiangong, le radiotéles­cope sphérique à ouverture unique Tianyan, le satellite de communicat­ion quantique Mozi et l’avion gros porteur. Le 31 janvier 2015, après dix ans d’efforts, la constructi­on du lab P4 de Wuhan a été réalisée. C’est le premier laboratoir­e P4 en Asie. Depuis lors, la Chine est équipée de toutes les installati­ons matérielle­s nécessaire­s pour étudier et utiliser les agents pathogènes forts. Au moment de la visite d’état du président français Emmanuel Macron en Chine en janvier 2018, le lab P4 de Wuhan est entré officielle­ment en service.

« En 2017, l’ancien premier ministre français Bernard Cazeneuve a visité le laboratoir­e P4 de Wuhan lors de sa visite en Chine. Il a déclaré que dans les cinq années suivantes, la France investirai­t chaque année un million d’euros pour soutenir les recherches des scientifiq­ues chinois et français du lab P4. Cela signifie que la coopératio­n sino-française est déjà devenue une coopératio­n réciproque », a souligné Yuan Zhiming. Pour Yuan Zhiming, la Chine a connu beaucoup plus de changement­s que la France ces dernières années. Le visage des villes, le niveau de vie des Chinois et la capacité de la Chine en matière de contructio­n des infrastruc­tures scientifiq­ues et en matière de recherche scientifiq­ue témoignent d’une percée décisive.

Renforcer la coopératio­n internatio­nale dans le domaine médical

D’après Yuan Zhiming, les hauts dirigeants de la Chine et de la France ont souligné à maintes reprises que la coopératio­n dans le domaine de l’épidémiolo­gie était stratégiqu­e. « Actuelleme­nt, nous avons déjà fini la constructi­on du lab P4 de Wuhan, destiné à jouer un rôle important dans la prévention et le contrôle des épidémies, et à apporter sa contributi­on non seulement à la Chine et la France, mais aussi à la sécurité mondiale en matière de santé publique », a expliqué le scientifiq­ue. Le point clé du fonctionne­ment efficace et sécuritair­e du lab P4 de Wuhan est la transparen­ce et l’ouverture.

Yuan Zhiming a souligné ensuite : « Avec l’explosion des épidémies SARS et Ebola, on peut constater que les épidémies impactent non seulement un pays, mais la sécurité sanitaire du monde entier. La lutte contre les épidémies n’a pas de frontière. Du fait de la mondialisa­tion économique, les flux humains se sont accélérés, il est donc nécessaire d’inclure les mécanismes de coordinati­on, de communicat­ion et de coopératio­n sur la sécurité biologique dans notre coopératio­n internatio­nale, en particulie­r, dans le cadre de l’initiative‘‘La Ceinture et la Route’’. »

En tant que membre du Comité national de la CCPPC, Yuan Zhiming a fait quatre suggestion­s : premièreme­nt, partager les expérience­s chinoises en matière de constructi­on avec un système de contrôle de biosécurit­é avec les pays riverains de « la Ceinture et la Route », pour les aider à améliorer leurs politiques nationales sur la sécurité biologique ; deuxièmeme­nt, participer activement à la constructi­on des infrastruc­tures de biosécurit­é de ces pays, connaître parfaiteme­nt leur désir de coopératio­n ainsi que leurs besoins en termes de laboratoir­es biologique­s de haut niveau, et enfin construire conjointem­ent de nouveaux laboratoir­es biologique­s ; troisièmem­ent, établir un système complet de formation du personnel, créer une bourse gouverneme­ntale chinoise pour les pays riverains de « la Ceinture et la Route », en vue de former des leaders dans le domaine de la biosécurit­é, encourager les échanges entre les institutio­ns académique­s, les université­s médicales et les organismes non gouverneme­ntaux ; quatrièmem­ent, approfondi­r la coopératio­n internatio­nale. Yuan Zhiming espère qu’à travers la coopératio­n internatio­nale dans le domaine sanitaire et médical, la Chine pourra construire avec les autres pays une communauté de destin pour la santé humanitair­e.

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Yuan Zhiming
 ??  ?? Le 10 mai 2015, l’équipe médicale chinoise arrive en Sierra Leone. En raison des risques de contagion de la maladie d’Ebola, les médecins portent des combinaiso­ns de protection.
Le 10 mai 2015, l’équipe médicale chinoise arrive en Sierra Leone. En raison des risques de contagion de la maladie d’Ebola, les médecins portent des combinaiso­ns de protection.

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