Les forêts de bambou à la pointe de l’innovation
Les découvertes et avancées scientifiques devraient ouvrir les marchés du carbone dans l’industrie et l’agriculture pour les bambouseraies traditionnelles. Les scientifiques chinois ont franchi une étape sur la fonction de séquestration du carbone des forêts de bambou, donnant ainsi la possibilité aux agriculteurs d’accéder à un nouveau marché : le commerce du carbone. Ce marché devrait augmenter le revenu des agriculteurs, favoriser une économie durable et dynamiser le développement social.
Le bambou n’est pas une simple plante en Chine. Durant des millénaires, il a été vénéré comme le symbole du caractère noble et vertueux. Selon Lou Yiping, ambassadeur pour la protection des bambouseraies dans le monde et distingué par l’Organisation internationale du bambou et du rotin (INBAR), le bambou offre une solution pour réduire la pauvreté et lutter contre le changement climatique.
Le docteur en sciences Lou, dirige le Centre de recherche Chine-Afrique sur la forêt et l’agriculture (CAFOR) à l’Université de sylviculture et d’agriculture du Zhejiang. Il a débuté ses travaux sur les bambous en 1984 après ses études universitaires. Il s’est tout d’abord intéressé à la gestion et l’écosystème des forêts de bambous à l’Académie de sylviculture de Chine. En 1999, il a rejoint l’INBAR, la première et seule organisation intergouvernementale basée en Chine, élargissant son champ de recherche sur le bambou : bienfaits environnementaux, actions durables, certification des forêts, développement durable reposant sur les communautés, réduction de la pauvreté et protection de la biodiversité.
En 2012, M. Lou est nommé directeur du CAFOR, émanation de l’Université de sylviculture et d’agriculture du Zhejiang et de l’INBAR, dont l’objectif est la promotion, de la Chine vers les pays africains, des sciences agronomiques et des technologies afin d’aider les populations locales à éradiquer la pauvreté grâce, notamment, à la ressource du bambou.
Vers 2002, M. Lou a orienté ses recherches sur le rôle du bambou dans la lutte contre le changement climatique. Après quinze ans de travail acharné, M. Lou et son équipe ont fait des percées techniques essentielles : le calcul de la capacité de séquestration du carbone par les forêts de bambou, la stabilisation et la réduction des émissions. Ils ont aussi effectué des recherches sur les méthodes de mesure et les paramètres caractéristiques des forêts de bambou en tant que puits de carbone, et ils ont créé cinq méthodologies dans ce domaine qui sont devenues des standards nationaux et internationaux. Ces résultats offrent la possibilité de l’accès au marché international du carbone aux forêts de bambou en tant que puits de carbone.
En janvier 2018, M. Lou et son équipe ont remporté le second prix du Concours national pour les progrès scientifiques et techniques 2017 en présentant des innovations portant sur le contrôle du puits de carbone des forêts de bambou et sur la réduction d’émission de CO2. Lors de la Conférence nationale de l’innovation scientifique 2016, le président Xi Jinping a déclaré :« Pour être une nation forte et avoir une vie meilleure, la clé réside dans les sciences et technologies avancées. » Le contrôle du puits de carbone des forêts de bambou et les techniques de réduction d’émission apportent de vrais bénéfices économiques aux agriculteurs.
Le bambou est un type d’herbe ligneuse qui compte environ 1 400 espèces dans le monde dont 500 en Chine. Cousin du riz et du blé, le bambou a un cycle de croissance court avec un rendement et une valeur économique élevés. Certaines espèces de pousses de bambou peuvent grandir d’un mètre en une seule nuit, atteindre leur taille adulte en quelques mois et devenir matures en à peine trois à cinq ans pour être prêtes à couper.
Les bambous sont largement employés dans les matériaux de construction, les conteneurs de transport, les revêtements de sol, la fabrication du papier, les ustensiles du quotidien comme les baguettes et les cure-dents. Les nouvelles industries comme les produits à base de fibre de bambou, l’alimentation saine ainsi que le tourisme ont connu une croissance rapide ces dernières années. « Comme le bambou est fin et élastique, il nécessite une main-d’oeuvre manuelle dans les premiers processus de transformation », explique M. Lou, qui s’est impliqué dans le développement de la chaîne de valeur du bambou pour les communautés rurales. « L’industrie à forte intensité de maind’oeuvre offre de nombreuses opportunités d’emplois pour les communautés rurales pauvres dans les régions forestières », poursuit M. Lou.