China Today (French)

Le football chinois rêve de conquêtes

- JORGE RAMÍREZ CALZADILLA*

En Chine, pays le plus peuplé de la planète, le football est devenu une véritable passion capable de provoquer un sentiment d’abattement généralisé chez les millions de supporters de l’équipe nationale. Ces derniers, depuis longtemps accoutumés à digérer de cuisantes défaites, ont du mal à reprendre espoir dans les timides progrès réalisés par l’équipe chinoise tant les déceptions sont nombreuses.

La faible performanc­e de la sélection chinoise au cours de la seconde édition de la China Cup, qui s’est jouée dans la ville de Nanning, a encore une fois ravivé ce sentiment de désillusio­n. Ce tournoi, qui se dispute entre quatre équipes, s’est déroulé cette année dans la capitale de la région autonome zhuang du Guangxi du 22 au 26 mars et a été un excellent baromètre pour évaluer le niveau des footballeu­rs dirigés par l’entraîneur italien Marcello Lippi. L’équipe chinoise, sous la coupe de Lippi, encouragée par sa performanc­e acceptable de 2017 où elle avait terminé troisième après avoir battu la Croatie en finale, derrière le Chili, grand vainqueur de la Coupe, et l’Islande, entendait bien placer à Nanning la barre un peu plus haute.

Bien déterminé à maintenir l’hégémonie sud-américaine, l’Uruguay (22e au classement de la FIFA) est arrivé à Nanning avec une équipe très similaire à celle qui s’est qualifiée lors des matchs éliminatoi­res de la Conmebol pour la Coupe du Monde (réunissant notamment Suárez et Cavani ), un calque presque parfait de l’équipe qui fera le voyage en Russie en juin. Le Pays de Galles (20e) et la République Tchèque (46e), deux équipes européenne­s de bon niveau qui ne font cependant pas partie de l’élite du continent et qui ne participer­ont pas au grand rendez-vous quadrienna­l, ont complété le trio des pays hôtes de la China Cup.

Les Dragons venaient d’être éliminés de la course pour la Coupe du Monde lors de la troisième et dernière phase des éliminatoi­res de la zone Asie. Cependant, malgré des performanc­es assez médiocres en début de qualificat­ion (aucune victoire sur les 4 premiers matchs) qui ont, à terme, coûté sa place à l’équipe chinoise alors déjà entraînée par Lippi, les performanc­es de l’équipe sur la dernière ligne droite de la phase éliminatoi­re ont laissé une bonne impression. Sous la houlette de l’Italien, les Chinois ont terminé avec 3 victoires (dont un 1-0 historique à domicile face à la Corée du Sud), 2 matchs nuls, et une seule défaite (1-0 à Téhéran face au leader iranien), échouant, avec un total de 13 points, à seulement 2 points des qualificat­ions et à 1 point du repêchage.

Avec ces accréditat­ions, la Chine (68e) a participé à quelques matchs amicaux en novembre dernier qui se sont soldés par les défaites respective­s de la Serbie (0-2) et de la Colombie (0-4), deux nations qui seront présentes en Russie. Un mois plus tard, à Tokyo, ils ont terminé l’année en remportant le bronze à la Coupe d’Asie du Sud-Est de football, derrière la Corée du Sud et le Japon (affichant deux matchs nuls face à la Corée du Sud et à la Corée du Nord, et une défaite face au Japon).

À Nanning, premier tournoi de l’année 2018 pour les joueurs de Lippi, le Pays de Galles s’est montré sans pitié. L’équipe, stimulée par le triplé de Gareth Bale, a remporté une victoire écrasante en 6-0 face à une équipe chinoise qui, plutôt que de dévoiler ses points forts, a révélé l’étendue de ses faiblesses aux quelque 36 000 spectateur­s qui assistaien­t au match.

Le match pour la troisième place face aux Tchèques n’a pas changé le cours de l’histoire. Après avoir terminé, au prix de grands efforts, la première mi-temps avec un score de 1-0, la défense chinoise, timide dans ses tentatives de buts et irrégulièr­e sur le terrain, a réalisé en deuxième mi-temps une mauvaise performanc­e et encaissé 4 buts (un chiffre qui se serait élevé à 5 si Yan Junling, le gardien de but, n’avait pas réussi à arrêter un pénalty).

Finalement, c’est l’Uruguay qui, grâce au réveil de Cavani, s’est emparé du trophée en battant le Pays de Galles, alors que la Chine a terminé le tournoi en affichant un solde d’un but marqué contre 10 buts encaissés, ce qui n’a pas manqué de déchaîner une tempête de critiques sur les réseaux sociaux.

Mais paradoxale­ment, le désastre de la China Cup admet des lectures moins pessimiste­s. C’est en tout cas l’opinion des experts qui ont suivi l’évolution du football chinois depuis plus de dix ans. Le journalist­e espagnol Javier Ibáñez, directeur d’Asia es Fútbol, fait partie de ceux qui sont d’avis que construire une analyse uniquement sur les scores conduit généraleme­nt à des conclusion­s hâtives.

« Il ne faut pas trop se focaliser sur les résultats actuels car Lippi est en train d’essayer différents styles de jeu, cherche de nouvelles alternativ­es, et il souhaite par ailleurs accroître le nombre de jeunes joueurs dans

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